« Nous ne sommes rien sur terre, si nous ne sommes pas d’abord l’esclave d’une cause, celle des peuples et celle de la justice et de la liberté.» dixit Fanon
Depuis un certain temps, le Sénégal est traversé par une ligne de fracture ouverte qui agit en lame de fond et qui, plus est, présente des symptômes de chaos qui posent une sérieuse hypothèque sur les bases de la stabilité du pays et sur la cohésion nationale. La politique de l’autruche, qui se voile la face pour ne rien voir, n’augure rien de rassurant pour les destinées nationales surtout dans un contexte de surenchères entretenu par un pouvoir obsédé par une démarche progressive de réduire l’opposition à sa plus simple expression.
En tout état de cause, il est toujours de bon aloi que le parti au pouvoir soit la première force politique à accepter de se soumettre aux servitudes de la démocratie quel qu’en soit le prix à payer.
François Mitterrand disait au sommet France Afrique de la Baule que : « le respect du jeu démocratique est une exigence contraignante pour toute la classe politique ; mais il l’est davantage pour le parti qui exerce le pouvoir ».
Il est regrettable de noter que le régime en place n’a cure de la bonne marche du jeu démocratique et, est plus que déterminer à user de tous les subterfuges pour anéantir un adversaire politique par tous les moyens non- conventionnels pour conforter des privilèges et des prébendes acquis à travers des forces d’immobilisme et d’inertie tapies à l’ombre, jouant au pyromane en posant une hypothèque sérieuse sur la paix civile et sur les acquis démocratiques et ce, dans le dessein perfide d’imposer un totalitarisme marron-beige sans aucune forme de contestation légale .
Inutile de rappeler le bilan tristement célèbre de ce soi-disant « génie politique » selon ses ouailles qui en vérité, n’est rien d’autre qu’un héros de poster vindicatif prompt à user de moyens répressifs de l’état pour éliminer des adversaires avec un manque d’élégance politique déconcertante.
Mais en fin la politique étant une affaire de « gentleman agreement » il n’est pas à la portée de tout le monde.
Wade a été, l’opposant le plus farouche, le plus redoutable de l’ancien président Abdou Diouf mais jamais, ce dernier n’a usé de moyens aussi funestes pour venir à bout de lui.
Hier c’était la traque des biens mal acquis, d’histoire de caisse d’avance et aujourd’hui des accusations fallacieuses de viol présumé ayant comme corollaire une chasse à l’homme dirigée vers une seule et même corporation politique dont le seul tort est d’empêcher ce régime de sombrer dans des dérives autoritaires aux conséquences désastreuses pour les populations.
Face à cette situation, il appartient aux forces démocratiques, de toute extraction, de faire chorus pour exprimer une désapprobation unanime contre de telles mesures liberticides qui rament à contre-courant de la tendance générale de l’évolution démocratique dans le monde. On ne peut servir Dieu et Mammon à la fois. Or, si de tels actes, en contradiction avec le cours de l’histoire, devraient prospérer, ce serait alors, en toute beauté, l’oraison funèbre de temps de sacrifice et de combat pour la démocratie qui subirait ainsi un enterrement de première classe pour notre jeune nation.
Tous les détachements du mouvement démocratique national (FRAPP – Y’en à marre – les organisations de masse et de la société civile) et les amis sincères de la démocratie doivent former un cordon de sécurité autour du Président de la République de manière à imposer un rapport de force favorable au maintien, à l’extension et à l’approfondissement des acquis démocratiques qui ne sont pas toujours irréversibles. C’est un secret de polichinelle de savoir que les acquis démocratiques ne sont ni définitifs ni irréversibles. Il est aussi vrai que la construction démocratique n’emprunte pas toujours une trajectoire linéaire et rectiligne. Elle peut également, selon l’état du rapport des forces, procéder d’un mouvement contradictoire tantôt ponctué par des avancées tantôt par des reculs. Pour toutes ces considérations qui précèdent, les forces démocratiques ont une obligation citoyenne d’alerte, de veille et de vigilance de tous les instants pour endiguer les dérives autoritaires qui posent une hypothèque sérieuse sur les avancées démocratiques.
A notre parlement, je vous dirais que, vous avez la chance de redorer votre blason en cessant cette mascarade qui consiste à vouloir ternir l’image d’un des leurs. Soyez grand par l’esprit et la raison en refusant à une certaine politique tout ce qui n’est pas de vertu.
L’assemblée nationale doit cesser de fonctionner comme un comité de claque pour se transformer en une véritable tour de contrôle inexpugnable qui exerce, de façon plénière, ses missions de veille et d’alerte par rapport à l’exécutif.
Sans la moindre prétention de m’ériger en donneur de leçons, je suis, tout de même, de ceux qui pensent que la politique se fait avec la tête et non avec les émotions. Elle ne s’accommode ni de pratiques sectaires d’exclusion ni d’un narcissisme qui ramène tout à sa personne. Elle procède d’une analyse sereine faite de sang froid, et surtout, sur des questions estampillées sensibles qui ne doivent pas être portées à la place publique.
Chers messieurs au perchoir d’orée, sachez que vous pouvez emprisonner les gens ; mais vous ne pouvez jamais les empêcher de manifester et de dire leurs opinions. Vous pouvez les bâillonner mais jamais vous ne réussirez à les faire cesser d’user de leurs esprits libres pour dénoncer vos dérives autocratiques.
Pastefment votre
BABOU Bamba