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Le Triomphe De L’absolutisme À Rewmi

Le Triomphe De L’absolutisme À Rewmi

Vendredi dernier, le député rewmiste Déthié Fall a vertement critiqué la politique agricole du gouvernement lors de l’examen du budget du ministre de l’Agriculture. Pour se faire plus féroce, il a développé son argumentaire en paraphrasant son leader Idrissa Seck sous le registre de l’humour : « La vision de Macky Sall doit désormais quitter Diamniadio pour rejoindre la vallée du fleuve Sénégal, les terres de l’Anambé où il y a des hectares qui peuvent être utilisées. Au cours de ces 10 dernières années, les factures céréalières sont comprises entre 200 et 300 milliards FCFA concernant les importations. Si vous traduisez cela en chiffre d’affaires, on peut réserver les 30 à 40 % comme masse salariale, ce qui équivaut à 90 milliards FCFA. Si on prend un jeune, on lui alloue 3 millions de salaire annuel, l’équivalent de 250.000 FCFA mensuel, on aurait aujourd’hui sorti 30.000 Sénégal du chômage ».

Une critique objective qui est à l’évidence une solution pouvant être proposée dans la lutte contre l’émigration irrégulière. Déthié Fall a l’habitude de paraphraser son mentor Idrissa Seck à chaque fois qu’il veut flétrir ce qu’il estime être le « manque de vision du président Macky Sall ». Lequel, selon le leader de Rewmi — du moins avant qu’il ne réintègre la majorité présidentielle — pense que tout doit être concentré dans la région de Dakar qui ne représente pourtant que 0,3% du territoire national. Bien évidemment, le fait de rappeler les propos sarcastiques d’Idrissa Seck à ce moment précis où il est en pleine lune de miel avec le président de la République n’était pas innocent dans la tête de Déthié Fall.

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Toujours est-il que ses propos ont été mal reçus par Idrissa Seck, son leader politique, qui a convoqué fissa une réunion du secrétariat national de son parti à Thiès pour sanctionner le téméraire député rewmiste. Lequel a été limogé de ses fonctions de vice-président du parti Rewmi. Si certains responsables de cette formation avancent que leur « frère » est intervenu à l’Assemblée nationale sous le coup de la colère parce que ne faisant pas partie des bienheureux qui ont bénéficié d’un maroquin lors du dernier remaniement, Déthié Fall lui-même dément une telle justification sur sa page Facebook en ces termes : « Je précise aussi à l’opinion nationale et internationale que je n’ai jamais été demandeur ni d’un poste de député ni d’un poste de ministre auprès de qui que ce soit. Je suis un professionnel qui a toujours gagné sa vie dans le privé. Mon engagement politique reste exclusivement orienté au service du peuple sénégalais. »

Une manière pour lui de freiner ceux qui l’accusent d’être frustré et aigri parce que n’étant pas invité au festin gouvernemental. En tout cas, dans le communiqué sanctionnant la réunion du secrétariat national de Rewmi, il est indiqué que la nouvelle ligne communicationnelle de Rewmi n’admet plus qu’un mot qui fâche le Prince émane de la bouche d’un responsable parce que le Dialogue politique et le Covid-19 ont éteint toute discussion critique contre le régime. Pourtant, le discours responsable et empreint de patriotisme de Déthié Fall, en ce qu’il préconise des solutions à un problème national, aurait dû lui valoir un brevet de satisfecit assorti du déroulement d’un tapis rouge. Mais que nenni ! Il ne faut pas réveiller le courroux du Prince. Ce qui veut donc dire que, à Rewmi, fini le temps des critiques puisque Idy et les siens avalent goulûment la soupe « mackyiste ».

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Dorénavant, le discours du nouvel allié du président Macky Sall doit être décliné sur le mode des inflexions politiques quand bien même il serait sinueux voire tortueux. Les démons d’hier sont devenus les anges d’aujourd’hui, par conséquent on ne peut plus les enduire de noir. Il faut caresser les nouveaux amis dans le sens du poil, il faut les pouponner. Alors toute voix discordante qui briserait la belle entente entre « mbourou ak sow » serait comme un cheveu dans la soupe. Peut-être que le pauvre Déthié Fall n’avait pas encore appréhendé tous les enjeux autour de ce mariage politique entre la carpe et le lapin. Par conséquent, il doit se tenir à carreau et rabattre son caquet. A défaut, il court le risque d’être jeté aux orties par les hiérarques de Rewmi.

Pourtant à y voir de près, le désormais ex-vice-président de Rewmi, en tant que parlementaire — et non comme un militant de la formation « orange » — n’a fait que mettre le doigt sur le mal et préconiser une solution qu’il estime pertinente. L’intérêt national transcende les contingences partisanes. Et en proposition une solution à l’épineux problème de l’émigration clandestine, Déthié Fall n’a fait que son travail de parlementaire. Mais son seul tort, c’est de nager dans un parti où, en fonction des nouvelles épousailles, les fidélités aux idéaux commencent à vaciller, où les principes périclitent, où les convictions s’oxydent et se drossent sur l’écueil des nouveaux intérêts du Rewmiste en chef.

La nouvelle doctrine de Rewmi, c’est la pensée unique, la seule autorisée par l’omniprésente police de l’opinion du chef. La nouvelle ligne de communication du parti, c’est de se renier, c’est de renoncer à une valeur qui est fondamentale dans le libéralisme : la liberté d’expression. Un parti libéral est assis sur un socle de libertés plurielles dont la plus fondamentale est sans aucun doute la liberté de pensée et d’expression.

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A Rewmi, on verse dans le déni de cette liberté au nom de la nouvelle sacro-sainte alliance avec le président Macky Sall. On assiste donc dans ce parti au triomphe de l’absolutisme au détriment de la liberté de pensée et d’expression. Ce qui fait de Rewmi un parti désincarné parce que privé de sa valeur-liberté quintessentielle.







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