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Malentendu

Malentendu

Une semaine aura suffi. Sans doute moins. La tempête s’est calmée. Les analystes décortiquent les discours et interprètent les signes à l’instar d’un bulletin météorologique. Sauf qu’il en faudra bien plus, en prenant surtout le temps et avec le recul, avant de livrer le plus pertinent.

En attendant, comme lors de l’apparition de cette pandémie qui n’en finit toujours pas, les paroles et les écrits charrient les points de vue de leurs auteurs sans jamais réussir à cerner totalement toute la problématique. La résilience a été le nouveau mot à la mode, utilisée partout et par tous. Dans cette crise encore difficile à qualifier, les lendemains nous laissent groggy, chacun reste encore sonné par ce tourbillon de violence.

L’appel au calme finira par être entendu. De part et d’autre, la voix de l’apaisement se fait entendre. De quoi éclipser la célébration du « 8 mars » et occulter toutes ces festivités folkloriques qui ont fini par faire de cette date une fête qui n’en est pas une. Dans son message à la Nation, le Président Macky Sall déclare : « chaque vie perdue est un deuil pour la nation ». Autres passages marquants d’un discours aux allures de profession de foi : « Je comprends la colère de la banlieue », « je comprends votre inquiétude. Je comprends votre mal-vivre ».

S’adressant à cette jeunesse qui s’exprime, prend position, débat, s’interpelle et se mobilise sur les réseaux sociaux, nouvelle agora moderne, avant de descendre dans la rue, après des mois de privation de leurs « espaces de loisirs ». « Il faut que jeunesse se passe et que vieillesse se fasse avant qu’on trépasse », dit la citation. Après les Assises nationales de l’Education, de la Politique, place aux Assises nationales de la famille.

Une idée suggérée par Dr Boubacar Camara, auteur de l’ouvrage philosophique : « L’Identité en questions : Réflexions autour d’un concept multiréfentiel », paru chez L’Harmattan Sénégal, en 2019. Lorsque la famille est interpellée en tant que gardienne, dépositaire et lieu de transmission d’éducation et de valeurs communes, c’est que la société est en crise ; et en temps de crise, les repères sont à terre car rien n’échappe à cet effondrement aussi brutal que soudain. Dans nos références communes, le 23 juin 2011 est vite convoqué, oubliant d’autres crises, survenues à d’autres dates, tout aussi virulentes et portées par la jeunesse.

En 2021, voici que le M23 semble être passé à la trappe, et voilà le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D). Sur les plateaux télé, toujours le défilé des débatteurs. Barthélémy Dias se fait percutant sur la SenTv et accuse le soi-disant commanditaire des nervis. Ce dernier transmet un démenti et clame son innocence au nom de la vérité des faits. Craignant peutêtre que les mêmes faits produisent les mêmes effets, comme pour Me Elhadj Diouf dont le domicile a été incendié et qui annonce une plainte contre Ousmane Sonko.

De son côté, Yakham Mbaye, Directeur général du quotidien national Le Soleil, pour sa deuxième sortie concernant « l’affaire », s’exprime encore sur la 7TV. Dénonçant le partage de ses contacts téléphoniques qui lui valent une avalanche de messages injurieux via sa messagerie WhatsApp.

L’écrivain Elgas, de son nom d’auteur (Souleymane Gassama à l’état civil) et auteur du roman « un Dieu et des mœurs » publié par Présence africaine, en 2016, s’intéresse (sans doute l’un des seuls) à la jeune femme par laquelle le scandale est arrivé. Une voix à écouter. Aussi. Quand un quotidien traite de « faux émissaires » des envoyés du Khalife, la précision ne se fait pas attendre.

Dans cette crise, l’incarnation du leadership n’est pas toujours là où l’on croit. Le Khalife général des Mourides incarnerait-il cette nouvelle figure du leadership ? La politique n’est-elle pas « l’art de la gestion des affaires de la cité » ? Les politiciens sont presque parvenus à nous rendre amnésiques de cette citation qui révèle le sens premier de la politique.

Enfin, nous ne pouvions terminer sans nous incliner devant la mémoire de deux figures emblématiques dans leur domaine respectif. L’historien et auteur Djibril Tamsir Niane et le leader du Ram-Dam, Thione Seck. Seulement, l’usage du direct reste inopportun dans ce genre d’événement. Un bandeau au bas de l’écran estampillé « Urgent » et des funérailles devant les caméras ; des sentiments et des émotions guettées, à la recherche de sanglots en direct et de voix à peine audibles sous le poids de l’émotion et de la tristesse.

Les smartphones sont aussi en mode tournage, histoire de graver en vidéo les obsèques d’une des plus grandes figures de la musique au Sénégal. La mort n’est pas un scoop et les funérailles d’un être cher, fut-il célèbre de son vivant, relèvent de l’intime.







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