L’Afrique a désormais la hantise du coup d’Etat militaire. A tel point que les soldats même qui les perpètrent ont honte ou peur de s’en réclamer. Le Comité National de Salut du Peuple (CNSP) du Peuple au Mali récuse même le terme.
Les partis d’opposition et les sociétés civiles sont quant à eux comme gênés et se sentent obligés de condamner « par principe » tout coup d’état.
Pourtant en examinant les 204 coups d’état perpétrés à travers l’Afrique de 1950 à nos jours, on s’aperçoit que tous les coups d’état n’ont pas été réactionnaires. Certains ont permis aux pays de s’émanciper du colonialisme et du néocolonialisme et de progresser. Il en a été de même en Asie, en Amérique Latine et même en Europe. En France notamment.
En réalité tous les coups d’état ne se ressemblent pas. Il y a coup d’état et coup d’état.
Des coups d’état progressistes en Afrique
La très grande majorité des coups d’état militaires qui ont sévi en Afrique aux cours des 70 dernières années ont été commandités par des puissances impérialistes, en particulier par la France, et ont abouti à la régression des pays.
De Mobutu au Congo-Zaire, à Sassou Nguessou au Congo Brazzaville, à Moussa Traoré au Mali, à Etienne Ayadema au Togo…La liste est longue.
Pourtant des coups d’état militaires ont permis quelques fois – quelques rares fois – de renforcer l’indépendance nationale et de jeter les bases d’une révolution nationale démocratique. On pense ici à l’Egypte de Nasser, au Ghana de Jerry John Rawlings et au Burkina Faso de Thomas Sankara.
Du coup d’état en France
Même si on en parle rarement de nos jours, la France a connu au cours de son histoire au moins trois coups d’état civilo-militaires
Le coup d’Etat dit du 18 Brumaire du général Napoléon Bonaparte renversa en 1799 le Directoire mis en place par la Révolution française et instaura d’abord le Consulat puis le premier Empire qui couronna Napoléon 1er empereur.
Le coup d’Etat du 2 Décembre 1851 dont Marx dira qu’il a été la « deuxième édition du 18 Brumaire » est perpétré par Louis Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon 1er) alors président de la République. En fin de mandat et alors que la Constitution l’empêchait de se représenter, il dissout l’Assemblée Nationale, instaure le suffrage universel puis la IIème République qui va être remplacée rapidement par le Second Empire. Louis Napoléon Bonaparte est sacré empereur Napoléon III.
Le 3eme coup d’Etat est celui du 13 mai 1958 (dit « putsch d’Alger »). Il est le fait d’un Comité de Salut Public National dirigé par des généraux qui prend le pouvoir à Alger pour empêcher toute négociation du gouvernement de Paris avec le Front de Libération National (FLN) qui venait de lancer la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie.
Le Comité de Salut Public mis en place qui menaçait de prendre Paris après avoir pris le contrôle de la Corse ne rentre dans le rang qu’avec la nomination par le président de la République du général De Gaulle comme président du Conseil le 3 juin 1958.
On ne peut donc pas qualifier ce qui s’est passé à Bamako ce 18 aout de coup d’état et de ce fait le condamner.
Ce « coup d’état » pourrait bien en effet renforcer la République au Mali, rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et relancer son développement économique et social.