Le nom de Dembourou Sow figurera à jamais dans les annales de l’histoire politique de notre pays, pour les propos attentatoires à plus ou moins long terme de sa cohésion. Je le respecte néanmoins, même si je n’ignore pas que tous les Sénégalais conscients et qui craignent que tôt ou tard des individus comme lui, qui courent les rues malheureusement au Sénégal peuvent créer des troubles ethniques qui résulteraient de leur opportunisme notoire qui les pousse à tout faire pour être apprécié par le Président.
Je ne le respecte pas parce qu’il serait respectable, bien au contraire, mais parce que je le comprends, au mauvais sens du terme, pour avoir osé tenir des propos, dans sa langue maternelle, favorables au troisième mandat, source de troubles dans plusieurs pays, qu’il incite maladroitement le président Macky Sall à tenter. En choisissant de s’exprimer dans sa langue maternelle, le “pulaar“ dans ce contexte où il est “haalpular“ comme Macky Sall, ce n’est pas innocent. L’opportunisme mène à tout, même au risque de faire ressembler notre pays, où des distinctions communautaires n’ont jamais existé, à certains pays de notre continent. Et dire que Monsieur Dembourou Sow est député à l’Assemblée Nationale, de surcroit Président du Conseil Départemental de Ranerou Ferlo !
Je me souviens avoir entendu sous un des anciens régimes de notre pays, un député qui avait tenu des propos du genre que son Non Honorable député de Matam a tenu, et qui ont fait trembler plus d’un, à cause de l’apologie de la ségrégation ethniciste qu’ils inspirent.
L’un dans l’autre, il est temps de faire figurer dans notre constitution une disposition à ne jamais modifier même d’un iota, martelant qu’aucun Président de la République ne peut briguer un troisième mandat à l’expiration d’un deuxième mandat. Et puisque les sénégalais prétendent être musulmans à plus de 90% et catholiques à 10% et affichent une piété à nulle autre pareille, jusque dans les bus, ce ne serait pas de trop de mettre dans la constitution une autre disposition rendant obligatoire une prestation de serment, la main sur le Coran ou sur la Bible, c’est selon, de déclarer l’engagement de ne jamais envisager de se présenter pour un troisième mandat aux élections présidentielles.
C’était dans cet ordre d’idée que j’avais sursauté de joie en entendant le Président Macky Sall, prononçant un discours, prendre un engagement dont l’exécution l’aurait honoré et rendrait fiers les Sénégalais résidant à l’étranger, notamment ses représentants diplomatiques, qu’il allait présenter un projet de révision constitutionnelle où le mandat présidentiel de sept ans serait remplacé par un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Aussitôt je trempai ma plume dans de l’encre indélébile pour lui écrire une lettre ouverte, le 10 février 2015 pour le féliciter en mettant l’accent sur le fait qu’il ne saurait pas mieux faire et que son nom resterait gravé en lettres d’or dans les annales de l’histoire africaine. En effet, les populations de notre continent en ont marre des agitations qui troublent leur sommeil pour des tiraillements politiciens à l’approche, pendant et après les élections présidentielles.
Lorsque cette lettre ouverte avait été publiée dans des organes de presse, certains de mes confrères et autres relations de travail rencontrés dans les palais de justice m’avaient reproché d’aller trop vite, me rappelant le cas Abdoulaye Wade dont le cas Macky Sall pourrait être une réédition.
Quelque peu refroidi par ces propos et après avoir tourné ma langue sept fois dans la bouche, je m’étais adressé au Président Macky Sall, comme s’il était en face de moi : “Macky tiens bon“.
Mais chemin faisant, je ne donnerai pas ma tête à couper que le Président Sall sera aussi solide, aussi tenace pour balayer d’abord ses propres hésitations, confirmer en des termes univoques, face aux lobbies de divers horizons dont fait partie ce devenu célèbre député Dembourou Sow, qu’il serait exclu qu’il fasse du “wax waxeet“. Ainsi il couperait l’herbe aux pieds à toute cette faune de profitards de sa présence à la tête de l’Etat, qui en sont arrivés à perdre de vue qu’après la belle vie que leur procure la proximité avec lui, il existe une autre vie, plus digne, de loin plus digne celle-là.
En résumé ceux qui ont attentivement suivi les cursus suivis par un Alpha Condé en Guinée et par un Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, pour limiter à ces deux célébrités la liste non exhaustive des chefs d’Etat africains qui semblent prendre le fait de quitter le pouvoir comme une mort, en sont arrivés à les trouver répugnants aux yeux de ceux qui n’avaient que de la considération pour eux. Unissons nos efforts, fermons de gré ou de force la bouche des thuriféraires capables de faire croire à Macky Sall qu’il serait un demi-Dieu.
Maître Wagane FAYE
13 octobre 2020