Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt, l’article de l’ainé Pape Samba Kane, intitulé »Remaniement, et si on allait au-delà de l’anecdotique?’’, paru sur SenePlus. Article qui a inspiré et qui nourrit ce complément d’article, pour une relecture – voir même une méta-lecture – de la ‘’capture’’ des I.O.A (Idrissa, Omar, Aissata).
C’est encore un événement inédit dans la vie politique sénégalaise qui tout de même, il faut le rappeler, est née, s’est construite et s’est consolidée, hier, autour de regroupements politiques (PSAS/RDS ; PSS/BDS ; PRA/UPS ; ect.) et aujourd’hui autour de coalitions et de fronts (Pôle de Gauche, Front pour l’Alternance, Benno, Nouvelle majorité présidentielle). Et sous ce rapport, la pratique et l’histoire politique sénégalaise enseignent et renseignent que des retrouvailles inédites, qui furent impensables et inimaginables à leurs époques respectives, se sont réalisées au fil du temps. Comme entre Lamine Guèye et Abass Guèye, entre Lamine Gueye et Senghor, entre Wade-Landing-Bathily-Dansokho, entre Abdou Diouf-Jean Paul Dias, Serigne Diop et Ousmane Ngom, etc. C’est cela aussi, le charme de la politique sénégalaise.
Macky, sur le divan, comme sujet psycho-politique
Et depuis, l’analyse sur les tenants et les aboutissants d’un tel arrangement-remaniement, a été davantage vue sous l’angle des entrants ‘’’A.O.I’’ (Aissata-Omar-Idy), moins sous l’angle de l’appelant (le président Macky Sall). Macky, comme sujet psycho-politique, c’est la psychologie appliquée à la politique, la rencontre de l’Être (l’homme sans épithète, Macky Sall) et de la chose (la politique, le gouvernement de soi d’abord puis l’art de gouverner la cité). Ainsi, nous ‘’empruntons’’ à l’ainé Pape Samba Kane, le sujet psychologique (le président Macky Sall), pour le mettre sur le divan du Think Tank Africa WorldWide Group. Tant il est vrai que la condition humaine n’est pas seulement composée de chair, de sang et d’os, mais aussi de neurones, un cerveau, de sentiment, de croyance, de certitude, de doute, de peur… En un mot, l’homme est aussi (état) esprit. Parce que l’homme est à la fois et sous le même rapport, un individu (échantillon biologique) et une personne (catégorie sociale), au sens socio-anthropologique du terme.
Le patron et le chef, deux profils ‘’nuancés’’
Chez les leaders, il y a des profils psychologiques qui n’existent, ne se révèlent à eux et ne se posent contre les autres, que dans et devant l’adversité. Au point qu’à l’absence de toute conflictualité – diffuse ou apparente – ils ne sont pas. Il leur faut, à ces profils psychologiques-là, en constance et en permanence, être sur le front, comme en période de guerre – même froide -, pour retrouver la plénitude de leur être. Parce que dans leur ADN, ils sont chef et ne voient qu’en chef et n’interagissent qu’en chef. Toujours donc au-dessus de la mêlée, en donnant le ton aux hommes et en imprimant le rythme des choses. Toujours garder la situation en main, quoiqu’il advienne, quitte même à jouer avec le feu. Jouer au »Badou mën lépp. Xàllal-léen ko yoon wi’’…
Par contre, il y a aussi, toujours chez les leaders, des profils psychologiques à l’opposé du profil psychologique du chef. C’est celui du patron. Le patron, il n’est pas un va-t’en-guerre ou du moins, il n’engage la guerre que quand il a la certitude -’’Yaqiin’’- qu’il la gagnera, même si ce sera une victoire à l’usure. Suivez mon regard…. Qui a parlé de Mimi, d’Amadou Ba ou d’Aly Ngouille Ndiaye ?
Tellement le patron a lu et relu ‘’l’art de la guerre de Sun Tzu’’. Chez le profil psychologique du patron, ce n’est pas par le vide autour de lui, qu’il existe, qu’il est et qu’il se réalise. Le patron a besoin d’être entouré, bien entouré et pas par n’importe qui. Le patron, il est très sélectif pour choisir son premier cercle, sa ligne Maginot, son rideau de fer. Car, pour autant le patron a besoin d’une protection, d’une garde rapprochée contre l’adversaire – et la meilleure des tactiques, serait alors d’avoir l’adversaire à ses côtés et en convertissant le rapport de conflictualité (l’adversité) en une relation pacifiée (amitié) d’une part et d’autre part, le patron a besoin de nourrir sa réflexion stratégique par l’expérience des uns (longévité et profondeur politique) et l’expertise des autres (audace et pensée hors-cadre). Surtout, si on veut croquer le fruit défendu (rires).
Et c’est là où l’article de l’ainé Pape Samba Kane, nous inspire, nous parle, nous interroge. Et si notre bien-aimé, notre cher président Macky Sall était du profil psychologique de celui du patron ? Fort bien.
Les ‘’manques d’Amath, d’Ousmane et …..d’Ablaye’’
A l’absence d’Amath Dansokho, d’Ousmane Tanor Dieng, de Bruno Diatta et à la présence dépassée et essoufflée de Moustapha Niass, le président Macky Sall était vraiment seul et en solitude, au sens de ‘’wéet’’. Et pour le profil psychologique du patron, la solitude est dangereuse et non souhaitée. D’abord pour sa propre santé psychique, pour son équilibre d’ensemble. Ensuite, pour la République et le Sénégal dont il est le capitaine du navire et qu’il gouverne par décret. Depuis la plus haute des stations. Notre bien-aimé, le président Macky Sall, est un ‘’zoon politikon’’, au sens philosophique du terme et sens pour lequel, Aristote dit que c’est dans la nature de l’homme de se comporter comme un citoyen, d’avoir pour sa cité un attachement tel qu’il exposera sa vie pour la défendre après avoir consacré une part importante de son temps à ses institutions. Et en tant que tel, le président Macky Sall, aurait-il fini d’intégrer que pour sa propre stabilité psychologique et dans l’intérêt suprême de la nation, la place du vétéran (avant l’heure) politique, le ‘’verbe politique’’, l’ancien employeur devenu employé (c’est du vrai Kouthia TFM) qu’est Idrissa Seck qui avant tout, après tout et par-dessus tout, reste et demeure un ‘’grand wame’ à l’endroit du président Macky Sall, selon une tradition et une sociologie bien sénégalaises, était auprès de lui, avec lui, à ses côtés et non plus en face de lui, contre lui et loin de lui. Pour combler le vide et le manque….. d’Amath. Qui mieux que la socialiste ‘’stylée’’, la raffinée Aissata Tall Sall, l’éloquence et l’élégance, la rythmique et l’énergique, pour combler le vide et le manque d’Ousmane ? Qui mieux que le libéral Omar Sarr, tel un sphinx, manœuvrier politique de haute voltige, le ‘’frère’’ sans épithète, pour combler le vide du …..‘’père », le président Abdoulaye Wade. Eh oui, croyez-moi. Même si la nature est un vivant temple où des personnes peuvent laisser parfois sortir de confuses paroles, sur le plan politique, le président Macky Sall reste pour le président “Ablaye Wade’’, sa plus grande fierté. Et le président Abdoulaye Wade demeure pour le président Macky Sall, son plus grand honneur. Malgré les vicissitudes de la vie, inhérentes à la politique.
Pour paraphraser le poète Joachim Du Bellay, le Think Tank Africa WorldWide Group déclame pour notre bien-aimé le président Macky Sall : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage (son parcours politique).
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, (la plus haute des fonctions)
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents (Wade et la famille libérale) le reste de son âge !
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group