Le combat de la femme ne saurait se limiter à la journée du 8 mars et les récents événements nous confirment si besoin en était la perception de la femme dans la société sénégalaise. Que représente la femme dans la société sénégalaise actuelle ? Quels regards la société, subissant de plein fouet une crise socio-économique sans issue, une crise des valeurs, une déperdition des mœurs, un avenir morose, adresse à la femme ?
Ce personnage entouré de mystères et aux mille visages représente la paix, mais provoque également la guerre en détruisant toute une Nation remplie d’espoir. Qu’en sont-elles de nos valeurs, de nos vertus etc. ?
Depuis la nuit des temps, toutes les grosses machinations, tous les sales coups ont été orchestrés avec la complicité ou l’exploitation de la femme. La femme est décrite en diablesse et accusée d’espionne, d’adultère, de haute trahison, de mensonges, de voleuse, d’infanticide, de criminelle et j’en passe etc. Pour vendre et commercialiser leurs produits, les sociétés publicitaires en font une déesse et son corps est exposé en «prostituée» fière de son client.
Malgré les décennies de luttes interminables qui ont été engagées pour éradiquer la perpétuation des violences, des abus et des exploitations sexuelles sur les femmes, le viol est devenu un fait banalisé. Souvent utilisé à des fins personnelles pour ne pas dire politiques, faisant que les victimes de viols risquent parfois de perdre toute crédibilité et/ou redoutant de porter plainte pour ainsi traîner des séquelles psychologiques le restant de leur vie. Elles sont seules dans leur douleur sans recours à la justice. Elles sont victimes et/ou complices d’une machination. Comment faire alors pour identifier et soutenir les victimes «victimisées» ?
Femmes, notre combat ne se limite pas au 8 mars, mais nous devons faire de sorte que nos paroles ne soient plus remises en question et que la vérité sorte toujours de la bouche d’une femme. Femmes pieuses et vertueuses, nos valeurs et notre bravoure ont été nos armes de bataille pour la liberté et l’acquisition de nos droits au respect et à l’égalité. N’acceptons pas de perdre cet acquis et de nous mettre à «nu» devant le peuple !
Attachons nos pagnes pour combattre cette nouvelle stratégie d’asservissement et de destruction de la femme sénégalaise ! L’incitation à l’autodestruction des femmes dans ce contexte de crise socio-économique est un acte malsain et ignoble. N’acceptons plus d’être déshonorée, de nous vendre à un vil prix qui ne nous permettra plus de reconquérir notre liberté !
A chaque fois qu’une femme pose un acte «ignoble», ce seront toutes les femmes actuelles et celles des générations futures qui en payeront le prix.
Vouloir transformer la femme en objet, en monnaie d’échange et l’accrocher aux biens matériels au vue du contexte de la crise socioéconomique, constitue un assouvissement de la femme et une entrave au chemin de sa liberté. Les défis et réussites des femmes dans le domaine des activités d’autonomisation et de survie démontrent encore une fois de plus leur capacité d’adaptation et de lutte contre la résilience. Ces stratégies de survie mises en place grâce à l’accompagnement de certains programmes nous font penser que le chemin est tracé, mais des efforts sont encore à déployer pour aider cette «gente» à se sécuriser davantage pour échapper à toute tentative nuisible.
Les progrès significatifs des jeunes filles au niveau de l’éducation, leurs intérêts pour les filières scientifiques nous requinquent d’espoir en vue de leur accès à l’emploi et une insertion socio professionnelle future. Les femmes devront se mobiliser en vue d’un meilleur accès des filles à l’école et la mise en place de programmes contre la déperdition scolaire et de programme d’apprentissage socio professionnel pour celles qui n’ont pas eu la chance d’une réussite scolaire.
L’investissement dans l’éducation socioculturelle de nos enfants, à travers certaines valeurs et vertus de «joom», «goree», «kersa», «russ», «doylu», «joomb» tant prônées pour un meilleur devenir de la femme qui serait la fierté de toute une Nation.
La femme est la gardienne du foyer, elle est mère, éducatrice, confidente, essuie les larmes, soigne les plus profondes plaies et frustrations. Elle est le socle de la société et joue souvent le rôle d’amortisseur social en cas de chocs. Chères femmes, retournons vers ces valeurs références pour nous ressourcer et revenir plus fortes que jamais et ne plus jamais accepter d’être «diverties».
La Journée du 8 mars doit être mise à profit pour servir de revue, d’évaluation exhaustive, objective et sincère de la situation des femmes (sénégalaises et africaines) au Sénégal et dans le monde.
Dr. Mame Safiétou
Djamil GUEYE
Sociologue
Expert en Genre et Politiques de Développement