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La Grande Muraille Verte – Le Sénégal Joue Bien Sa Partition

La Grande Muraille Verte – Le Sénégal Joue Bien Sa Partition

Planter des arbres de Dakar à Djibouti a été une idée lancée par le Président Obasanjo, ancien Président du Nigeria, à l’occasion du septème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de la zone saharo-sahélienne du Circum-Sahara en 2005 (Censad) à Ouagadougou.

Le Président Abdoulaye Wade a proposé au Président Obasanjo de l’appeler Grande muraille verte (Gmv) en français et Great green wall en anglais. Et il en a été enchanté, répétant pour être sûr de ne pas se tromper «Great green wall», «Great green wall…». En sa qualité de coordonnateur du volet Environnement du Nepad, le Président Wade a été chargé par l’Union africaine de proposer le contenu du concept, préciser les mécanismes de réalisation et promouvoir le projet. Comme on le sait, le Président Obasanjo a quitté le pouvoir peu de temps après. Le Président Wade prit donc le projet à bras-le-corps.

La Grande muraille verte a pour objectifs de servir de mur de protection contre la désertification, de restaurer et valoriser les ressources, mais surtout d’unir les pays sahélo-sahariens en plantant des arbres de Dakar à Djibouti. Elle s’étend sur 7 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, largeur portée ensuite à 20 km avec une superficie de 11 millions 624 mille 500 hectares. Elle crée une économie forestière qui permet de lutter efficacement contre la pauvreté. C’est sans nul doute le plus grand projet fédérateur du continent avec un intérêt planétaire reconnu et accepté par la communauté internationale. Un Professeur de l’Université des Nations unies de Tokyo, lors d’un exposé que le Président Wade faisait sur cette question devant les Professeurs et les étudiants, n’a pas hésité à le qualifier de plus grand projet du siècle. La Grande muraille verte est une réponse aux changements climatiques du fait de ses capacités de captation de gaz à effet de serre et d’édification d’une véritable économie forestière. Il s’agit, à travers ce projet, d’apporter des solutions aux problèmes environnementaux de l’Afrique, notamment la désertification, la dégradation des terres, les vents de sable, l’aridité et le manque d’eau.

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L’initiative de la Grande muraille verte a réuni les pays africains et les partenaires internationaux dans un projet qui a pour ambition de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d’emplois d’ici 2030.

Le projet de la Gmv suppose le schéma institutionnel de coordination suivant :

Deux composantes régionales ont été définies à travers deux Unités de coordination sous régionales (Ucsr) : Composante I (Ouest) : Le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Nigeria ; Composante II (Est) : Le Tchad, le Soudan, l’Ethiopie, l’Erythrée et Djibouti ;

Une Unité de coordination nationale (Ucn) dans chaque pays traversé par la Gmv dotée d’un Comité technique national ;

Une Agence panafricaine de la Gmv pour assurer la coordination régionale.

La Gmv est un projet porteur pour l’humanité et pour les générations futures. Face aux échéances de 2030, où la population africaine atteindrait 1,7 milliard, nous n’avons plus le droit de regarder, impuissants, la destruction de notre patrimoine. Le Président Wade a eu à prendre l’initiative, après concertation avec certains chefs d’Etat et de gouvernement, de convoquer à Dakar les 29 et 30 mars 2006, une réunion des ministres chargés de l’Environnement qui a examiné et adopté notamment le document d’avant-projet Gmv, ainsi que les critères pour le choix du tracé et la sélection des espèces végétales. Des résultats et recommandations importants sont sortis de cette réunion et transmis à tous les pays membres, par l’intermédiaire du secrétariat général de la Censad. L’Union africaine a adopté lors de la 8ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement tenue les 29 et 30 janvier 2007 à Addis-Abeba (Ethiopie) la déclaration 137 (VIII) approuvant l’initiative «Gmv du Sahara». Conscient de la nécessité de faire le point et de passer à la phase opérationnelle, le Président Wade avait jugé utile de convoquer une conférence ministérielle portant sur la Gmv, les bassins de rétention et la Haute autorité du désert du Sahara les 12 et 13 février 2008 pour : décider des modalités opérationnelles de mise en œuvre de ces programmes et examiner dans un tour de table les dispositions de contributions des bailleurs au financement des trois projets, unir tous les pays concernés dans un même combat, restaurer et valoriser les ressources naturelles des zones traversées.

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La montée des conflits et de l’insécurité au Sahel freine encore un peu plus ce projet. Mais le rêve de la grande muraille se poursuit en vert et contre tout.

De nouveaux financements à hauteur de 10 milliards de dollars américains ont été alloués à l’Initiative de la Grande muraille verte pour le Sahel et le Sahara. Le financement donnera l’impulsion nécessaire à la restauration des terres dégradées, à la sauvegarde de la diversité biologique, à la création d’emplois verts, et au renforcement de la résilience des communautés sahéliennes. Emmanuel Macron, Président français, l’a annoncé lors du One planet summit biodiversité, co-organisé par la France, les Nations unies, et la Banque mondiale, et qui vient de s’achever. La Grande muraille verte a inspiré de nombreux pays africains qui lui sont désormais associés et ses travaux contribuent à la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020. La Grande muraille verte fait partie des campagnes mondiales emblématiques dont l’achèvement est prévu au cours de la décennie sur la restauration des écosystèmes en 2030.

Au Sénégal, L’Agence nationale de la grande muraille verte, devenue Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte (Asrgmv), est chargée de mettre en œuvre cet ambitieux projet. La Grande muraille verte mesure 545 km de long sur 15 km de large, soit 8 175 km2 ou 817 mille 500 hectares ; et même si, compte tenu des activités humaines, 45% seulement du territoire doivent être reboisés, il restait en novembre 2015 environ 340 mille hectares à restaurer effectivement. Le chef de l’Etat sénégalais attache une importance capitale à la reforestation durable du territoire national (Pse-Vert) et à l’environnement d’une manière générale. Notre nouvelle politique environnementale consiste, en résumé, à préserver notre patrimoine forestier, aménager des espaces verts dans toutes les communes, et de planter des arbres le long des réseaux routiers et autoroutiers. Dorénavant, tout projet de lotissement doit intégrer un «volet paysage» préalable à toute délivrance d’acte administratif d’autorisation à titre individuel ou collectif. Les populations ont même été invitées à planter des arbres chez eux. Le 5 mars dernier, une réunion consacrée à la mise en œuvre de la Grande muraille verte a été présidée par le chef de l’Etat. Une occasion pour lui de demander une intensification du déploiement des programmes de l’Asrgmv à travers 17 directives présidentielles. En Conseil des ministres du 10 mars dernier, le chef de l’Etat a donné des instructions à ses ministres de l’Environnment et du développement durable et des Finances et du budget allant dans le sens d’acccéler la mise en œuvre de cet important projet africain auquel il attache du prix. Bien entendu, les actions seront exécutées par l’Asrgmv avec le concours des femmes et des jeunes, cibles privilégiées .

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Marie Bâ AIDARA

Economiste/Ecrivain

Ancien Ministre

mariebabacarba@gmail.com

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