Le 25 juillet 2020 un hommage a été rendu à tous les soldats venus d’Afrique, de l’Océan indien, du Pacifique et des Antilles sous l’Arc de Triomphe en ravivant la flamme du soldat inconnu en présence de membres du gouvernement et de la directrice de l’ONACVG. Ceux massacrés par l’armée française le 1er décembre 1944 à Thiaroye au Sénégal pour avoir osé réclamer leur solde de captivité, sont exclus de tout hommage. Ils sont sans nom dans des fosses communes mais ne sont pas des soldats inconnus. Le gouvernement a remis, le 1er juillet 2020, aux parlementaires des commissions de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale et du Sénat un livret avec le parcours de cent combattants de la Seconde Guerre mondiale. Comme l’indique le site du ministère, ce livret est un outil à destination des maires de France, qui souhaitent répondre à l’appel du président de la République lancé lors du 75ème anniversaire du Débarquement de Provence. Nommer des rues, des places et des écoles du nom de combattants africains permettra que ces soldats méconnus ne demeurent pas des soldats inconnus.
Aucun des hommes massacrés à Thiaroye ne figure dans ce livret : ils sont exclus du champ mémoriel comme le rappelle l’ajointe au maire de Rennes Lénaïc Biero: « Je vous remercie de votre proposition de cérémonie concernant les morts de Thiaroye, toutefois je vous informe qu’elle ne relève pas du champ mémoriel de la Ville de Rennes. En effet, le président de la République a rendu hommage aux soldats morts à Thiaroye en 2014, à l’occasion du sommet de la francophonie. Ce temps de célébration, chargé d’une symbolique qui engage toute la Nation, ne peut se décliner sur un hommage local ».
N’y a t-il pas partout en France des déclinaisons locales d’un hommage national ?
Le président Hollande a engagé la nation en diffusant des erreurs historiques, en réitérant le mensonge d’État et en faisant croire que le lieu de leur sépulture était inconnu.
Ils méritent un hommage national avec non pas des expositions relayant un récit officiel mensonger mais avec l’exhumation de leur corps des fosses communes et l’octroi de la mention « Mort pour la France ». L’Etat français les a nommés « mutins » et a condamné 34 d’entre eux pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Le procès en révision permettra de décharger la mémoire des morts. Ce sont des préalables indispensables avant que ces hommes puissent intégrer le champ mémoriel des villes de France, là où ils ont combattu, là où ils ont été prisonniers de guerre, là où ils ont rejoint la résistance, là où ils ont quitté la métropole.
Leur histoire a été confisquée, salie. On prête à Faidherbe cette phrase : « Ceux-là, on les tue on ne les déshonore pas », qui est aujourd’hui la devise de l’armée sénégalaise « On nous tue, on ne nous déshonore pas ». A Thiaroye, le 1er décembre 1944, des officiers français se sont déshonorés et l’État français aussi en couvrant une ignominie. Il est temps de retrouver une morale politique, historique, citoyenne et mémorielle. En affrontant la vérité, ces morts ne dérangeront plus, ils seront nommés, auront une sépulture digne, seront innocentés et seront honorés localement comme nationalement. L’État français ne peut plus se perdre dans les méandres d’une écriture négationniste du massacre de Thiaroye par loyauté pour ces soldats qui n’ont fait que réclamer leurs droits.