L’actualité récente qui se déroule sous nos yeux incrédules donne encore une fois, douloureusement raison à Ella Wheeler Wilcox qui disait, sans nulle doute ulcerée par l’hypocrisie anesthésiante des Hommes :
« Pècher par le silence lorsqu’ils doivent protester, transforme les Hommes en lâches » .
Mais où sont-elles donc, et cette communauté internationale, et la CEDEAO, si promptes à condamner les actes de répression que certains chefs d’Etat africains font subir à leur peuple, lorsque des « coups d’Etat électoraux » sont opérés par certains d’entre eux, qui ont pour dénominateur commun, de servir principalement les intérêts occidentaux ?
C’est à se demander finalement l’utilité et ou la pertinence de l’organisation d’élections dans la plupart de nos pays ? Hier encore, c’était le Mali. La fermeté agissante , pour dire le moins, avec laquelle la CEDEAO s’est acharnée sur le peuple malien, au point de lui imposer un embargo, comme pour lui faire payer son « outrecuidance » à vouloir se débarrasser d’un chef d’Etat qui allait le conduire irrémédiablement vers l’impasse, voire l’asphyxie, ne souffre d’aucun doute.
Lorsque les Maliens se sont dressés comme un seul homme pour sortir de cette impasse, voilà que cette CEDEAO a rompu son mutisme, avec un zèle jamais égalé, pour d’abord exiger le rétablissement de ce Président dont les Maliens ne voulaient plus , et ensuite réclamer le retour des mutins dans les casernes. Mais devant la détermination inébranlable du peuple malien , et face au constat amer de son échec cuisant face ces exigences, pour laquelle le principal intéressé d’ailleurs avait fini par jeter l’éponge, ces mêmes chefs d’Etat, piqués dans leur égo souvent surdimentionné , ont mis sous embargo le Mali, comme pour faire payer à son peuple cette volonté, ce besoin inextinguible de changement. Peine perdue ! Ils ont tenus bon, les Maliens, pour se débarrasser d’un homme qui leur avait tout promis, mais qui finalement ne leur aura laissé qu’un pays exsangu , axphisié, endetté, appauvri et physiquement divisé, de nombreux cadavres, une arrogante et indécente gestion familiale et que sais-je encore !
Et pendant ce temps, non loin delà, dans la côte d’Ivoire voisine,
Plutôt que de s’investir pour le respect de la volonté populaire, on a constaté l’intransigeance du chef d’Etat ivoirien, qui craignait sans doute un effet d’entraînement chez lui après ses errements, tâtonnements et reniements, suite au décès de feu Amadou Gon COULIBALY . Celui qui devait être le prolongement naturel de son système et qui devait lui garantir toute immunité et toute impunité après son élection. Hélas, la volonté divine en a décidé autrement, avec le décès de ce dernier. Paix à son âme ! Macabre illustration de ce que Dieu, SWT nous dit dans le Saint Coran : « Wa makaroo makaral Allah, wallahou khayroul maakiririin ». S/3 v54 « Ils se mirent à comploter. Allah a fait échouer leur complot. Et c’est Allah qui sait le mieux leurs machinations. »
On ne peut donc que s’interroger sur l’attitude de la CEDEAO, voire de la communauté internationale qui fait du « deux poids deux mesures », par des positionnements largement déterminés par des facteurs aux antipodes des intérêts réels des peuples.
Cette démarche sélective se fonde plus sur les intérêts crypto-personnels de certains Chefs d’Etat, les enjeux géostratégiques et économiques des occidentaux qui tirent visiblement les ficelles dans l’ombre.
Qui ne se souvient de la diligence qui a marqué la réaction de la CEDEAO face aux atermoiements et tergiversations, début 2017, de l’ex-président gambien Yaya Jammeh, qui voulait s’accrocher au pouvoir, après 22 années de régime autoritaire, malgré sa défaite annoncée et reconnue par lui-même dans un premier temps, avant de se rétracter ? Il dut se soumettre à un départ en exil vers la Guinée Equatoriale, suite à une forte pression internationale et la menace d’action militaire par une mission (ECOMIG) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), forte du soutien multiforme de l’Union européenne (UE).
On pourrait en dire autant de la Guinée, Bissau, où environ 800 soldats ouest-africains ont été déployés en 2012, dans le cadre de la mission (ECOMIB), ou une force sous-régionale était chargée de « protéger les chefs d’institutions et les édifices publics » et « garantir la stabilité du pays ».
Toutes choses étant égales par ailleurs, qu’est-ce qui peut donc expliquer ce silence assourdissant de la CEDEAO, quant on sait qu’en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry l’obsession du troisième mandat se solde par des morts au fil des jours ?
Au demeurant, comment ne pas déplorer l’attitude de certains médias occidentaux qui se distinguent par une indignation sélective, s’émouvant à peine de la mort par dizaines d’africains qui se battent pour la préservation de leur dignité et le triomphe de la démocratie. Aucune vie n’a plus de valeur qu’une autre. C’est le lieu de comdamner sans ambages le manque d’équité dans le traitement de l’information et de respect en toutes circonstances, de l’égale dignité de tous les êtres humains.
Faut-il désespérer de cette Afrique et de cette « communauté internationale » ?
La sauvegarde des intérêts occidentaux semble guider tous ces comportements qui n’honorent pas l’Afrique. Peu importe le non-respect des suffrages des électeurs, dès lors que les intérêts des grands groupes occidentaux, des lobbies de toutes sortes sont préservés. Peut importe la vie des africains quand de gros enjeux financiers sont menacés. A fortiori lorsqu’ils trouvent leur soubassement dans la cupidité de nos dirigeants.
Loin de toute attitude fataliste, la situation actuelle nous impose donc aujourd’hui plus que jamais un sursaut d’orgueil, un réveil hardie de la conscience nationale voire africaine. Il ne faut point désespérer de l’Afrique, au regard de « bonnes pratiques » en matière de bonne gouvernance dans des pays comme le Cap-Vert, le Botswana, l’Afrique du Sud, le Lesotho qui ont fini de trancher ce débat sur la question des mandats.
Restaurer l’Espoir, voilà la mère des batailles !
Abdoul Aziz Tall est Conseiller en management, ancien ministre.