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Affaire Diary Sow, Du Buzz Compassionnel Au Bad Buzz

Affaire Diary Sow, Du Buzz Compassionnel Au Bad Buzz

« Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. » Depuis son retour discret à Dakar, après une fugue entre France et Belgique qui aura suscité l’émoi des Sénégalais pendant près de trois semaines, Diary Sow médite-t-elle cette maxime inspirée du destin funeste du consul romain Marcus Manlius Capitolinus ?

Cinq ans après avoir reçu tous les honneurs pour avoir vaillamment défendu la colline du Capitole contre les Gaulois, celui-ci fut reconnu coupable de vouloir instaurer une tyrannie, puis précipité du haut de la roche Tarpéienne, située sur la même colline. Diary Sow a, elle aussi, connu une gloire éphémère avant de s’exposer à la vindicte de ceux qui l’avaient encensée. En guise de colline : médias et réseaux sociaux.

Lauréate en 2018 et 2019 du concours général, Diary Sow portait en sautoir le titre – officieux – de « meilleure élève du Sénégal » avant de quitter son pays pour le prestigieux lycée Louis-le-Grand, à Paris, où elle était scolarisée en deuxième année de classe prépa scientifique.

Entre-temps, à 20 ans à peine, elle s’est offert le luxe de publier un premier roman chez L’Harmattan, Sous le visage d’un ange. Parrainée par le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, chargé par son père, malade à l’époque et depuis décédé, de veiller sur l’enfant prodige, elle a même été reçue en audience par le président Macky Sall.

Buzz et mobilisation

Promise à une brillante carrière, la jeune étudiante disparaît sans laisser de traces au lendemain du Nouvel An, après avoir passé un bref séjour à Toulouse durant les vacances. En quelques jours, sur les réseaux sociaux, les Sénégalais sonnent l’alerte. À Paris, la diaspora se mobilise, colle des affiches et distribue des flyers dans le quartier de Paris où elle logeait en cité universitaire.

D’El País au New York Times, en passant par les principaux titres francophones, les médias font écho à cette disparition mystérieuse pour laquelle l’ambassade du Sénégal à Paris, à l’instigation de la présidence, saisit le service de police français en charge des « disparitions inquiétantes ». Qu’est-il arrivé à Diary Sow ? Le buzz et la mobilisation ne cessent d’enfler.

Trois semaines plus tard, la brillante étudiante réapparaît virtuellement. Son parrain publie en effet sur son compte Twitter une lettre d’explications de sa filleule authentifiant que son départ était volontaire : « Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus, puisqu’il n’en a aucune », résume-t-elle, avant de rentrer discrètement au pays en esquivant prudemment les médias.

Face à ce dénouement pourtant heureux, l’empathie de ses compatriotes cède alors la place à l’ironie, voire à l’indignation. « Pauvre gamine ! Il lui reste à affronter les regards et les langues. Dure, dure la chute des stars ! », commente, en privé, une personnalité politique sénégalaise qui s’était, parmi d’autres, mobilisée pour alerter les médias européens au moment de sa disparition. « Le ministre Serigne Mbaye Thiam aurait pu lui trouver une ‘jolie » excuse : excès de stress, coup de fatigue extrême, etc. Culturellement, il est difficile d’accepter qu’elle ait pu laisser sa  mère et sa famille souffrir juste parce qu’elle a ‘le droit de disparaître’. C’est une notion très occidentale », ajoute la même source.

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