Nous prenons notre plume le cœur meurtri et lourd. Nous avons tous été anéantis face à l’affligeante histoire du décès récemment survenu de notre fils, neveu. Le monde de la petite enfance est bouleversé et réalise les lourds manquements et chantiers auxquels il est confronté. Nos pensées vont évidemment à la famille et à l’ensemble des personnes qui ont perdu des êtres chers dans des circonstances accidentelles.
Nos enfants perdent la vie pour causes d’accidents domestiques faute d’ignorance et de manque de compétences. En 2017, selon l’Ansd, les niveaux de la mortalité des enfants se déclinent comme ci-après.
Durant les cinq dernières années, sur 1 000 naissances vivantes au Sénégal, 42 enfants sont morts avant d’atteindre leur premier anniversaire (28 sont morts dans le premier mois de vie). Près d’un enfant sur 18 est mort avant d’atteindre l’âge de cinq ans (56 décès sur 1 000 naissances vivantes). Le taux de mortalité infanto-juvénile affiche 56%o en 2017. Ce taux augmente considérablement suivant la situation économique des familles. Nous rappelons également que 30% des cas d’hospitalisation sont dus à la malnutrition. En 2018, notre pays accueillait 800 mille naissances.
Au Sénégal, les crèches ne sont ni réglementées ni normalisées. Le personnel y exerçant pas forcément formé. Or dans le monde, les experts sont en perpétuel recherche sur la petite enfance, les neurosciences, la nutrition infantile. Chaque année, des avancées notoires sont observées et mises au grand jour au service des professionnels.
L’Institut académique des bébés – Iab recense depuis quelques années les signalements d’incidents dans les structures d’accueil et croise les statistiques issues de l’Ansd, de l’Anpectp et de certaines Ong. Il a mis en place un programme approprié pour professionnaliser le secteur.
S’occuper de nos tout-petits va au-delà de l’alimentation et ne se limite pas au changement de couches. Trois facteurs fondamentaux essentiels la caractérisent, notamment la protection, la stimulation et l’alimentation. Il est impératif de poser le débat sur l’importance de la formation des professionnels pour une bonne prise en charge globale de nos tout-petits.
Nous entendons le désarroi des structures de la petite enfance qui se ruent vers les professionnels de secourisme pour se former en gestes de premiers secours. Mais nos tout-petits ne méritent-ils pas une réflexion plus approfondie ? Leur accompagnement pour favoriser le développement global et cognitif de nos enfants requiert une solution pérenne qui œuvre dans une démarche constructive et déterminante pour changer à jamais l’état actuel de ce secteur. Elle se matérialise et passe nécessairement par la capacitation, la formation, le renforcement de capacités du secteur. Avoir un enfant, aimer un enfant ne vous donne pas l’expertise. Cela s’apprend et englobe des caractéristiques techniques spécifiques qui ne s’acquièrent que par l’acquisition de connaissances théoriques et pratiques.
Cette perte terrible réveillera les consciences, nous l’espérons, et sauvera d’autres enfants en formant des personnes qualifiées.
Elle poussera les parents à être regardants sur les crèches. Choisir votre crèche avec des critères centraux : la formation du personnel, l’approche appliquée, l’adaptation de votre petit bout.
Nous devons exiger l’expertise et la qualité au sein de l’ensemble des structures. Demandons également la finalisation du décret relatif aux crèches et sa validation !
Nous apportons notre humble contribution sur la fausse route alimentaire chez le bébé.
Comment éviter la fausse route alimentaire chez le bébé ?
Une fausse route alimentaire arrive quand un aliment ou un liquide se trompe de chemin et passe par les voies respiratoires. Elle peut entraîner une suffocation et une toux de courte durée.
C’est la deuxième cause de décès accidentel chez l’enfant après les accidents de la route.
80% des enfants faisant une fausse route ont moins de 3 ans. A cet âge, ils ont tendance à mettre les objets à la bouche fréquemment. De plus, leur système de déglutition n’est pas encore totalement mature et ils ont des difficultés à mastiquer.
Comment doit se comporter le professionnel pour éviter les fausses routes alimentaires ?
Pour éviter les fausses routes, le professionnel doit :
Eviter toute perturbation sonore : l’enfant peut être perturbé au moment de la déglutition par le son de la télévision, de la radio, les bruits de la rue…
Ne pas parler quand l’enfant mange : il faut toujours attendre que l’enfant ait avalé avant de lui parler.
Ne jamais presser l’enfant qui mange : ne présenter qu’un plat à la fois sur la table et ne pas évoquer le temps qui passe. Il faut toujours attendre que l’enfant ait avalé pour préparer une nouvelle cuillère, en lui répétant à chaque fois de «mâcher» et «d’avaler».
Vérifier toujours la texture de l’aliment (moulinée, liquide, en morceaux…) avant de le donner à l’enfant.
De même, il faut faire attention à ne pas leur laisser de morceaux avec des petits os ou des arêtes, car les enfants voient moins bien que les adultes.
Comment limiter les risques ?
Pour prévenir les accidents, il faut être très vigilant, surtout pendant les repas. L’enfant doit être bien assis à table ou dans sa chaise haute, le plus droit possible. Le professionnel doit toujours être présent lorsque l’enfant prend son repas. Il ne faut pas laisser un enfant courir avec des aliments dans la bouche. Son repas ne doit pas durer plus de 20 mn afin qu’il ne relâche pas son attention et risque d’avaler de travers. Il faut aussi garder hors de portée des jeunes enfants les jouets contenant de petites pièces.
Quelle conduite adopter face à une fausse route alimentaire ?
Tant que l’enfant tousse, ne pratiquer aucun geste, attendez qu’il expulse le corps étranger. Si l’enfant manque d’air et commence à s’étouffer, en revanche, il faut agir vite et le premier réflexe est de contacter les secours.
En attendant, vous devez pratiquer la manœuvre de Moferson. Cette méthode consiste à libérer les voies respiratoires du nourrisson. Elle est utilisée lorsqu’un objet est coincé dans la gorge du nourrisson et l’empêche totalement de respirer : on n’entend aucun son, ni cri ni pleurs.
Pour expulser le corps étranger, il faut selon Moferson :
Placer l’enfant le long de votre bras à plat ventre sur votre cuisse fléchie (sa tête est dirigée vers le bas, au-delà de votre genou).
Avec la paume de votre main, donner cinq claques fermes et rigoureuses entre ses omoplates.
Poursuivez la manœuvre jusqu’à ce que le corps étranger soit expulsé.
Même si l’élément est dégagé et que l’enfant retrouve ses esprits, une consultation médicale s’impose.
Les aliments à risques ?
Il faut noter que certains aliments présentent des risques comme :
Les fruits à coque (cacahuètes, pistaches,…) qui sont déconseillés aux moins de 6 ans.
Les fruits et légumes durs (pomme, céleri, haricots verts, etc.)
Les fruits possédant des noyaux.
Les tomates, les cerises, et autres doivent toujours être coupées en deux ou quatre parties.
Les saucisses qu’il faut toujours trancher dans les sens de la longueur et en petites rondelles.
Les textures molles du genre mies de pain ou collantes (bonbons) qui sont susceptibles de se coincer dans la gorge et d’obstruer les voies respiratoires.
Les comprimés et gélules qui ne sont pas indiqués chez les enfants de moins de 6 ans, sauf avis médical.
Les médicaments liquides qui doivent être donnés doucement à l’aide d’une pipette que vous pouvez diriger vers l’intérieur de la joue de l’enfant pour lui permettre de mieux l’absorber.
Le professionnel de la petite-enfance doit être en mesure de respecter tout ce qui vient d’être énuméré, afin de préserver la santé de l’enfant.
De ce fait, il doit avoir :
les compétences requises (être formé à bonne école et dans une institution reconnue),
la formation adéquate (disposer des diplômes),
éviter de travailler dans des crèches non formelles,
être toujours vigilant,
avoir un sens aigu de l’observation et de l’écoute.