Le gouvernement de technocrates tant espéré et attendu a finalement accouché d’un bataillon de combat politique et de propagande. Un bataillon qui ne fera pas mouche en cas de combat puisque les soldats-mercenaires qui le composent n’ont jamais été de valeureux combattants au front de l’opposition. Donc s’appuyer sur eux pour vouloir gagner une guerre, c’est peine perdue ! Car ce nouveau gouvernement ne répond guère aux attentes économiques et sociales du peuple sénégalais. En tout cas, la nomination d’Idrissa Seck à la tête du conseil économique, social et environnemental a cristallisé tous les débats et entraîné toutes sortes de spéculations, d’observations et de commentaires.
Arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle 2019 avec 20,5 % des suffrages exprimés, il était donc concevable qu’Idrissa Seck soit le chef de l’opposition. Et puisse légitimement ambitionner de porter les habits de futur président de la république en 2024 où il abattra ses toutes dernières cartes de challenger.
Son retour aux affaires sous Macky sall ne pouvait donc qu’être que la surprise du chef même si les départs d’Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé, amadou Ba et Oumar Youm resteront d’amères pilules à avaler. Car, quoi qu’on ait pu leur reprocher, ces poids lourds constituaient l’âme du gouvernement. Seulement, nous sommes loin d’être dans les secrets du « dieu » Macky sall, et avons encore moins le pouvoir de lire dans sa mémoire discrétionnaire guidant ses nominations aux emplois civils et militaires.
En revanche, deux hypothèses politiques se dégagent de la nomination d’Idrissa Seck. Ou le président Macky Sall cherche à lui aménager un cimetière politique pour un enterrement de première classe dans le but d’anéantir toutes ses chances de devenir le cinquième président de la république. Ou alors Macky sall lui prépare le terrain comme candidat de substitution ou roue de secours « au cas où » il ne parviendrait pas à sauter le barrage du troisième mandat en 2024. même pour ce dernier cas de figure, on aurait du mal à imaginer un Macky Sall aller chercher une « roue de secours » ailleurs alors qu’il en a dans sa malle arrière c’est-à-dire au sein de son propre parti politique qu’est l’apr. Ne nous dites surtout pas que ce parti au pouvoir manque de profils ou de compétences pour succéder à son chef. Après un troisième échec successif (2007,2007 et 2019), l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade n’est pas si pas amnésique au point de commettre une autre erreur politique de trop qui lui serait fatale ! Car, les erreurs qu’il avait commises sous le magistère de me Abdoulaye Wade ont laissé des séquelles politiques ayant entravé sa marche vers la magistrature suprême.
Au-delà de son expérience militante, Idrissa Seck a une très riche carrière politique pour avoir été successivement député, maire, ministre et Premier ministre. Surtout, il exerce actuellement les fonctions de président du conseil départemental de Thiès. Il a été aussi directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade. Pour dire qu’Idrissa Seck est suffisamment rusé et expérimenté pour tomber dans le panneau du président Macky Sall. Quels que soient ses calculs politiques avec ce dernier, il est peu probable qu’avec ce « deal » Idrissa Seck puisse redresser la situation d’ici à 2024 pour pouvoir vraiment compter sur le peu qui lui reste comme militants et sympathisants. En effet, s’il tente un reversement de situation, cela risque d’être trop tard en sa qualité d’ancien président conseil économique, social et environnemental qui, de fait, sera forcément comptable des acquis, certes, mais aussi dégâts, des failles et des tares de ce gouvernement qui est tout sauf celui du plan de relance économique et sociale post-covid19.
Une chose est sûre : Idrissa Seck aura du pain sur la planche afin de maintenir sa vitalité politique dans une mouvance présidentielle composée de méchants et de brutes qui ne loupent jamais les…intrus. Sauf des intrus qui n’ont d’autre ambition que d’être jardiniers et autres peintres paumés de la présidence. Et dans ce cas, la messe est dite !