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Un Remaniement Mal Compris

Le remaniement n’est-il pas juste un acte tactique

Le remaniement de ce premier novembre semble avoir créé une onde de choc dans la sphère politique de notre pays et provoqué des réactions parfois démentielles de la part de politiciens et analystes, aveuglés par des ressentiments ataviques envers le président Macky Sall. Du coup, des lectures fusent de toutes parts qui font dire au remaniement une somme de choses qu’à l’évidence il ne dit pas, expression d’une frustration inavouée du fait que ces décisions déroutantes contrarient leurs agendas.

Il est difficile de comprendre, face à un acte de stratégie ou de tactique politique majeur, que des férus de politique, experts et analystes, au prétexte de décortiquer l’acte, montent au créneau pour nous livrer que de piètres psychanalyses de la personnalité du président et du sieur Idrissa Seck.

A mon avis, le postulat de départ ici est que le président et Idrissa Seck, comme tant d’autres personnes connus dans la majorité ou l’opposition sont des hommes politiques en action et en responsabilité. En tant que tels, ils ont respectivement un projet et ne sont par rapport à ces projets que des véhicules dont leurs propres caractères et humeurs n’en sont que la cosmétique. C’est le fait de se donner tous les moyens d’atteindre un projet politique, qui distingue l’individu que l’on est de l’homme politique. Pour comprendre l’acte d’un homme politique, l’on a moins besoin de spéculer sur son intégrité et sa morale, de porter sur lui des accusations futiles, de proférer des insanités, que de questionner plutôt sa stratégie. Ces attaques ad hominem d’icônes de la politique n’éclairent en rien l’objet en question et par contre fécondent et stimulent des insulteurs qui polluent les réseaux et sites internet. Nous ne nous développerons pas avec ça. Alors gardons-nous de donner droit à ceux qui s’arrogent aisément toutes les vertus, refusent à d’autres la moindre qualité, leurs dénient tout crédit pour leurs actes positifs et, se faisant bafouent incidemment l’éthique qu’ils prônent.

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Remaniement et dichotomie de leadership

Le texte de remaniement est porteur de beaucoup de changements que l’on va tenter de comprendre, mais aussi et avant tout il est motivé par un contexte donné qu’il ne faut pas perdre de vue. Je crois que tous les observateurs avisés admettront qu’un remaniement était attendu et même appelé de tous les vœux par les politiciens de tous camps depuis des mois. Ce, suite à la dissolution de la primature aux motifs d’un “fast-track” promis, puis hélas compromis par tant de facteurs. C’est dire que le contexte était tout à fait favorable à ça, mais sans aucune urgence pour le président. Par contre, quand dans cette situation le chef d’un parti majeur de sa coalition vient à disparaître et que ce parti soit menacé d’implosion, qu’il s’y ajoute les effets dévastateurs du coronavirus sur l’économie et le regain spectaculaire du phénomène d’émigration des jeunes “barça ou barsak” avec son lot de décès tragiques, on peut imaginer facilement combien l’urgence a fini par s’immiscer et instaurer un stress chez le president. Pourquoi ? Parce que lui, ne peut ignorer que les citoyens n’attendent de celui qu’ils ont élu, que de l’empathie. Ne pas réagir promptement face à une double tragédie de l’émigration et du Covid-19, conjuguée aux difficultés liées au retard des infrastructures programmées, ouvrirait à l’opposition de bonnes opportunités d’enflammer le mécontentement social à un moment particulièrement dangereux de fragilisation de sa coalition.

Il a fallu donc apporter simultanément une solution à tous ces problèmes, sous le joug impérieux de la consolidation de sa coalition politique, au prix d’un surenchérissement soutenu en direction des opposants. Bien ménager cette dichotomie en se risquant à des décisions audacieuses est une affaire de leadership. Le président s’en est sorti sans coup férir et il faut reconnaître par conséquent qu’il a démontré ainsi qu’il avait un leadership éprouvé.

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L’autre évidence de ce remaniement qui a surpris son monde est que le président a choisi d’emprunter l’agenda tactique révolutionnaire plutôt que celui du développeur, consistant à bricoler ce qui existait auparavant. Ceux dont le départ a causé l’émoi de toute la communauté n’ont eu alors à faire que les frais de ce choix tactique de grand déménagement, et non parce qu’ils seraient l’objet d’une quelconque bisbille avec le président, comme s’y méprennent beaucoup. Non ! Le président, avec le souci qui le hante d’atteindre ses objectifs dans trois ans, est au-dessus de ça, il est plutôt dans le peaufinage de sa stratégie. Ce remaniement est donc une étape tactique de sa stratégie qui devait lui ramener une alliance confortable au sommet, comme il l’a eu en 2012. Une fois la sérénité retrouvée de ce côté, il revient à sa réalité, qui est celle d’avoir eu tout au long de sa mandature à disposer d’hommes d’Etat compétents, fidèles et loyaux, comme éléments à part entière de sa stratégie, sur qui il peut encore bienheureusement compter pour faire des résultats. Les nouvelles alliances sont les bienvenues mais à l’heure actuelle le pouvoir doit se focaliser sur les résultats et surtout les livrables de 2021. 2021 est crucial pour le président. A défaut d’un Premier ministre, il devra faire preuve de plus de vigilance quant au tâtonnement des uns et des autres et s’impliquer d’avantage dans le processus de “getting things done”.

La vendange ne fait que commencer et déjà les récoltes sont mirifiques avec les alliances acquises. Au moment où la coalition au sommet se fragilisait alors que le pouvoir avait besoin de toutes les ressources disponibles pour pousser son Plan Sénégal Émergent, Idrissa Seck, Oumar Sarr et Aïssata Tall Sall sont venus courageusement, leurs partis en bandoulière, conscients de leur rôle d’homme politique, consolider l’édifice.

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Les faits ne disent de manière évidente rien d’autre que ça. Toutes ces autres histoires illusoires (de troisième mandat, partage de gâteau, déficit d’éthique, poulain de président pour 2024), relèvent de l’argumentation ad populum. A défaut d’un discours argumentaire axé strictement sur des faits avérés, certains préfèrent plutôt enflammer les passions et préjudices propres à causer l’hystérie des masses. L’on reconnaît la compétence politique à la capacité de nouer des alliances. L’on ne fait pas la politique avec ses parents et amis, l’on est contraint à aller au-delà. Quand le président le fait tant mieux. Le travail colossal de transformation de notre société avec le Plan Sénégal Émergent est inclusif – le président n’entend pas le faire seul, il ira chercher tous les gens qui lui sont utiles et y compris ses proches collaborateurs compétents aujourd’hui écartés pour des raisons tactiques.

iniang@







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