Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Assises Pour La Diaspora Et Quoi D’autre Encore, Monsieur Mamoudou Ibra Kane ?

Assises Pour La Diaspora Et Quoi D’autre Encore, Monsieur Mamoudou Ibra Kane ?

Quelle drôle d’idée de songer ne serait-ce qu’une seule fois à des Assises pour la Diaspora ! Pour faire quoi au juste, monsieur Mamoudou Ibra Kane ? Réunir des experts à la petite semaine, payés grassement sur nos maigres deniers publics et en conclave dans un hôtel huppé de la Capitale ou sur la petite côte au bord de l’Océan Atlantique, le temps d’un week-end, sous la présidence effective du chef de clan Macky et de sa cour de troubadours, pour produire un document – programme détaillant à la virgule près tous les mécanismes à mettre en oeuvre en vue de régler tous les problèmes de la Diaspora sénégalaise dans son ensemble. Et pour nous dire quoi ? Des choses que l’émigré, même installé durablement à l’étranger, n’a jamais pensées. Cette façon assez singulière de procéder, est-ce quelque chose de nouveau à Ndoumbélane ? Non, monsieur. Nos concitoyens sont tellement habitués à ce méli-mélo qu’ils en perdent la tête en raison même de la propension de ces experts désignés ou présentés comme tels à considérer les gens du peuple comme immatures pour comprendre les enjeux qui se cachent derrière toutes les politiques publiques.
 
Combien de séminaires ou d’ateliers de travail sont organisés depuis des décennies sans le moindre résultat significatif sur la vie de nos concitoyens ? Des centaines voire plus. Organiser un séminaire est devenu une sorte de conte de fée que nos politiciens professionnels tirent de leur chapeau de magiciens, de piètres sophistes en vue d’une part de mystifier le peuple en lui faisant croire que l’Etat est engagé pleinement pour satisfaire ses revendications et d’autre part de se saisir de cette opportunité pour repousser aux calendes grecques le traitement de telles demandes. Personne n’est dupe dans ce pays des manœuvres d’une certaine presse.
 
Que le journaliste Mamoudou Ibra Kane nous dise, qui sont ces voix fortes qui réclament la tenue des Assises pour la Diaspora ? Et pourquoi au juste s’agripper sur ce tableau sombre et macabre pour appuyer une telle demande ? La mort atroce de nos compatriotes, somme toute regrettable et ignominieuse un peu partout à l’étranger, ne doit en aucune manière servir de caution morale pour permettre à une certaine élite de surfer sur ce drame pour se positionner et parler pour le compte des ressortissants sénégalais de la Diaspora. Qui vous a mandaté ? Et puis, toutes ces personnes et toutes ces familles qui ont perdu un fils, une fille, un parent, un oncle, une tante, des soutiens, n’ont jamais senti la présence de l’Etat à leurs côtés bien avant la survenance de tels drames macabres. A vrai dire, les émigrés sénégalais sont juste considérés comme des vaches à lait ou comme des électeurs à convoiter ou à acheter. Ni plus ni moins.
 
Organiser des Assises pour la Diaspora pour régler quoi, monsieur Mamoudou Ibra Kane ? Dénoncer et condamner ces morts atroces interminables. Même mille séminaires ne permettront pas de régler la question. Nous devons dépasser le temps des indignations où plane une certaine émotion et prendre à bras le corps le problème par des mesures fortes. Et, c’est là où, nos compatriotes attendent le pouvoir. Mais, malheureusement, l’Etat du Sénégal traîne le pied. Un Etat responsable et soucieux de la sécurité de son corps social ne doit pas être frileux et a le devoir de porter ces combats pour que justice se fasse dans le respect et la garantie des droits des victimes sénégalaises.

A LIRE  SAUVER L’ÉTHIOPIE D’UNE EFFROYABLE CATASTROPHE EST UNE EXIGENCE COLLECTIVE AFRICAINE

Dites-nous, monsieur Mamoudou Ibra Kane, qu’est-ce qui peut justifier cette frilosité dont fait preuve l’Etat du Sénégal face à une recrudescence d’assassinats sauvages de nos compatriotes à travers le monde ? Combien de fois, nos compatriotes émigrés sont abandonnés à leurs propres sorts par nos autorités étatiques ou par nos représentations diplomatiques ? Combien de fois, nos concitoyens de la Diaspora sollicitent sans succès nos autorités consulaires pour le rapatriement d’un corps ? L’autorité est très souvent aux abonnés absents. Même nos droits les plus élémentaires comme l’obtention d’une carte d’identité ou d’un passeport (sésame indispensable pour obtenir le renouvellement d’un titre séjour et d’une carte de travail) sont négligés et sont au demeurant une souffrance innommable pour beaucoup d’émigrés sénégalais. Et ces nombreuses tracasseries administratives n’émeuvent personne. Cette absence de l’Etat est très souvent palliée bon gré mal gré par des associations d’émigrés. C’est le lieu de souligner et de déplorer sans surprise véritable l’inertie des députés de la Diaspora, qui en réalité, ne représentent qu’eux-mêmes et n’ont aucune utilité pour les émigrés sénégalais.
 
Qui plus est, les ressortissants sénégalais de la Diaspora ne demandent que le respect de ces droits là et sont plus peinés par le sort peu enviable de nos concitoyens vivant au pays de la Téranga dans une certaine forme de dénuement, de précarité et de terreur, par un émiettement progressif de leurs droits et libertés par le régime du chef de clan Macky Sall. La seule demande qui vaille des ressortissants sénégalais de la Diaspora à l’encontre du chef de clan Macky Sall, est la suivante : c’est d’arrêter la politique politicienne, travailler  pour une amélioration substantielle des conditions de vie de nos concitoyens, de laisser les coudées franches à la justice pour qu’elle fasse son travail avec courage et responsabilité, respecter les lois et règlements du pays, d’arrêter de bafouer les droits et libertés des citoyens sénégalais, de terminer son second et dernier mandat dans la dignité et dans l’honneur, travailler et encore travailler davantage pour essayer de rattraper le temps perdu à cause des manigances et autres scandales à répétition de son régime de prédateurs de nos deniers publics, de faire amende honorable et de demander le pardon du peuple après son entreprise de sabotage et de destruction des valeurs qui fondent notre volonté de vouloir vivre ensemble.
 
Ce ‘’Ndeup’’ national que vous jugez utile en raison d’une < liste exhaustive de drames mettant en scène des émigrés sénégalais et la lancinante problématique de l’émigration clandestine avec son lot de morts et de fonds engloutis >, n’est qu’une certaine forme de pis-aller pour vous épargner de votre mission en tant que journaliste, de cerner en toute objectivité les contours de la question migratoire et de pouvoir  faire la part des choses en situant sans ambages la responsabilité des uns et des autres. En réalité, ce que nous attendons de vous, c’est d’être plus mordant et de faire preuve de courage intellectuel, mais non de nous livrer une chronique sans consistance réelle voire sans intérêt et qui, à bien des égards, ressemble plutôt à une plaidoirie de populiste.
 
En effet, que faut-il penser de cette assertion ? <Tueurs en toute liberté sous la présidence de Trump qualifié de *suprématiste blanc en chef *, les assassins des Diol doivent maintenant subir le sort qu’ils méritent sous l’administration Biden >. Elle laisse penser que les tueurs de nos compatriotes – que le Seigneur des mondes leur accorde le pardon et leur ouvre les portes de la félicité éternelle – étaient sous protection de l’administration Trump aux relents racistes. C’est à la fois faux et erroné de procéder à de telles déductions. Et pourtant, c’est la même administration. La police n’obéit pas aveuglément aux ordres d’un Donald Trump comme chez nous à Ndoumbélane avec le chef de clan Macky Sall. La police américaine a fait son travail pour procéder à l’arrestation des assassins de la famille éplorée des Diol indépendamment de la couleur politique du président en exercice. Pourquoi, dans votre chronique, vous distillez par ci et là  des termes comme autodafé ou suprémaciste pour accréditer le mobile raciste du crime alors que l’enquête n’a pas encore fourni d’éléments pouvant accréditer cette thèse. Même si nous savons tous que la ségrégation raciale aux Etats-Unis d’Amérique est native et est au fondement même de sa démocratie, d’où aujourd’hui encore la pertinence et le combat pour les droits civiques.
 
Par ailleurs, le temps, il faut l’avouer, n’est guère clément pour les Sénégalais, l’est-il pour nos concitoyens vivant au Sénégal ? Il faut savoir raison garder et se débarrasser d’un certain chauvinisme, d’un rejet systématique de la faute sur les autres qui nous fait  porter des œillères pour cacher les nombreuses tares de notre société. Combien de nos concitoyens ont subi des exactions sordides au Sénégal et que leurs auteurs sont en fuite. Et pourtant, nos forces de l’ordre, jours et nuits sont à leur trousse en vue de leur arrestation. Cette diligence que nous accordons volontiers à nos propres troupes, pourquoi donc, devons-nous la refuser à d’autres sous le prétexte que leur chef en l’occurrence Donald Trump est un suprémaciste blanc ?
 
Enfin, monsieur Mamoudou Ibra Kane, il faut laisser tomber cette idée saugrenue des Assises pour la Diaspora. Il y a d’autres choses à faire au Sénégal et qui doivent mobiliser toute notre énergie. On peut citer entre autres l’injustice qui prévaut à Ndoumbélane, qui est une autre forme d’insécurité plus pernicieuse qui plane sur nos têtes comme une épée de Damoclès, l’arbitraire, les abus de pouvoir, un délabrement très avancé de nos structures sanitaires dans cette période critique de Covid, le pillage de nos ressources publiques, l’instrumentalisation de la justice, la corruption à toutes les strates de la société, une injustice sociale exacerbée, le bradage de nos potentialités économiques au profit d’étrangers, le lobbying d’une certaine aristocratie maraboutique, leur silence coupable sur les souffrances de nos concitoyens, les scandales à répétition qui jalonnent la gouvernance vicieuse et nauséabonde du chef de clan Macky Sall, la protection des pilleurs chevronnés de nos deniers publics, une démocratie bafouée et piétinée, la complicité d’une certaine élite intellectuelle, les attaques du régime contre les droits et libertés des citoyens sénégalais garantis par la constitution, etc.
 
Hélas ! monsieur Mamoudou Ibra Kane, vous avez assez de matières à traiter pour permettre à chacun et à chacune de mesurer la gravité de la situation du pays et de pouvoir prendre en toute responsabilité la position que lui dicte une conscience éclairée et libérée des manœuvres dilatoires d’une certaine presse inféodée au pouvoir du chef de clan Macky Sall et affranchie à toute forme de mystification maraboutique qui empêche d’appréhender le réel.
massambandiaye2012@gmail.com 
 
 

A LIRE  LA DEMOCRATIE A-T-ELLE REGRESSE SOUS LE PRESIDENT SALL ?


Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *