Dans notre édition du mercredi 19 août dernier, nous avions révélé presque toute la vérité sur l’affaire Thione Seck. Et, surtout, évoqué les motivations des décisions condamnant le lead vocal de l’orchestre « Ram Daan » à trois ans de prison dont 08 mois ferme pour détention de faux billets, tentative de mise en circulation de signes monétaires contrefaits et association de malfaiteurs. Son co-accusé Ablaye Djitèye, avait, lui, écopé de cinq ans de prison ferme assortis d’un mandat d’arrêt. En son intime conviction, le président de la chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar, Ousmane Chimère Diouf, estime que si l’opération avait abouti, Ablaye Djitèye aurait fabriqué les faux billets en quantité industrielle, et Thione Seck les aurait écoulés sur le marché.
Courant mai 2015, cette rocambolesque histoire de faux monnayage dite « Affaire Thione Seck » avait défrayé la chronique. Et si le film de l’arrestation d’une bande de faux-monnayeurs avait suscité autant d’intérêt, c’est parce que l’une des personnes arrêtées s’appelle Thione Ballago Seck, une célèbre star de la musique sénégalaise. Il a fallu cinq ans pour que « Le Témoin » quotidien soit en mesure de révéler toute la vérité sur l’affaire Thione Seck qui avait défrayé la chronique. Et rien que la vérité basée sur des décisions de condamnation motivées par la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar dirigée par le président Ousmane Chimère Diouf.
En son intime conviction, le juge est persuadé que si le projet avait abouti, Ablaye Djitèye aurait fabriqué des faux billets en quantité industrielle, et Thione Seck les aurait mis en circulation sur le marché. Heureusement ou malheureusement, c’est selon, les gendarmes ont anticipé puisque c’est au moment où Ablaye Djitèye s’apprêtait à laver une importante quantité de billets verts qu’il a été arrêté. Preuve de la précipitation des pandores, au moment de son arrestation, Thione Seck ne détenait en réalité que deux faux billets de 200 euros (130.000 francs CFA). Tout le reste n’était que du toc c’est-à-dire des papiers verts et blancs n’ayant aucune valeur monétaire. Ce, contrairement aux sommes colossales mentionnées à l’époque dans plusieurs journaux (y compris « Le Témoin ») et qui évaluaient la prise entre 50 à 100 milliards cfa en faux billets trouvés chez le leader du Raam-Daan.
Au moment où les gendarmes ont fait irruption dans le salon, Thione Seck a tenté de se débarrasser des deux faux billets en essayant de les jeter par la fenêtre sont des faits constants. D’où sa condamnation pour détention de faux billets puisqu’il a été pris en flagrant délit par les gendarmes. Le chanteur a tenté de se justifier sans convaincre les juges en expliquant que « ces deux faux billets trouvés dans mes vêtements aient été oubliés chez moi par le nommé Joachim Cissé la veille de mon arrestation »
Thione perdu par ses… 105 concerts
Comme nous l’avions raconté le 19 août, lorsque les gendarmes ont fait irruption dans son domicile à Ouest-foire pour effectuer une perquisition surprise, Thione Seck s’était levé de son fauteuil pour aller s’asseoir sur un sac de voyage placé dans un coin du salon. Sommé avec insistance de se lever du sac, il avait fini par obtempérer. L’ouverture du sac a permis de découvrir 43 paquets emballés avec un papier transparent laissant entrevoir un billet de 100 euros. Apparemment, le vrai billet de 100 euros placé au dessus de chaque paquet n’était qu’une couverture d’appât en guise de « spécimen ».
A part les deux billets de 200 euros, aucun autre faux billet n’avait été trouvé sur les lieux. Interrogé sur le sac contenant des liasses de coupures vertes ou noires, l’auteur de « Mathiou » avait répondu : « C’est Joachim Cissé qui a emmené le sac chez moi. Il m’avait fait croire qu’il contenait de vrais billets c’est-à-dire les 50 millions d’euros soit 32 milliards cfa en guise d’avance pour une série de 105 concerts au total que je devais animer à travers l’Europe. Ce, monnayant un cachet de 120 millions euros soit 78 milliards cfa ! Ainsi, je n’aurais jamais imaginé que le sac contenait de simples papiers de bureau ou billets verts destinés à la fabrication de faux » avait juré Thione Seck lors de son procès. Invité par le juge Ousmane Chimère Diouf à présenter un seul contrat écrit de ces 105 concerts à l’étranger, pour prouver sa bonne foi, Thione était resté évasif ! Pour ne pas dire qu’il n’a pas été en mesure de produire un seul contrat de prestation musicale en Europe.
Aussi bien pour le procureur que pour le juge, les 105 concerts ne relevaient que de l’imagination fertile du crooner. Face à leur scepticisme, Thione Seck s’était désolé en ces termes : « Des étrangers m’ont escroqué et arnaqué, malheureusement la Justice de mon pays a préféré m’enfoncer dans cette histoire. Donc je suis victime ! » ne cessait de clamer Ballago. Qui avait aussi soutenu avoir été sous l’emprise de forces mystiques au moment des faits. « Si j’en suis venu à prêter à quelqu’un une somme de 85 millions cfa sur la base d’aucune garantie, c’est parque j’étais victime de pratiques mystiques » avait soutenu l’artiste-chanteur bien enraciné dans nos croyances et réalités africaines.
Siw dou diami borom…
En motivant leur décision, , le juge et ses assesseurs soutiennent qu’il ne peut faire l’ombre d’aucun doute que les prévenus à savoir Thione Seck et Alaye Djitèye étaient animés du dessein manifeste de procéder à la contrefaçon de billets de banque (Euros). Et que cette entreprise délictuelle a eu incontestablement un commencement d’exécution finalement suspendu par la descente des gendarmes à Ouest-Foire, précisément chez Thione Seck. Et pour motiver la condamnation des deux prévenus pour le délit d’association de malfaiteurs, la Cour s’est fondée sur l’exploitation de leurs téléphones portables qui montre que le numéro de Thione Seck est bel et bien enregistré dans le répertoire d’Alaye Djitèye sous le code « xtbs ». Mieux aussi bien devant les enquêteurs que devant le juge d’instruction et le juge de fond, Thione et Djitèye ont reconnu qu’ils échangeaient téléphoniquement et se retrouvaient régulièrement. D’où leur condamnation pour le délit d’association de malfaiteurs. « Association de malfaiteurs » ?
Une expression dont le leader du Raam-Daam n’a jamais voulu entendre parler, lui qui aurait toujours souhaité une relaxe pour « association de bienfaiteurs » compte tenu des nombreux services rendus à la musique sénégalaise. Et à la Nation tout entière ! Il est vrai que sur certains faits, Thione Seck serait quelque part victime de cette bande de faussaires dont il était…l’otage. Malheureusement, pour le reste, le lead vocal du Raam Daam a eu du mal à convaincre les juges de la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar. Une chambre présidée par le juge Ousmane Chimère Diouf. Il n’a pas su non plus persuader de son innocence une bonne partie de l’opinion, et surtout ses nombreux détracteurs. Comme il l’avait lui-même si bien chanté « Siw dou diami borom…». A preuve par lui-même !