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Pour Un Renouveau Liberal-social, Liberaux Et Democrates Du Senegal, Unissons-nous!

Pour Un Renouveau Liberal-social, Liberaux Et Democrates Du Senegal, Unissons-nous!

La problématique du renouvellement de la classe politique est toujours une question d’historicité. Elle est tributaire d’une dynamique faisant se rencontrer un ensemble de déterminants dont les plus essentiels sont le désir d’apporter des changements et le souci affirmé d’hommes et de femmes politiques de réaliser ce désir. Mais sa réussite dépend de l’aptitude de l’élite à élaborer de nouveaux paradigmes afin de remettre en question l’ordre établi et les acquis, à engager les réformes nécessaires et d’envisager un renouveau politique porteur de progrès.

Dans une démocratie, la recomposition de l’espace politique devrait servir à améliorer le système existant surtout quand le contexte laisse apparaître des risques de crises qui constituent un terreau où se développent tous les discours populistes, identitaires ou de régression. Alors que s’amoncellent les prémisses de crises multiformes que la pandémie à Covid-19 et les perspectives d’exploitation de nos réserves pétrolières et gazières risquent d’engendrer, les libéraux sont absents du débat de fond. Dans un tel contexte, il est impératif de jauger notre capacité à choisir l’audace des transformations qu’impose l’esprit du temps ou à contrario, ne pas se contenter d’une attitude homéostatique face à la dictature du verbe lénifiant et déconstructeur. Alors, il s’agit, dans un élan unitaire et trans-courant, de considérer l’intérêt général et de travailler à anéantir tout ce qui, de l’intérieur comme de l’extérieur, peut constituer une menace pour l’équilibre du pays. Certes, l’enjeu est de faire éclore, dans le jeu politique, la volonté de changement qui permet de résilier l’ancien afin qu’apparaisse le nouveau. Il s’agit aussi de donner corps aux décisions individuelles et collectives qui permettront de restructurer la démocratie, de régénérer une vie politique normée afin de résoudre les problèmes sociaux et économiques sur la base d’un ancrage idéologique assumé.

Alors, comme le pensait Thomas Sankara, “Nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité”. D’autant qu’ils sont en train de s’organiser en alternative pour lancer un défi à la République, à la démocratie et à la stabilité Rappelons qu’en novembre 1959, le parti social-démocrate allemand a tenu à Bad-Godesberg, un Congrès à l’occasion duquel une nouvelle orientation idéologique entre “le marxisme” et “l’économie sociale de marché”, est actée.

Ainsi, naquit la fameuse formule : «la concurrence autant que possible, la planification autant que nécessaire». Ces importantes mutations avaient permis l’élection de Willy Brandt à la Chancellerie en 1969. En France, pendantbl’été de 1971, le Congrès d’Épinay réalise l’unification des socialistes français sur une ligne d’union de la Gauche qui aboutit, plus tard, à l’adoption du Programme Commun avec le Parti Communiste Français. Dix ans plus tard, François Mitterrand devient le Président de la République. En Côte d’Ivoire, en mai 2005, les héritiers de Félix Houphouët Boigny créent une large coalition électorale, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).

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En 2015, leur candidat unique, Alassane Dramane Ouattara, est réélu à la Présidence de la République de la Côte d’Ivoire. Au Sénégal, l’histoire politique est marquée en 1957 par la fusion du Bloc démocratique sénégalais, de l’UDS, du Mouvement autonome casamançais et d’une fraction du Mouvement populaire sénégalais, pour donner naissance au Bloc populaire sénégalais. C’est, un an plus tard que le BPS fusionne avec le PSAS pour donner naissance à l’UPS qui a porté Senghor et Mamadou Dia au pouvoir.

A contrario, l’éclatement du PAI en plusieurs chapelles a rendu utopique la réalisation du “grand soir”. Toutes choses étant égales par ailleurs, Karl Marx nous enseigne que “ce sont les luttes de classes qui sont le moteur de l’histoire”, alors que la réalité contemporaine a prouvé qu’en politique, le rassemblement est toujours gage de succès et l’isolement, le plus grand facteur de déstabilisation. Mais, puisque seules les idées remettent en cause l’ordre social, force est de privilégier le primat de la pensée sur l’aveuglement. Cependant, quand l’entropie fait obstacle à l’épanouissement d’un dialogue fécond entretenu par l’énergie intellectuelle, les chantres de l’obscurantisme et de la manipulation des masses exercent leur emprise sur les peuples, font miroiter la paradis, installent le désordre pour s’emparer du pouvoir. Il convient de répudier cette fatalité diffusée continuellement dans l’opinion par des forces aveugles et néfastes.

Et, c’est là qu’il faut être vigilants pour détecter les mouvements obscurantistes en gestation et couper la route de leur radicalité. Pour cela, il convient de réinventer la réflexion constructive sur l’avenir du Libéralisme social et démocratique, afin de susciter le renouveau d’une pensée politique endogène. Alors, assumons l’héritage politique de Me Wade qui est une source d’opportunités de par son originalité, sa richesse et son legs historique et enrichissons-le de l’apport fécondant des autres valeurs tirées du socialisme démocratique.

A cet égard et en vertu d’une exigence d’intelligibilité, avec d’autres forces politiques, il urge d’embrasser un grand nombre de postulats centrés autour du devenir humain. Ainsi, pourrait émerger une co-réflexion qui débouche indubitablement sur la socialisation de la pensée et une “ascension de convergence”. Et comme déjà dit en 2015, dans “Le temps des ruptures”, l’heure est au “rassemblement des libéraux et des démocrates” pour réussir cette nécessaire complémentarité. Seule cette posture pourrait accompagner les ruptures en cours et anticiper sur celles à venir afin de bâtir le socle d’un leadership ouvert, capable de conjurer les crises qui menacent le Sénégal et d’apporter les changements transformationnels nécessaires. Mais comment et avec qui réaliser ce vaste chantier politique? Pour moi, la réponse coule de source: seule la construction d’une force politique alternative passant par la réunification de la famille libérale élargie aux centristes et aux sociaux-démocrates, peut nous éviter l’aventure. Car, contrairement aux théoriciens de “La fin des idéologies”, ainsi que ceux de “La fin de l’Histoire” et du Endism, les idéologies continuent de structurer la pensée et l’action politique.

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Ensemble, nous devons assumer les devoirs que nous assigne l’histoire. Alors, il devient urgent de créer un bloc républicain pour faire face aux forces de déconstruction qui ont engendré, à travers l’histoire des peuples, émeutes, échecs, génocides et chaos. Nous sommes d’autant plus confortés dans cette posture que les crises électorales survenues récemment à travers le monde de manière générale, et en particulier dans les pays de la sous-région, nous en donnent les éléments de lecture. Et une analyse plus affinée des résultats de l’élection présidentielle de 2019 au Sénégal, révèle aussi une montée en puissance de critères géographiques, ethnocentristes et communautaristes dans le vote exprimé des Sénégalais. Aussi, seule une réponse politique appropriée peut nous éviter de tomber dans le piège de la dislocation de notre commune volonté de vie commune. Donc, que la paresse intellectuelle ou le refus d’un débat contradictoire, ne nous impose pas l’inertie. Aujourd’hui, nous demeurons convaincus que les partis du Centre doivent se retrouver autour d’une offre politique crédible d’obédience libérale-sociale-démocrate qui tienne compte davantage du rôle central du citoyen dans la construction d’un leadership inclusif. Il s’agit de repartir sur de nouvelles bases renforcées par la conjonction de faisceaux aussi multiples que divers, afin de promouvoir une gouvernance structurellement bien pensée et porteuse d’émergence.

En outre, ceux qui revendiquent l’héritage du Libéralisme social ne doivent pas avoir le complexe d’appartenir à une même famille politique. Il suffit qu’ils oublient leurs querelles fratricides et fument le calumet d’une paix définitive. C’est autour d’un projet innovant que nous pourrons rassembler nos forces. Car, il est de notre responsabilité de réagir face aux forces sans offre politique concrètement soutenue par une pensée structurée, lesquelles ne séduisent leurs propres victimes que par une propagande à forte dose médiatique amplifiée par le phénomène des réseaux sociaux. Ces tentatives de regroupements hétéroclites actuelles dont la finalité est d’instaurer un dualisme manichéen, constituent un défi que les libéraux et démocrates doivent relever.

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A mon avis, la famille libérale, déjà éclatée en plusieurs chapelles, ne doit pas vivre le syndrome des socialistes. En effet, divisés en 2012, les héritiers de Senghor avaient raté une belle occasion pour revenir aux affaires pendant que ceux d’Houphouët-Boigny etles animateurs de la Gauche modérée s’imposent la paix des braves pour une Côte d’Ivoire réconciliée. Alors, l’urgence commande d’organiser, sans tarder des conclaves libérales ouvertes à tous les sociaux-démocrates et centristes afin de réfléchir profondément sur l’émergence d’une majorité d’idées inspirées par un Libéralisme ouvert; majorité à partir de laquelle seront lancées les bases d’un leadership transformationnel apte à tracer les meilleures perspectives qui installent le Sénégal sur les rampes du renouveau. Pour indispensable qu’elle soit, cette perspective ne devrait être ni exclusive, ni au détriment d’aucune force vive; même si elle peut déboucher sur la constitution d’une majorité plurielle. Car refuser l’indispensable rassemblement qui assure la pérennité de notre legs commun, c’est commettre les erreurs des socialistes et des gaullistes dont les familles se sont disloquées et leurs héritiers affaiblis par des querelles de personnes. Alors, si les sociaux-démocrates allemands, les socialistes français et les Houphouëtistes ivoiriens ont pu réussir leur mue, pourquoi ne la pouvons-nous pas? Puisse le soleil de ces derniers jours de l’année qui brille de mille feux, illuminer les esprits et la baisse continue du thermomètre adoucir les cœurs, afin qu’un débat serein et profond s’instaure pour que “la grande “alliance des intelligences” débouche sur la réunification de la famille libérale ouverte aux forces de progrès. Nous inspirant de l’Appel de Me Abdoulaye Wade qui, naguère disait: “J’en appelle à tous les libéraux, où qu’ils soient. Ils doivent, par devoir national, contribuer à sauver notre pays en péril. Reconstituer la Grande Famille Libérale, sur la base de principes nouveaux et réalistes, doit être notre credo”, donnons-nous le défi de reconstituer une famille politique ouverte et généreuse. Libéral un jour, libéral toujours!

Babacar GAYE

Ancien Député Ancien Ministre d’État







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