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Dakar, Ville OccidentÉe

«Occidenté ». Mot-valise combinant « occidentalisé » et « accidenté ». C’est le qualificatif que donne à Dakar le dramaturge, écrivain et acteur culturel sénégalais, feu Oumar Ndao, auteur du beau livre Dakar, l’ineffable, qui vient d’être réédité en poche*. La capitale sénégalaise, partie continentale de l’Afrique la plus avancée dans l’océan Atlantique, est en effet à l’ouest. Et parfois, « complètement à l’ouest ».

Dakar tient finalement en deux aspects : « l’occidenté » et l’imprévisibilité. D’abord, « l’occidenté ». Ces situations cocasses où les oripeaux architecturaux coloniaux, les tentatives de remises en ordre et de mises au pas, héritées d’une administration calquée sur celle de l’Europe, entrent en collision avec l’exubérance autochtone et ses protubérances « rurbaines ». Ainsi, les perspectives rectilignes qui témoignent d’un vrai plan d’urbanisme du centre-ville, de la Médina attenante et des quartiers (Sicap, Mermoz, HLM) créés dans les années 1960 et 1970 par le président-poète Léopold Sédar Senghor ont vite fait de céder le pas aux ruelles en oblique et chaussées à dos d’âne non conventionnelles des nouveaux quartiers.

Résistance par l’inertie

Dans la ville « moderne », des quartiers qui se désignent eux-mêmes comme des « villages traditionnels » font de la résistance, avec une grande force d’inertie. Dakar n’a pas été « fondée » en 1857, comme le prétend l’histoire officielle. Les villages des « Lébous », cette branche des Wolofs qui parlent une langue aux tournures typiques avec un vocabulaire spécifique très vaste, étaient déjà là depuis des siècles. Les Lébous, qui ont majoritairement rallié la confrérie musulmane layène, ont leur « grand Serigne de Dakar », qui leur tient lieu de roi coutumier.

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Les Layènes, dont le fondateur est considéré comme une réincarnation africaine et musulmane de Jésus, sont entre autres à Cambérène [proche banlieue de Dakar]. Là-bas, ils font bloc contre la connexion de deux bouts d’autoroute par un pont déjà construit, qui se trouve pile devant le mausolée du fils aîné et premier khalife du Mahdi fondateur. Et le pont trône là, sur la plage, incongru comme une chèvre perchée sur un poteau électrique.

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