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Hommage à Ibnou Mbaye : Je Perds Un Ami De 60 Ans (par Mandiaye Gaye)

Hommage à Ibnou Mbaye : Je Perds Un Ami De 60 Ans (par Mandiaye Gaye)

Ibnou Mbaye, mécène et révolutionnaire, vient de tirer sa révérence ce 24/09/2020. Cet homme qui vient de nous quitter était un Seigneur dans le vrai sens du terme. Il était un homme multidimensionnel par ses qualités intrinsèques faites de conviction, générosité et solidarité agissante envers non seulement ses parents, amis, camarades mais aussi à tous ses voisins socialement démunis. Ibnou Mbaye, sans en donner l’air, était un révolutionnaire tranquille, perspicace, pragmatique, efficace et très courageux à travers sa contribution effective à la lutte pour l’indépendance et à tous les combats pour les libertés politiques, syndicales et légalité sociale de tous les citoyens dans son pays. Ibnou Mbaye, un militant de la première heure du PAI depuis son Saint-Louis natal, a poursuivi son militantisme à Mbour et puis à Dakar et dans le PIT de la première période.
 
Oui, le camarade Ibnou fut de tous les combats d’émancipation et de progrès économique, social, culturel et sportif de son pays. Il était un militant politique, syndical, sportif, associatif à caractère social, le tout allant toujours dans le sens du progrès et bien-être de ses concitoyens. Il était dirigeant, parce que membre du comité central aussi bien du PAI Sénégal que du PIT Sénégal, mais en retrait des manifestations populaires. Voilà pourquoi il n’était pas connu de tous les militants du parti et cela par humilité, mais aussi par discrétion, ce qui est une exigence fondamentale en période de clandestinité. En vérité, le camarade n’aimait pas qu’on parle de lui et moins encore de son apport de solidarité envers le parti et les permanents nécessiteux.
 
Pendant toute la dure période de clandestinité et de vaches maigres, le camarade s’était totalement investi sur tous les fronts pour aider le parti à s’en sortir. C’est ainsi, qu’il avait pris en charge le logement de quelques permanents et à d’autres de leur trouver du travail, même après la sortie de la clandestinité. Alors, pour accomplir efficacement son rôle éminent de mécène, il devait réduire à un nombre très restreint ses relations avec les responsables au-delà du secrétaire général Seydou Cissokho et moi. Et je peux bien révéler aujourd’hui un secret puisqu’il n’est plus de ce monde. Le camarade Ibnou était, dans la plus grande discrétion, le donateur des premières cautions de participation du PIT aux élections législatives sans pour autant être candidat. Il était très sensible et un homme attentif à son environnement et toujours à l’écoute des gens qui peinent à joindre les deux bouts pour vivre.
 
Ibnou Mbaye était un self made Man, car il s’était fait tout seul avec ses propres moyens qui furent très modestes au départ. Mais en homme de conviction sachant que le succès est au bout de l’effort, il a travaillé durement pour surmonter tous les obstacles dressés sur son chemin, avant deréussir à monter son entreprise personnelle qui a prospéré. Et Quincaillerie de la Mosquée était sa marque déposée avec ses produits de qualité très prisés par les utilisateurs. Il était à la fois chimiste technicien fabricant et commercial pour la promotion de ses produits.
 
Au plan social et politique, le camarade Ibnou, en homme avisé, démocrate et tolérant, avait fait de sa maison, dans les années 80, un abri provisoire d’un microcosme composé, au-delà de ses frères, sœurs et leurs amis, de militants maoïstes, camarades de ses jeunes frères et ses camarades militants PIT que les premiers taxaient de pro-soviétiques révisionnistes. Mais Ibnou a pu malgré tout et l’on ne sait par quel tact gérer tout cela avec maîtrise en permettant à tous de développer en toute liberté leurs thèses. Et ce n’était pas tout, puisque le maître des lieux offrait en plus à tous la restauration gratuite. Au demeurant, il fallait vraiment être un homme exceptionnel de la trempe d’Ibnou et tolérant, comme lui pour gérer une telle situation qui était à l’époque très conflictuelle.
 
Ibnou Mbaye, homme de fidélité, était fidèle en amitié, une valeur qu’il considérait  comme une chose sacrée. Ibnou, c’est connu, était toujours au service de ses amis surtout lorsque ces derniers étaient en difficulté. Un fait marquant et acte remarquable à savoir chez Ibnou. En effet, il avait l’habitude, à l’occasion des fêtes religieuses musulmanes, de donner à toutes les veuves de ses amis disparus une enveloppe sous forme d’aide et d’assistance, ce dont les veuves pourraient bien témoigner. Certains pourraient tenter de croire que ce témoignage sur Ibnou Mbaye est une légende tellement qu’il peut leur paraître invraisemblable, mais Dieu m’est témoin que tout cela est vrai.
 
Ibnou Mbaye était fervent musulman loin de tout fanatisme déviationniste. Il connaissait parfaitement et maitrisait sa religion et la pratiquait dans les règles de l’art édictées par le Coran et la Sunna du Prophète (PSL). Il était l’un des rares musulmans à respecter strictement les règles de la zakat sur la fortune et comprendre la solidarité envers ses frères démunis. Comme l’imam de sa mosquée l’a si bien souligné dans son témoignage à la prière mortuaire. Ibnou était un infatigable bienfaiteur musulman envers sa mosquée, les serviteurs de Dieu honnêtes et sincères de l’islam. Il était, dans sa pratique religieuse au Sénégal, un exemple à suivre parce que simple et sans phare, comme il l’est naturellement.
 
Avec la perte d’Ibnou Mbaye, un ami, frère et camarade, mais aussi un conseiller très avisé et modèle, je perds un compagnon de 60 ans sans nuages.
 
Nous prions Dieu de t’accueillir dans son paradis le plus élevé, Firdawsi. Je garde en mémoire tes leçons, tes sages et précieux conseils.
 
À Dieu Ibnou et que la terre de Yoff te soit légère ! Aamine !
 
Mandiaye Gaye
Mandiaye15@gmail.com


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