Le Sénégal, l’Afrique et le Monde de la Culture célèbrent un homme. Un homme d’honneur, retenez le bien. Au Printemps d’une vie bien remplie, Amadou Mahtar Mbow commémore le centenaire d’une vie au long cours, parsemée de combats épiques dont les seules finalités étaient et sont encore le bien-être de l’homme, de l’humanité.
Homme d’honneur ! Oui, à 18 ans, il prend part à la Seconde Guerre mondiale sous le drapeau français. Ilrejoint l’armée de l’air en tant qu’engagé volontaire en mars 1940 pour la durée de la guerre. Démobilisé en octobre 1940, il est rappelé à l’activité en janvier 1943, avant d’être à nouveau démobilisé en 1945.
Homme d’honneur, il poursuit des études qui lui confèrent un curriculum hors du commun. Il poursuit des études d’ingénieur aéronautique en France tout en décidant de passer son baccalauréat en lettres modernes qui lui ouvre les portes de la Sorbonne. Il y obtient une licence ès-lettres d’enseignement et préside parallèlement l’Association des Étudiants de Paris puis fonde la Fédération des Étudiants africains en France. (FEANF).
Homme d’honneur, le ministre de l’Education et de la Culture qu’il devient en 1957-58 dans le Gouvernement Mamadou Dia de la période d’autonomie interne démissionne. Il fonde le PRA Sénégal avec Assane Seck, Abdoulaye Ly, Aly Bocar Kane, Thierno Bâ, Diaraf Diouf , Latyr Camara, etc. pour prendre part à la lutte pour l’indépendance. Les représailles ne tardèrent point. Pour notre plus grand bonheur, il est affecté au collège moderne Blanchot de Verly, comme professeur d’histoire et de géographie. Il sera l’un des tout premiers enseignants sénégalais à y servir.
Homme d’honneur, lui qui, toujours ponctuel, animé d’un sens aigu de justice et d’équité, savait maintenir l’ordre et la discipline et faire travailler dur, sans, pour autant, jamais avoir à punir un seul élève. Son autorité était, en effet, respectée de tous. Devant lui, chacun faisait preuve de “Kersa” et s’évertuait à soigner son paraître, sa conduite et, par-dessus tout, ses résultats scolaires. Point n’est besoin de deviner le capital de sympathie et d’admiration que tous ses élèves nourrissaient pour celui qui passait à leurs yeux pour un héros, incarnant de multiples valeurs cardinales car ils tombaient, à la fois, sous le charme de la clairvoyance du visionnaire, de l’engagement de l’homme politique, de l’ardeur du Militant Nationaliste et Panafricaniste et de l’encyclopédisme de l’homme de culture, pour ne citer que celles-là, à juste titre. Les compétences, le profil et le parcours n’ont jamais aveuglé cet homme de conviction pour l’empêcher de scruter l’avenir avec optimisme. Avec dignité.
Homme d’honneur, Oui, car comme le rappelle Charles de Gaulle : « Soyons fermes, purs et fidèles: au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont pas cédé ». Sa croisade pour un Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (NOMIC), loin d’être une bravade, paraissait suicidaire. Face à la puissance et à la force de frappe des grandes agences que sont, ou qu’étaient Associated Press, Reuters, l’AFP et la Soviétique Tass, Amadou Mahtar Mbow a su rester ferme, stoïque, héroïque. Il quittera l’UNESCO la tête haute, en homme d’honneur.
Homme d’honneur : Aujourd’hui, Mahtar MBow pourrait se délecter de sa victoire, avec l’éclosion et l’explosion des réseaux sociaux. L’information n’a plus de frontières ; le village planétaire de Mc Luhan est une réalité. La toile et le GSM sont arrivés dans les villages et tous les recoins de notre planète terre. C’était le combat d’une vie. Le combat d’un homme d’- honneur.
Le Maître : Il nous plait, nous Blanchotins, toutes promotions confondues, de saluer et d’honorer, un Homme, une Référence, un Symbole, un Monument. De glorifier le Maître qui restera ad vitam aeternam à la postérité. Car « L’homme est mortel de chair et de sang mais certains deviennent immortels par la pensée et les actes dans le temps. »..(DESCREA) Certains de ses élèves, se sont retrouvés, depuis une trentaine d’années et se sont constitués en Amicale, dénommée « le Blanchotin », pour vivifier l’« esprit de Blanchot » et, dans une certaine mesure, pérenniser les lumières du professeur Amadou Mahtar MBOW qui, sans conteste, en était l’essence dominante et l’inspirateur au quotidien. Il est le dernier survivant d’une race d’homme en voie d’extinction. De ceux qui savent encore dire non. De ceux qui veulent encore lutter pour leur peuple, leur pays, leur continent et le monde. C’est en cela que la vie et l’œuvre d’Amadou Makhtar Mbow méritent d’être magnifiées, contées et enseignées aux générations présentes et futures.
C’est le dernier des Mohicans
Bon et Joyeux anniversaire cher Maître !
Nos vœux sincères pour que le Tout-Puissant vous garde encore très longtemps en vie et en excellente santé, pour nous permettre de continuer à nous abreuver, encore et encore, à votre précieuse fontaine de savoir, de sagesse et de générosité.