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45 Ans De Léthargie : Le Mémorial De Gorée N’est Plus Pertinent

45 Ans De Léthargie : Le Mémorial De Gorée N’est Plus Pertinent

Le projet Mémorial de Gorée date de 1975. «Dès 1975, le Président sénégalais Léopold Sédar Senghor avait émis l’idée d’édifier un monument en hommage à l’Afrique», lit-on dans le site officiel du projet Mémorial de Gorée.

Prévu sur la corniche ouest de Dakar, sur une superficie de 2,5 ha, et jusqu’à 2020, il est loin de sortir de terre. 45 ans de léthargie. Entre-temps sur le long de la même corniche dakaroise, la Place du Souvenir africain, érigée, est fonctionnelle, le Monument de la Renais­sance africaine, inauguré en 2010, déroule son programme national, panafricain. De l’autre côté, le Musée des Civili­sations noires a ouvert ses portes le 1er décembre 2018 et développe des expositions riches et attractives et des initiatives novatrices. Le Musée Théodore Monod, opérationnel avant les indépendances, regorge de pièces historiques et accueille des expositions et activités de haute facture. L’île de Gorée, classée patrimoine mondial de l’humanité, abrite la mythique Maison des esclaves. L’île-mémoire accueille des centaines de milliers de citoyens du monde par an. Dans ce périmètre réduit jonché d’insfrastructures de qualité qui nous rappellent notre histoire, la mémoire de l’Afrique, le projet Mémorial de Gorée perd sa pertinence. La mission du projet est pleinement assumée par Gorée, la Place du Souvenir africain, le Monument de la Renaissance africaine, le Musée des civilisations noires entre autres.

Le projet Mémorial de Gorée devient caduc. D’ailleurs, comment un Etat peut continuer à allouer chaque année un budget à un projet mort-né et à financer une fondation en sommeil du projet ? Traversant trois régimes, confié depuis plusieurs années à un poète, Amadou Lamine Sall, ancien agent du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Culture, le projet Mémorial de Gorée souffre de top-management et de démarche inclusive.

Depuis 1975, le projet végète, tourne en rond, recule et s’abîme dans le néant comme Locataire des néants, pour paraphraser le porteur du projet, le poète Amadou Lamine Sall.

«En 1986, le Président Abdou Diouf décide de donner corps à cette idée», informe toujours le site web du projet Mémorial de Gorée. Et suivent les appuis financiers d’institutions internationales, souligne le site web. Mais le très officiel site web n’informe pas sur le soutien financier effectif et réel de l’ancien Président du Nige­ria, Ibrahima Babangida, d’institutions identifiées et des personnalités noires américaines.

C’est en 1997 qu’un concours international d’architecture est organisé pour la conception du complexe culturel. Le lauréat est annoncé le 14 septembre de la même année. Il s’agit de l’architecte italien Ottavio Di Blasi. Et l’origine européenne de l’architecte (à tort ou à raison) a rendu réticents bon nombre d’Afri­cains et Afro-descendants.

Le site renseigne que le président de la République Macky Sall décide de réanimer la Fondation Gorée et le projet du complexe culturel. Le premier Conseil d’administration de la Fondation, qui s’est réuni en juillet 2014, confirme la mise en œuvre du projet architectural conçu par Ottavio Di Blasi. Et pourtant, le coût global du projet n’est toujours pas retenu.

Et jusqu’à présent, ça tourne en rond.

Que faire, Monsieur le président de la République, ce projet n’est plus d’époque ? Les missions et objectifs sont remplis par d’autres importants espaces de valorisation du panafricanisme et de la civilisation noire.

-La République devrait se donner les moyens consistants pour sauvegarder l’île de Go­rée, menacée par l’érosion cô­tière.

-La République devrait réhabiliser le mausolée de Cheikh Anta Diop à Thieytou (Diour­bel) et la route qui va vers ce sanctuaire, pour des raisons de ressourcement.

Le musée-mémorial Ndatté Yalla à Dagana, le mémorial le bateau Le Joola en cours de réalisation, Yang Yang, d’autres lieux de mémoire dans les régions du Sénégal méritent d’être réhabilités ou érigés pour la sauvegarde et la vulgarisation de la mémoire collective et de l’identité nationale.

Aliou LY

Coordinateur du Réseau des acteurs culturels indépendants du Sénégal (Racis)

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