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Afrique De L’ouest, Le Retour De L’autoritarisme DÉcomplexÉ

Afrique De L’ouest, Le Retour De L’autoritarisme DÉcomplexÉ

En Afrique de l’ouest, la promesse de «renouveau démocratique» des Conférences nationales du début des années 1990 est un lointain souvenir. Dans le pré-carré français, les satrapes ont le vent en poupe. Ils ont pour eux la force, l’instrumentalisation du droit et de la justice et la protection diplomatique de l’Exécutif français incarné à la perfection par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

En Côte d’Ivoire, vaisseau-amiral de la françafrique, dans quelques semaines, Alassane Ouattara, 78 ans déclarés, installé au pouvoir en 2011 par les chars de l’armée française va briguer un troisième mandat. Faisant fi des appels de ses opposants et plus singulièrement de larges pans de la société civile à s’en tenir aux dispositions constitutionnelles qui limitent à deux le nombre de mandats à la tête de l’État, il instrumentalise une justice aux ordres pour se proclamer candidat en attendant de se faire adouber par elle. Il pousse son avantage en suscitant des décisions de justice régulières, des caricatures de procès de Moscou, pour éliminer de la course à la présidentielle ses adversaires et contraindre aussi certains d’entre eux comme Laurent Gbagbo à l’exil. Les manifestations de rue sont interdites et des centaines de députés et militants politiques et associatifs sont en prison. En commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, à la question du député communiste Jean-Paul Lecoq : «la France compte-t-elle s’exprimer sur la répression qui s’abat sur les démocrates ivoiriens ?», le ministre Jean-Yves Le Drian a répondu… «qu’un processus démocratique (était) en cours en Côte d’Ivoire».

Au début de l’année 2019, le Sénégal que ses élites aimaient à présenter comme le «phare de la démocratie en Afrique» inaugurait un prétendu «parrainage citoyen». À l’expérience, cette «innovation» a été une machine à éliminer de la course à l’élection présidentielle les adversaires politiques du président Macky Sall. Une nouvelle arme dans l’arsenal de la fraude électorale qui a depuis fait florès dans la sous-région. Au cours des mois qui ont précédé, le scrutin présidentiel de février 2019, l’institution judiciaire, sensible aux pressions, n’a pas chômé. Sortant de sa lenteur bien connue des Sénégalais, elle a réussi l’exploit d’instruire, juger et condamner en première instance, en appel puis en cassation, en dix mois un citoyen. Celui qui a «bénéficié» de ce traitement bien spécial est l’ancien député-maire socialiste de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, qui se préparait à défier, avec de réelles chances de gagner, Macky Sall à l’occasion de l’élection présidentielle. Parlant de l’ancien édile de Dakar, Amnesty International a dénoncé un «acharnement contre un adversaire politique» du pouvoir.

Au Bénin, «pays qui a donné l’exemple à l’Afrique» en tenant la première conférence nationale souveraine, l’oligarque Patrice Talon arrivé au pouvoir en 2016 a fini de se tailler une constitution sur mesure. Sa Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a poussé ses adversaires à l’exil. L’Assemblée nationale, émanation d’un scrutin boycotté par trois Béninois sur quatre selon les chiffres officiels, est composée de députés appartenant à deux partis créés pour soutenir Patrice Talon. En avril 2021, il sera candidat à un nouveau mandat avec l’avantage d’une loi électorale, taillée sur mesure, qui lui permettra de choisir ses adversaires à l’élection. Vu son impopularité, il n’est pas exclu qu’il décide d’être le seul candidat. Comme aux temps… du parti unique.

La tentative de restaurer l’ordre despotique et ces manœuvres autoritaires sont désespérées. Elles n’arrêteront pas la marche historique des peuples d’Afrique pour leur émancipation comme le montrent les mobilisations populaires au Soudan, en Algérie et au Mali. La France ferait mieux d’écouter les peuples d’Afrique plutôt que de poursuivre une politique de courte vue où, pour sauvegarder des intérêts stratégiques ou économiques, elle participe à la violation des droits fondamentaux des peuples et des individus.

fatchade@seneplus.com







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