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Le Gouvernement Face À La Presse : Mauvais Concept, Mauvais Timing

Le Gouvernement Face À La Presse : Mauvais Concept, Mauvais Timing

Un gouvernement sérieux, sous l’autorité du président, autrement appelé Exécutif, doit faire face au peuple et à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas à la presse que l’Exécutif doit faire face. La presse n’est que le relais, il n’est pas le mandant du gouvernement.

Je pense qu’il y a une mauvaise interprétation des rôles et responsabilités. Le gouvernement est redevable et comptable devant le peuple. En faisant face au peuple, il peut communiquer sur ses réalisations vis-à-vis des objectifs que celui-ci lui a assignés en lui donnant mandat. Dans ce vrai face-à-face gouvernement et peuple, la presse s’emparera de ce qui lui importe le plus pour analyser et amplifier.

Il fallait dire « Le gouvernement face aux Sénégalais », pour éviter une théâtralisation de l’événement où la presse joue la vedette et mène le bal. Cela crée un effet blow-up qui rend le gouvernement incompétent, le peuple aveugle et la presse inutile. En parlant aux sénégalais, le gouvernement aurait parlé aussi indirectement à la presse, mais le peuple et le gouvernement auraient été dans leurs vrais rôles.

La vérité est que les démocraties sont de plus en plus piégées par un combat de coqs entre gouvernements et presse où le peuple mandant joue le rôle de dindon de la farce.

Nous attendions que le gouvernement fasse face à l’immigration clandestine meurtrière, aux conséquences économiques dévastatrices de la Covid-19, au manque criant d’eau et aux conditions de vie difficiles des populations. Ensuite, il pourrait faire face au peuple de manière continue pour dire comment il a atteint ses objectifs et quelles sont les prochaines étapes, en présence de la presse qui pourra ramasser, analyser et relayer ce qui l’intéresse le plus.

De toute façon, il est difficile de faire le distinguo entre gouvernement et presse dans notre pays. Les limites sont trop poreuses. Pour preuve, regardez autour du président. Il faut qu’il y mette de l’ordre, sinon c’est le dialogue de sourds avec à l’arrière-plan, le lot d’échecs des politiques publiques.

Une sagesse de chez nous disait que la parole pleurait, et on a demandé à la parole pourquoi elle pleure. Elle dit qu’elle pleure parce ce qu’on l’a prononcée au mauvais endroit, au mauvais moment et par le mauvais médium. Le timing était piètre. Moins de blabla et plus d’efficacité est ce qui est à la mode Covid-19. L’heure n’est pas aux théories justificatives des échecs mais aux discours sur les performances dans l’atteinte des objectifs.

Quand est-ce que le gouvernement fera-t-il enfin face au peuple et aux problèmes du peuple et cessera-t-il de faire face et palabrer avec la presse bavarde et gourmande de scoops people et de méga faits divers vaseux ?







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