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PrÉsident, Quand Vous Vous Adresserez À La Nation, Le 31 DÉcembre

PrÉsident, Quand Vous Vous Adresserez À La Nation, Le 31 DÉcembre

Monsieur le président Macky Sall, notre unité nationale et notre cohésion sociale sont encore fragiles. La Casamance en est suffisante pour l’illustrer quand les surenchères politico-médiatiques les révèlent au grand jour. Monsieur le président, ce qui vous a fait élire, au-delà du décret divin, est le fait aussi que les Sénegalais.e.s, dans leur majorité, se reconnaissent en vous et votre itinéraire leur parle. Le Sénégal est un pays multiculturel et multilingue. Et vous êtes multiculturel et multilingue. Président, vous êtes polyglotte dans nos langues africaines (que nous préférons à la notion de langue locale), non pas parce que vous parlez plusieurs de nos langues du terroir, mais en fonction des situations, vous vous devez d’utiliser et de parler plusieurs langues.

Monsieur le président Macky Sall, ne commettez pas l’une des erreurs du président Abdoulaye Wade qui, en son temps, a pris fait et cause pour l’unilinguisme et pour l’uni-communautarisme – ce qui était de nature à creuser davantage la fracture sociale et l’unité nationale -. Président, continuez à être au-dessus de la mêlée, à surfer d’une langue à une autre, d’une communauté à une autre. Parlez aux uns et aux autres. Surtout en ces périodes difficiles où la parole peut éclairer, peut soigner, peut requinquer, peut dissiper les malentendus et les sous-entendus et surtout, la parole mobilise les forces et libère les énergies.

Monsieur le président, dans la perspective de votre prochaine adresse à la nation du 31 décembre 2020, le Think Tank Africa WorldWide Group, vous prie, après vous avoir exprimé en français qui est la langue officielle de la République du Sénégal, de vous exprimer en wolof, en pulaar, en sérère et de vous faire transcrire et de lire votre adresse en mandingue. Même si ce ne sera pas aussi fluide que dans les trois premières langues dont vous êtes un locuteur. Au moins. Des trois langues que vous parliez parfaitement, vous, d’origine pulaar, de culture sérère, de modernité wolof et de mandingue en situation.

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Président, toutes les communautés au Sénégal se reconnaissent en vous, parce que vous êtes le modèle le plus ancré dans le caractère indivisible du Sénégal, dans notre pluralité dans le respect de nos singularités, dans notre multiculturalité et dans notre multilinguisme, vous le pulaar identitaire, le sérère de naissance, le wolof d’adoption, le mandingue en situation et le ‘’toubab’’ d’ouverture. Et profondément africain.

Monsieur le président Macky Sall, le plus grand service que vous pouvez rendre au renforcement de notre unité nationale, à notre cohésion sociale et à l’actualité de nos langues africaines et partant, parler à la plus grande majorité de votre peuple (85% de la population), sans filtre et directement dans leur cœur et dans leur raison, est de vous exprimer lors de votre adresse à la nation du 31 décembre 2020, en plus du français (comprise par 37% de la population), en wolof (40% de la population), en pulaar (26% de la population), en sérère (10% de la population) et en mandingue (9% de la population). Quand des traductions de votre adresse à la nation se feront dans les autres langues locales codifiées.

Monsieur le président, ce n’est pas parce qu’une langue est parlée par 40% de la population sénégalaise qu’elle en serait sa langue nationale, mais plutôt, c’est la somme arithmétique et géométrique des langues les plus parlées en termes de locuteurs (wolof, pulaar, sérère, mandingue, c’est 85% locuteurs de la population sénégalaise). Ce qui fait qu’au Sénégal, nous avons des langues nationales -parce que nous sommes un pays multilingue- et pas une langue nationale, parce que nous ne sommes pas un pays unilingue. Ne pas confondre donc, une langue du commerce, des échanges, du marché et de l’urbanité qu’est le wolof qui est au Sénégal, ce que la langue anglaise est à la globalisation financière et au monde des affaires, et ce que la langue française fut au siècle dernier pour les intellectuels et les artistes: la langue poétique et de…. l’amour.

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Monsieur le président Macky Sall, cette année 2020 a été particulièrement difficile et compliquée aussi bien pour nous que pour vous, pour votre gouvernement, pour l’Etat du Sénégal et pour les vaillant.e.s Sénégalais.e.s de la diaspora. Il est arrivé à un moment où le peuple n’entend plus ni vos ministres, ni votre gouvernement, ni vos partisans, mais le peuple vous écoute, vous, et est à votre écoute.

Président, le peuple est à votre écoute sur le PAP2A. Le peuple vous écoute sur les questions difficiles, sur la question migratoire, sur le secteur de la pêche, sur la campagne de commercialisation de l’arachide, etc. Mais aussi et surtout, monsieur le président, le peuple vous écoute sur les transformations positives dans le domaine des infrastructures routières, dans le domaine de l’énergie, dans le domaine budgétaire, dans le domaine numérique, dans le domaine agricole et dans bien d’autres domaines, qui ont fini même dans la grisaille, à laisser percevoir un  »espéranto », ces espérances collectives. Président, dites-nous en wolof, en pulaar, en sérère, en mandingue, les sacrifices et les efforts qui sont attendus du peuple et ce que ce dernier est en droit d’attendre en retour. Monsieur le président, en nous parlant dans des langues de 86% du peuple. Parlez-nous des questions d’essence, de quintessence et de sens (l’économie, la santé, la sécurité, le social) plus que des épiphénomènes (la chose politico-électorale et le jeu des acteurs).

Monsieur le président Macky Sall, des mutations profondes sont en cours au Sénégal depuis 2000. Des mutations qui peuvent déboucher sur des perspectives heureuses qui peuvent dépasser même vos propres attentes. Ce peuple sénégalais, trans-générationnel, trans-partisan et trans-électoral, vous a toujours marqué sa mobilisation et sa disponibilité sans précédent à vous accompagner, à vous suivre. Mais, président, vous avez cessé de parler à ce peuple-là, à nous parler depuis 2014, en ne parlant qu’à la classe politique, qu’aux masses-médias et aux ‘’autres’’. Parlez-nous, parlez au peuple dans la pédagogie qui sied et dans la langue qu’il parle et vous vous rendrez compte par vous-même.

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Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group







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