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Pastef, Retour Dans Le Futur (8/10)

‘’Am Pastéef’’, dans la lexicologie sénégalaise, sous-entend qu’avec la volonté positive, la persévérance et la foi en l’action, l’homme est à la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas. Ainsi philosophait Platon.

Pastef (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) pour que l’arbre puisse tenir toute la promesse des fleurs, Pastef devra travailler à relever deux défis qui sont jusqu’ici, son principal point faible.

En 1991, à la surprise générale, Me Wade le ‘’libéral’’, alors opposant irréductible au président Abdou Diouf et du régime socialiste, accepte d’entrer dans le premier gouvernement de majorité présidentielle élargie. A l’étonnement général. En fait, l’opposant Me Abdoulaye Wade, à la suite de la présidentielle de 1978, puis de 1983 et de 1988, avait fini par comprendre une chose essentielle et fondamentale : que son manque d’une expérience gouvernementale, a toujours été le facteur bloquant auprès de la majorité des électeurs sénégalais, afin qu’il remporte lui et le PDS, enfin, une élection présidentielle au Sénégal. Surtout à ces époques-là, la majorité de l’électorat avait un certain âge, l’âge de l’aversion au risque et de la résistance au changement, à l’inconnu.

Me Wade avait compris que quelle que soit sa popularité, quel que soit son talent et son génie politique, quelle que soit sa fougue et son magnétisme, l’homo-sénégalensis-électeur (très euphorique en période de campagne électorale et très prudent quand il s’agit de voter), en son for intérieur, dans sa tête et dans son cœur, lui opposera toujours son manque d’expérience gouvernementale pour lui confier les plus hautes charges de la République.

Premier défi : le manque d’expérience étatique

Les mœurs politico-électorales sénégalaises aidant (sa toute croyance à l’expérience) et son aversion au changement et à l’inconnu faisant, deux critères feront le départage entre les candidats à la présidentielle de 2024 : leur expérience par la pratique de l’État (1) et leurs traits de caractère et de personnalité intrinsèques (2).

D’ailleurs, du président Senghor au président Macky Sall en passant par les présidents Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade (un peu moins), leurs expériences gouvernementales – le fait d’avoir exercé l’Etat – a été un point déterminant à leur accession au plus haut sommet. 

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C’est donc cette absence d’expérience de l’Etat qui a été très préjudiciable à Pastef lors de la présidentielle de 2019, qui, au vu de sa campagne électorale et de son ordre du discours appétissant, tranchant et captivant, méritait de se classer deuxième, même si Pastef a fait un excellent score avec sa troisième place. Et d’ailleurs, cette absence de vécu  »étatique », cette expérience pas encore effective à l’exercice du pouvoir d’Etat, se laisse même apercevoir entre les lignes, dans certaines de ses prises de positions délicates et des déclarations glissantes du président du Pastef, le Patriote en chef.

Les mœurs politico-électorales sénégalaises sont telles que l’homo-senegalensis-électeur, a peur et se méfie de l’extrémisme, des positions extrêmes et des excès (de tous bords). Le portrait-robot du profil pour lequel l’homo-senegalensis-électeur, vote, est en résumé, ‘’Nit ku yaru, ku am teggin, ku noppi, ku mën a muñ, ku dul tooñ te bu ñu ko tooñee mu jéggale, jéllale. Ku am eksperiyãnsu nguur, saf xorom te doo « vulgaire ». Ku ragluwul ba waa réew mi mën la ñeme.’’

Deuxième défi : quand Sonko joue contre lui-même

Le premier défi à relever par et pour Pastef, est le verbe. Et les ‘’spin doctor’’ à Pastef, ont vraiment du pain sur la planche car leur chef, le président Ousmane Sonko, se perd souvent dans le registre de ses discours, dans ses éléments de langage, dans sa lexicologie politique, dans le cadre contextuel. Même si dans le fond, ses dires sont recevables. En utilisant le vocabulaire de la mode, on aurait pu dire que le président Ousmane Sonko est un haut-couturier, qui parle de coupe et de modèle quand ses détracteurs lui répondent en parlant de broderies et de garnitures. Ousmane Sonko, pour la plupart du temps, est dans les lignes, dans les pièces uniques, bref dans la haute couture, quand ses détracteurs, dans leurs ripostes, sont le plus souvent dans le prêt-à-porter.

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Toutefois, le président Ousmane Sonko, parle en 2020, comme parlait en 2005, le syndicaliste Ousmane Sonko, Secrétaire général du Syndicat des agents des impôts et des domaines. Alors que dans l’intervalle, le contexte et son espace à lui, ont radicalement changé. En trois ans (2017-2019), Ousmane Sonko et Pastef, à la présidentielle de 2019, ont multiplié par 20 leur électorat (37.535 voix sur 3.310.435 voix en 2017 contre 687.523 voix sur 4.386.139 voix, en 2019). Quelle percée, de 1,15% aux législatives de 2017 à 15,67% à la présidentielle de 2019.

Ainsi, le président Ousmane Sonko a été le ‘’vainqueur symbolique’’’ de la présidentielle 2019, et a désormais fini de gagner dans le cœur des Sénégalais, la dignité d’un président de la République, chef d’Etat, de par son score à la présidentielle de 2019. Dès lors et à partir de cet instant (2019), en tout temps et en tout lieu, le président Ousmane Sonko gagnerait et devrait parler et agir en tant qu’opposant-homme d’Etat et non pas qu’en tant qu’opposant-politicien. Ainsi, dans les espaces publics et médiatiques, le président Ousmane Sonko, gagnerait à installer ses bureaux dans le futur-présent, en étant sur les questions de substance, d’essence et de quintessence, disons-nous sur les questions d’alternatives, de stratégie et de prospective. En laissant à ses collaborateurs et lieutenants, le soin de répondre aux questions de sens et de non-sens- disons nous les choses politico-politiciennes, mais partie intégrante de la chose politique -.

Sur sa route pour les enjeux du futur-présent, le président Ousmane Sonko a tout à gagner et beaucoup à perdre, s’il continue à se tromper de stratégie de communication. Son adversaire politique n’est pas (encore) le régime en place mais lui-même Sonko, à travers son verbe. Que le président Sonko continue à dialoguer avec les Sénégalais, en étant dans les propositions alternatives (comme les Vacances Agricoles Patriotique ‘’VAP’’), est la meilleure approche pour Pastef et pour le président Ousmane Sonko, d’installer leurs bureaux dans le futur.

Sonko, plus que de la Gauche, mais un progressiste

Après la grosse déception qu’a été AJ/PADS, Pastef incarne une sorte de renouveau de l’esprit du mouvement révolutionnaire connu dans les années 70 et 80. Côté promesse, l’homme – le président Ousmane Sonko -, est intelligent. Il est courageux. Il a de l’audace. Il est original. Il est innovant, percutant, vif et incisif. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement même s’il y a encore de la marge pour s’améliorer…. Quand on naît Dioula (bañkat dans l’âme) ; quand on voit le jour dans le Sénégal si bouillant et si rebelle des années 70 (les années senghorienne) ; quand on vient au monde dans une ville qui s’appelle Thiès, la capitale du refus ; quand on a grandi et fait ses humanités en Casamance ‘’la généreuse et l’intransigeante”, le président Ousmane Sonko est non seulement le fils de son père, mais aussi, le fils de son temps et de tout ce qui vient d’être énuméré.

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A y regarder de plus près, le tempérament d’un président rejaillit même sur le moral de ses concitoyens au point que celles et ceux qui sont né.e.s sous son étoile, finissent par être à son image. Par exemple, là où celles et ceux qui sont né.e.s dans les années 80 à 90 (les années Abdou Diouf), sont doux, pacifistes et ‘’cool’’ à l’image du président Abdou Diouf, celles et ceux qui sont né.e.s entre 2000 et 2012 (les années Abdoulaye Wade) sont énergiques, dégourdi.e.s et téméraires à l’image du président Wade. Celles et ceux qui sont né.e.s à partir de 2012, seront certainement serein.e.s, généreux, affables, visionnaires, ‘’am fulla ak fayda’’, et …têtu.e.s (rires) à l’image du président Macky Sall, au sens de ‘’li mu xas ba màtt, fàww mu dagg rekk muy soog a bàyyi’’. Avec mon immense respect, excellence monsieur le chef de l’Etat, président de la République, monsieur Macky Sall, chez qui siègent quatre vertus : le jom (le sens de l’honneur), le ngor (la noblesse de caractère), le teggin, le yar (la courtoisie, la politesse), le sago, nit ku teey, dal, (la maîtrise de soi, un homme prudent, pondéré).

A suivre…

Siré Sy est fondateur du Think Tank www.africaworldwidegroup.org







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