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Afrique : La Boulimie Du Pouvoir

Afrique : La Boulimie Du Pouvoir

Vouloir s’éterniser ou monopoliser le pouvoir par des Présidents africains est devenu une réalité voire même une identité africaine. La boulimie du pouvoir reste un problème majeur en Afrique depuis les années 1960. La présidence à vie est une notion avec laquelle la terre d’Afrique a appris à s’identifier depuis des décennies. Depuis l’accession à l’indépendance, nombre de pays africains n’ont pas connu de réelle alternance à la tête de l’Etat. Des générations d’Africains sont nées, ont vécu et ont même quitté ce monde, sous la présidence d’un seul homme.

Dans certains pays africains, en particulier francophones et anglophones, les Présidents par leur gourmandise des délices du pouvoir ont réussi à tripatouiller à volonté la Constitution juste pour rester aussi longtemps que possible aux commandes.

On peut citer en exemple le célèbre Président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Malgré l’âge, les contestations et les conflits entre les Peuples francophones et anglophones, il parvient à diriger le pays d’une main forte. Son homologue équato-guinéen, depuis 1979 jusqu’à 2020, a considéré le pays comme sa propre maison où le père de famille n’a aucun opposant capable de changer la donne.

Qu’en est-il de Denis Sassou-Nguesso et Idris Debi Itno ?

Itno, le nouveau Maréchal tchadien avec sa ruse et sa boulimie du pouvoir, a réussi à tailler sa propre charte qui supprime la limitation des mandats présidentiels. Cela lui permettra de briguer et d’organiser des élections guidées à sa volonté.

Cette situation de vouloir s’accrocher au pouvoir a mis la Côte d’Ivoire, le Burkina de Com­paoré, la Guinée de Alpha Condé et le Mali de IBK dans le chaos.

Le Sénégal sera-t-il sur la même liste ?

Oui on craint le même sort au Sénégal pour un éventuel troisième mandant de Macky Sall, malgré sa fameuse clause : «Nul ne peut faire plus de deux mandats successifs.»

Et le seul souci de certains Présidents des pays francophones est de royaliser le pouvoir. Mais le récent coup d’Etat civilisé du Mali sans bain de sang doit être un signal fort et avertisseur.

Pourquoi certains Présidents veulent-ils toujours garder le pouvoir ?

Ils cherchent toujours à monopoliser le pouvoir pour des intérêts politiques personnels. Ils placent leurs proches parents, leurs amis et clients politiques dans toutes les instances du gouvernement pour éliminer ou endiguer tout adversaire capable de les secouer. Certains même tentent d’instaurer une dynastie comme l’exemple gabonais où le fils a succédé à son père au pouvoir.

D’autres veulent toujours rester au Palais pour éviter d’être jugés, car ayant commis des erreurs, des crimes financiers et même de la guerre durant leur règne. Je pense au Congolais.

L’autre remarque visible est que certains Présidents sont commandés ou influencés par la puissance occidentale, généralement en Afri­que de l’Ouest. Cette puissance occidentale semble être le garant en cas de conflit ou jugement et même fait intervenir son Armée en Afrique, soi-disant pour maintenir la paix.

Et pourtant, beaucoup de Présidents ne respectent pas leurs promesses électorales et n’ont aucune idée de développement endogène. Ils ne respectent pas non plus leur calendrier électoral et d’autres font recours à l’Armée pour garder encore le pouvoir.

Obama disait : «Quand un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie simplement pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde.»

Ils se contentent de copier et de bricoler les programmes et politiques de développement de l’Occident qui ne riment pas avec la réalité sociale africaine. Je pense même que certains n’ont aucune idéologie authentique et n’appartiennent à aucune école de pensée.

Ce qui justifie leur tâtonnement dans leur programme politique.

Malgré les ressources humaines de qualité et la richesse sans égal de notre sol et sous-sol, l’Afrique continue toujours de dépendre de l’aide étrangère. Quel paradoxe ! Bizarrement, beaucoup de pays étrangers s’approvisionnent en Afrique pour maintenir leur existence économique.

Ce qui fait que le brain-drain et le care-drain marqueront toujours leur empreinte.

A mon avis, l’Afrique doit connaître une nouvelle ère avec des nouveaux dirigeants capables de hisser notre continent au sommet, qui mettront l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Des dirigeants visionnaires, capables de prôner une nouvelle armature territoriale cohérente, qui respectent la parole donnée et qui ont une élégance républicaine. L’Afrique en a marre des dirigeants avec des visions limitées sans ambitions de développement crédibles. Notre chère Afrique mérite des hommes d’Etat de valeur et d’éthique qui mettent en avant les intérêts du Peuple et qui respectent la République (pouvoir du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple).

Bocar Harouna DIALLO

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