Exiger, à ce stade, le retour au pouvoir du Président Ibrahima Boubacar Keita, c’est vraiment manquer de réalisme ! Et pourtant c’est ce que font la Cedea, l’Union Africaine, l’Union Européenne et l’Organisation des Nations Unies!
Cela montre bien combien ces organisations font du «formalisme démocratique» une sorte de religion qui ignore totalement les véritables aspirations des masses qui, quelque fois, peuvent être assujetties à des pouvoirs oppressants. Coup d’Etat ou démission forcée, le fait majeur est qu’au Mali, depuis des mois, le pouvoir était dans la rue.
Les militaires n’ont fait que le ramasser à la place des partis politiques et autres organisations qui s’étaient mobilisés depuis plusieurs semaines pour le départ du Président Ibrahima Boubacar Keita. Certes ils n’avaient pas la capacité organisationnelle de l’armée, ni sa puissance d’intervention pour amener le Président déchu et les siens à «accepter» de quitter le pouvoir. Alea jacta est!
Un des faits marquants est que le sang n’a pas coulé. Mieux encore, les Maliens semblent vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était, ce qui montre bien combien le régime de Ibrahima Boubacar Keita avait perdu toute base populaire. Dès lors, il incombe à tous ceux que le devenir du Mali- et celui de la sous région- préoccupe, de comprendre que vouloir à tout prix punir tout un peuple par un blocus n’est pas une solution.
C’est dire combien j’approuve la position officielle du Président Macky Sall qui a compris qu’un blocus total du Mali ne ferait qu’augmenter les épreuves que traverse le peuple malien. Le véritable enjeu est plutôt de l’accompagner dans la voie de l’unification des forces patriotiques pour la restauration d’une gouvernance qui garantit le développement, la paix et la sécurité.
Cheikh Tidiane Sy
Ancien ministre Ancien fonctionnaire international