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DÉconfiner Et DÉcoloniser Les Économies Africaines

DÉconfiner Et DÉcoloniser Les Économies Africaines

Le double choc d’offre et de demande provoqué par la crise sanitaire du Covid-19 atteint pratiquement toutes les économies de la planète, projetées dans une ère d’incertitudes radicales, à l’exception d’une Chine résiliente. Et inscrit de ce fait une archive supplémentaire au chapitre de la nécessaire bifurcation structurelle des économies africaines.

Pandémie, confinements et « colonialité » économique

Bien que représentant moins de 3 % des cas officiels de Covid-19 dans le monde, l’Afrique subit durement les incidences de la crise mondiale avec des millions de femmes et d’hommes basculant dans l’extrême pauvreté et le sous-emploi. Elle connaît sa plus sévère récession depuis un quart de siècle, avec un recul de – 3,3 % du PIB par rapport à l’année précédente.

Les transferts de fonds des migrants, qui supplantent chaque année l’aide publique au développement et sont si utiles aux ménages démunis, devraient eux aussi être amputés de plus de 20 % en 2020 (18 milliards de dollars). Selon la Banque mondiale, la production par habitant risque ainsi de régresser à son niveau de 2007 sur le continent ! La mécanique de cette récession en Afrique est pourtant essentiellement importée de l’extérieur.

En effet, exceptée l’Afrique du Sud qui compte le plus grand nombre de cas de Covid-19 sur le continent, c’est essentiellement le recul des économies industrialisées qui pénalise les économies africaines. Les mesures de confinement destinées à limiter les risques sanitaires des grandes économies ont ralenti l’activité mondiale, entraînant l’effondrement de la demande de matières premières et de leurs cours, le pétrole particulièrement. Ce coup de frein violent a déprimé l’activité en Afrique, fait chuter l’emploi, les revenus des acteurs économiques et les comptes publics. Les déficits publics ont explosé – bien moins, toutefois, qu’en Europe et aux États-Unis – et l’endettement est remonté à la limite de la soutenabilité pour certains pays.

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De tels chocs exogènes répètent une vieille antienne : chaque soubresaut des économies industrialisées se répercute, à des degrés et intensités divers, sur les économies africaines. Ce qui est en cause, c’est la dominance de la spécialisation historiquement coloniale dans l’exportation de matières premières, faisant de la géographie économique continentale un prolongement spatial de facto des économies industrialisées, un sous-espace taillé pour les besoins des industries étrangères. On peut ainsi parler de « colonialité économique ».

En effet, mutatis mutandis, la globalisation des modes de production et les grandes mutations de l’économie mondiale n’ont pas modifié la place de l’Afrique dans les processus productifs globaux. Ses structures institutionnelles, productives, monétaires et financières, ses infrastructures, son cadre d’incitation et de formation continuent de privilégier la déterritorialisation des ressources naturelles au lieu de leur transformation, et l’importation des produits manufacturés.

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