Comme dans un rituel, la République a été à nouveau plongée dans une zone de forte turbulence. Les manifestations musclées sur fond de profond malaise politique, économique et social, rappellent à bien des égards celles de 2011, à la veille de la deuxième Alternance politique au Sénégal. Ă la différence que la vague de contestations qu’ont connu récemment la Capitale et plusieurs villes de l’intérieur, l’a été avec une violence inouïe et sans discernement de cibles, donnant rapidement le sentiment d’une situation quasi insurrectionnelle. Des pertes en vie humaine, plusieurs blessés et des dégâts matériels substantiels : une escalade désolante et révélatrice de la folle furie qui s’est emparée des manifestants, notamment les jeunes. Une vive tension aux allures de séisme expliquée largement par une double crise économique et sanitaire. Mais, pas que économique seulement … Car, d’autres facteurs non moins essentiels tels que la mise sous cloche des libertés publiques, sont venus se greffer à la morosité ambiante.
Un « Roi » isolé dans une cour de laudateurs
Un cocktail détonnant qui a du mobiliser toutes les énergies et autres ressorts de régulation sociale aux fins d’apaisement. Plus jamais ça, doit-on dire. Aujourd’hui, place aux enseignements pour faire prévaloir les intérêts de la patrie et entretenir l’espoir de voir enfin le Sénégal s’inscrire dans une voie de développement durable et inclusif. Dans son adresse à la Nation en date du 08 mars dernier, le président de la République a invité ses compatriotes à éviter la logique de la confrontation. C’est une bonne chose Excellence ! « Je vous ai entendu et compris… », a-t-il aussi lancé aux jeunes, partageant par la même occasion l’analyse qui veuille que les événements de mars 2021, sont une traduction du désespoir de la frange la plus importante de la population. C’est aussi une autre bonne chose qu’il l’ait compris de cette manière. Toutefois, on peut légitimement se demander comment la personne supposée la mieux informée peut passer à côté de tels signaux de détresse renouvelés depuis au moins trois ans ? En vérité, le Chef de l’Etat était bien enfermé dans sa tour d’ivoire, à la faveur d’un confort de système hyper présidentialiste. Dans son entourage immédiat, une flopée de courtisans techniques –pudiquement appelés faucons- grisés par les oripeaux du pouvoir, a contribué à l’isoler du Peuple et faire passer pour pertes et profits son bilan économique et social extrêmement important .J’en veux pour preuve voilà depuis quarante ans , que le parti socialiste est au pouvoir , c’est sous le règne du Président de la république Macky SALL , que mon terroir natal l’île à morphil est sorti de son enclavement endémique.
Quand les « rats » sortent du trou
En effet, après huit ans de pouvoir, il se peut, à juste titre, se prévaloir de réalisations-phares qui- quoiqu’on dise- ont impacté sur la trajectoire de développement du Sénégal. Mais, on est loin de l’époque où le candidat sillonnait le pays, à travers coins et recoins pour s’enquérir des conditions et niveaux de vie de ses compatriotes. Un bref coup d’œil sur son entourage actuel renseigne à suffisance que le locataire du Palais, a fini de faire le vide autour de lui. Où sont passés les compagnons des années de braise ? Des historiens du temps se remémorent de ses périples dans des lieux difficiles d’accès comme la zone sylvo pastorale et l’Ile à morphil, apportant la bonne parole et écoutant patiemment ses hôtes. Il s’est progressivement éloigné de l’idéal originel de 2012 quand il accédait à la magistrature suprême du Sénégal, aidé en cela par des thuriféraires qui écumaient plateaux et autres vecteurs de communication pour « consolider » les dérives mêmes autocratiques. Ceux-là mêmes qui avaient disparu des radars au zénith de la contestation. Dans ses moments de solitude, le président Sall a du certainement reconnaitre les siens. Ă l’exception du député Abdou Mbow et du ministre Abdou K. Fofana, ils s’étaient tous terrés, guettant le déluge ou la décrispation. Curieusement, ces « rats » ont repris du service depuis que le vent de la décrispation s’est levé. Abou KANE