C’est un plaidoyer qui me tient à cœur. Je voudrais juste alerter et attirer l’attention de nos dirigeants africains sur le phénomène des fuites de cerveaux. Basta d’envoyer nos meilleurs élèves et étudiants en Europe pour former notre élite. Les élèves sénégalais ou africains en général, peuvent bien se former dans les meilleures conditions en Afrique.
L’idéal pour l’élève africain a toujours été de décrocher le baccalauréat avec mention (Bien ou Très-bien de préférence), d’obtenir une pré-inscription et de prendre un vol pour l’Occident afin de bénéficier d’une meilleure formation universitaire. Ce vœu, à la limite du viscéral, s’accompagne d’innombrables sacrifices qui, à y voir de plus près, en valent la peine. Il se réalise pour certains qui voient ainsi ouvertes les portes de la réussite et d’un succès triomphal ; et reste un rêve pour d’autres.
En tant qu’étudiant, je ne cesserai jamais de rabâcher ce cri du cœur dans mon pays le Sénégal qui continue d’envoyer ses meilleurs élèves en Europe. Et la plupart de ces cracks restent pour de bon en Europe, pour servir l’Occident. D’autres ne tiennent plus le moral pour affronter les conditions extrêmement difficiles que demandent les études supérieures. Le cas de Diary Sow en est une parfaite illustration. Présentée comme un crack qui ramasse et amasse les prix d’excellence et les meilleures moyennes au Sénégal, tout le monde lui prédisait un avenir radieux. Tout le monde avait de l’espoir pour elle. Hélas, la meilleure élève du Sénégal a craqué en Occident parce qu’elle a «perdu son papa», parce qu’elle a vu «ses notes baisser» d’un cran, parce qu’elle a «manqué de la chaleur familiale»…. Pourtant cette surdouée avait toute l’intelligence pour réussir et devenir une grande femme intellectuellement bien lotie pour se hisser dans l’élite des grands savants africains. Bref, réussir professionnellement.
Dans ce sillage, l’épanouissement professionnel est, en Afrique, synonyme d’études supérieures en Occident. Nos élites ont préparé et soutenu leurs thèses et autres mémoires hors du continent. Cela aurait été bénéfique pour l’Afrique si ces têtes bien faites rentraient au bercail pour travailler ou investir. Mais il n’en est rien pour l’écrasante majorité.
Il est temps que l’Afrique dise catégoriquement Non. Maman-Afrique doit en avoir assez de vivre cette fuite de cerveaux dont elle a le plus grand besoin pour son développement. Nonobstant qu’elle ne se voit plus obligée de s’incliner devant les multiples et divers affronts occidentaux, elle le réclame pour son développement. La meilleure solution pour que l’Afrique se libère totalement du joug occidental (et timidement mais sûrement oriental) est de former ses élites en se dotant d’une université capable d’accueillir ses derniers, une université à la hauteur du génie et du talent africains : l’université de l’Excellence Africaine.
Certes, ce projet exige de gros moyens mais avec l’appui des 54 pays du continent, il pourra voir le jour. Il ne requiert l’impossible, juste le strict nécessaire. Apprendre et réussir en Afrique, c’est bel et bien possible !
Seynabou DIOUF
Etudiante en licence 2 en Sciences Economiques et de Gestion à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
zeyna2609@gmail.com