M. le Ministre ! L’élevage est un travail décent qui permet à son acteur de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Mieux, l’élevage est une solution au chômage. Il est donc un des maillons de notre économie. Des centaines de milliers de familles s’adonnent à cette activité pastorale notamment au sud du Sénégal.
Vous conviendrez avec moi que le vol de bétail est donc une contrainte au développement du Sénégal. Il est une atteinte à la sécurité alimentaire et menace la quiétude et la cohésion en milieu rural, comme le nôtre. […] M. Le Ministre, les éleveurs du département de Goudomp sont confrontés à des défis sécuritaires. Ils sont tout le temps victimes de vols de leurs bétails. Au temps, les voleurs venaient mains nues. Aujourd’hui, ils sont armés et n’hésitent pas à tirer sur les pasteurs avant de s’emparer de leurs biens.
Pour rappel, le jour de la Tabaski 2019, des voleurs ont emporté des bœufs dans la Commune de Niagha. Quand le jeune propriétaire est allé à la recherche de ses bêtes, il a été violemment tabassé par les malfaiteurs. Ils ont fait des tirs de sommation pour intimider tous ceux qui seraient tentés de les poursuivre. Il y a quelques semaines, des éleveurs de la zone de Goudomp ont été victimes de vols de bétail. Récemment, un éleveur du village de Niagha a perdu une cinquantaine de bêtes. Les voleurs sont venus nuitamment et ont emporté ses bêtes.
Le lendemain, ils ont suivi les traces du troupeau. Mais arrivés à un certain niveau de la frontière, ils se sont résignés et ils ont rebroussé chemin, ne se sentant plus en sécurité. Ils ont préféré renoncer à leurs bêtes que de les rechercher au prix de leurs vies. A ce rythme, ils risquent d’abandonner l’élevage parce qu’ils sont exposés et sont sans défense. Or, c’est l’une de leurs rares sources de revenus. Par ma voix, les populations du département de Goudomp, réclament des mesures immédiates pour sécuriser leur cheptel.
Des mesures qui ont été testées ailleurs et qui ont fait des résultats peuvent être adaptées au contexte local et mises en œuvre pour renverser la tendance. M. Le Ministre, la Loi Numéro 2017-22 du 22 Mai 2017 modifiant la Loi Numéro 65-60 du 21 juillet 1965, portant Code pénal, vise à lutter contre le vol de bétail avec des peines d’emprisonnement lourdes.
Seulement, elle est inefficace face aux vols répétitifs, maintenant armés. Les éleveurs réclament des actions en amont, pas seulement en aval. Ce serait trop tard, surtout avec des vies perdues. M. Le Ministre ! Certains bergers demandent des autorisations de port d’arme pour se protéger et protéger leurs biens. Or, nous savons tous que la Casamance est en convalescence.
Porter une arme est mal vu ici, aussi bien par les populations civiles que par les forces de défense et de sécurité. Des patrouilles périodiques, appuyées par les populations avec des informations, peuvent être dissuasives et réduire le phénomène. Les éleveurs ont peur et son désemparées. Cette peur va finir par générer de la colère qui sera difficile à contenir si rien n’est fait. Parce qu’à un certain niveau, la colère va générer des envies de représailles, ce qui peut provoquer un conflit transfrontalier. Or si chacun devait s’armer pour assurer sa propre sécurité, ce serait une pagaille sécuritaire.
Pire, il y a un grand risque de règlement de compte entre victimes et acolytes. M. Le Ministre de l’élevage ! Il urge de venir discuter avec nos éleveurs, de comprendre leurs maux, de recueillir leurs doléances et de trouver ensemble des solutions à ce phénomène. Il n’a que trop duré et les victimes n’en peuvent plus. Elles se sentent laissées à elles-mêmes, à la merci des voleurs armés, qui multiplient les vols de bétails. Nous avons espoir que ce message ne vous laissera pas indifférent. Nous constatons que vous vous déplacez beaucoup dans les départements du Nord à la rencontre des éleveurs.
Récemment, vous avez été au contact des acteurs de l’élevage des départements de Bakel et de Matam. Nous vous en félicitons. Nous vous réclamons ici aussi. Sinon personne ne comprendra votre dynamisme et actions dans une partie du Sénégal et votre absence et inaction dans une autre partie du même Sénégal. Les populations, paysannes en même temps, ne peuvent pas quitter les champs et pâturages pour battre le macadam.
Notre statut de souteneur au président Macky Sall nous oblige à être au côté de nos concitoyens locaux dans ces moments difficiles et pénibles. Le département de Goudomp, par ma voix, vous réclame urgemment, pour qu’ensemble, qu’on apaise la souffrance des bergers de ce département. Je vous remercie.
Mamadou Lamine Ba est responsable de l’APR dans la Commune de Baghère, département de Goudomp
ballamine@gmail.com