Après une soixantaine d’années de souveraineté, nous en sommes toujours à peaufiner des plans pour notre développement. Il tarde toujours ce développement dont rêvait Senghor pour l’an 2000.
Avec quinze millions d’âmes sur notre sol et peut-être d’autres millions à l’extérieur, nos oreilles bourdonnent tous les jours de taux de croissance, de Pib, de budgets et autre inflation, bref de termes économiques qui sont loin de remplir nos ventres. Il est difficilement imaginable que le Sénégal était sur la même ligne de départ que la Corée du Sud en 1960.
Et ce pays du Matin calme de nous larguer depuis belle lurette se payant même le luxe de nous assister tout en oubliant pas de nous fourguer des voitures et des biens électroménagers entre autres. Et pourtant, nos ressources humaines sont de première qualité pour avoir fréquenté, pour certaines, les meilleures universités de ce monde. Nos cadres économiques qui semblent si inhibés dans les rouages de l’Etat brillent de mille feux dès qu’ils mettent les pieds dehors. Parce qu’ils y sont mieux rétribués mais surtout parce qu’ils évoluent dans des environnements qui favorisent le mérite et la compétence. Cet aspect financier très souvent occulté est pourtant très lancinant pour un pays qui se cherche. L’exemple de notre société de transport public, la Sotrac devenue Dakar Dem Dikk qui devrait réaliser des merveilles de résultats, est toujours à la traine avec des bus souvent en panne et des comptes plus rouges que verts. La plus grande trouvaille de ses dirigeants est d’abord de changer les couleurs des bus. Du vert au bleu hier et aujourd’hui en marron-beige, les DG cherchent à plaire à celui qui les a nommés en adoptant les couleurs du parti au pouvoir.
Loin d’être une opération de marketing, c’est un véritable gouffre financier qu’ils installent ainsi. Peindre des centaines et des centaines de bus ça ne doit pas être une mince affaire ! Cette société et une autre, la Lonase, ne demandent qu’à être bien tenues pour produire de probants résultats. On arrive difficilement à croire leurs bilans éternellement négatifs. C’est vrai, la Lonase aussi a changé son logo et fait du « rebranding » à coup de centaines de millions de francs ! Nous sommes dans le règne du tout politique. Où les partisans sont d’abord servis et bien servis au détriment d’autres Sénégalais plus compétents. Si on veut faire travailler tous les jeunes du pays, il faudra forcément installer le règne du tout-économique. Et espérer résorber ce lancinant retard dramatique qui depuis si longtemps nous plombe. Avec de grands managers à dénicher par celui qui nomme à tous les postes juteux de l’Administration.
Hélas, ces messieurs et dames compétents ne se trouvent pas nécessairement dans son camp. Ainsi vivra sainement la patrie au détriment du parti. Et nous aidera à sortir de cette liste des pays les moins avancés au monde qui ne nous rend guère fiers