Avec beaucoup de craintes, les populations africaines ont les yeux braqués sur les processus électoraux qui ont cours en Guinée et en Côte d’Ivoire, dans la période actuelle. Cette situation a pour cause fondamentale, le refus du Président Alpha Condé de Guinée et du Président Alassane Ouatara de Cote d’Ivoire d’envisager de quitter le pouvoir pour céder la place à d’autres, à l’issue d’élections régulières auxquelles, ils n’auraient même pas dû se présenter.
Et pourtant il aurait suffi qu’ils se plient aux dispositions constitutionnelles de leurs pays respectifs, qui s’opposent à ce qu’un citoyen, qui qu’il soit et sous quelque prétexte que ce soit, ne puisse être investi pour briguer un 3ème mandat présidentiel qui pourrait être de trop.
Aucun d’eux ne l’ignore et ils savent tous que le forcing par lequel ils ont imposé leur candidature, qui, fi de toute légalité constitutionnelle, peut mettre leur pays à feu et à sang. Bien sûr, s’ils n’en ont pas conscience, c’est autre chose. C’est les malheureuses populations de leur pays, dont certainement ils n’ont aucune pitié, qui pâtiront des guerres civiles éventuelles. En effet, il est très fort probable que ces deux candidats sortants useront des mêmes moyens illégaux qui leur ont permis d’imposer leur candidature, pour se faire déclarer élus dès le premier tour, ce qu’en ironisant, un candidat parmi eux, lors d’une campagne électorale dans le passé, avait désigné par l’expression « un coup K.O ».
Il avait sans doute évalué tous ses moyens licites et illicites, dont l’utilisation des moyens de l’Etat, sans excepter l’assistance de certains agents et fonctionnaires de l’Etat en quête de promotion pour « service rendu ».
L’auteur d’une telle farce de mauvais gout était convaincu qu’effectivement il serait définitivement élu, à l’aidedes jongleries d’une commission électorale nationale et d’un conseil constitutionnel à l’ivoirienne totalement à sa dévotion. Qui est fou ? Faut-il en pleurer ou rire, en constatant le fait que dans nos pays, maintenant les candidats à leur propre succession à la tête de l’Etat sont comparables à des boxeurs si forts que leur victoire sur leursfrêles adversaires procèdera par des « coups KO ». Ils ne pourraient en être autrement, sauf exceptionnellement.
En effet, la différence de moyens entre d’une part un candidat sortant , qui des années durant, a confondu sa poche avec celle de l’Etat, durant tout son règne finissant, après avoir placé ses inconditionnels souteneurs à des postes stratégiques, après avoir conditionné certains médias qui ne disent jamais non, et s’être débarrassé de leurs anciens compagnons du temps des vaches maigres, qui osent leur rappeler leur engagement dans le temps, en ne se souciant pas du risque d’être éjectés du cercle du pouvoir, d’autre part , un candidat entrant ,qui ne compte que sur « ses mains propres » et des maigres participations à l’effort de guerre de ses camarades et de ses amis, est telle que l’emporter dans de telles conditions , pour un candidat sortant n’est qu’un jeu d’enfant.
C’est pourquoi, certains chefs d’Etat épuisant la dernière année de leur deuxième et dernier mandat constitutionnel et n’imaginant pas une existence vivable en dehors du parapluie du pouvoir, ne perdant pas de vueles risques de faire l’objet de poursuites pénales que pourrait déclencher leur vainqueur éventuel, usent de toutes sortes de moyens pour ne pas être dévêtu des habits du pouvoir, perdant de vue que s’il y’a une loi qui s’impose immuablement à tous, surterre, c’est celle qui stipulerait que quelle que soit la puissance des moyens qui garantiraient une longévité au pouvoir, aucun pouvoir n’a vocation à être là éternellement.
D’aucun s oublient souvent cette réalité. Il s’agit de ceux dont l’exercice du pouvoir a tourné la tête, ou ceux qui sont en passe de devenir complètement fou à cause de leur pouvoir devenant de plus en plus absolu au fil du temps, et à mesure que les thuriféraires qui vivent à leurs dépens, leur langue mielleuse ou leur plume dithyrambique aidant.
Ce sont les chefs d’Etat en fin de dernier mandat qui n’entendent pas être de cet avis qui tordent le cou à la constitution en faisant une interprétation erronée de ses dispositions qui régissent le nombre et la durée des mandats, ou qui procèdent à des retouches de ces dispositions qui font de l’acharnement à la fin de leur règne pour ne pas bouger. Quant aux candidats rentrants, qui savent les moyens immenses de leurs adversaires, luttent pour l’application des dispositions qui rejettentles candidatures aux troisièmes mandats. Ils sont conscients que s’il est permis à des adversairesqui usent de stratagème de tricherie, de monter sur le ring pour la troisième fois, ils l’emporteront dès lors qu’ils se sont prémunis de tous les moyens possibles et imaginables pour qu’il en soit ainsi. Leur impopularité, si tel est le cas, n’en pourrait rien. Le fameux « coup KO » trancherait quelle que soit la vérité des urnes.
Maitre Wagane FAYE
01er/11/2020