Les arcanes du pouvoir semblent très complexes et d’une grande opacité pour le commun des citoyens. Devant certains actes posés par le pouvoir et qui, en apparence tout au moins, ne vont pas dans le sens de l’intérêt des populations, il se susurre que nos dirigeants ne sont pas libres ou ont un agenda caché.
Je ne sais pas ce que vaut cette idée tenace d’un prétendu assujettissement des tenants du pouvoir aux puissances étrangères et/ou aux puissances d’argent.
Mais cela crée au sein de la population un sentiment d’impuissance de nature à installer un profond malaise et une rupture de confiance.
Si cette assertion est vérifiée, quelle en est la raison ? Que fait-on des engagements pris aux moments des sollicitations de l’adhésion des populations à des causes et de leurs suffrages lors d’élections ? Comment vivre en donnant l’impression qu’on a une prise sur les évènements et qu’on travaille pour son pays alors que rien n’en est ?
Ainsi, la crise de la Covid-19 est vécue comme la manifestation de la mainmise de pouvoirs occultes sur la marche de nos pays et même du monde.
Confinement, déconfinement, couvre-feu, état d’urgence, état de catastrophe sanitaire, recherche de l’immunité collective, assistance aux populations, aux entreprises ? On assiste, impuissants (?), à un drame cornélien.
Conflit terrible entre des intérêts d’argent et ceux humains/sociaux/sanitaires ? Alors on s’interroge : qui prend ces décisions ? Où les prend-on ? Pour quelles finalités ?
Pourquoi la voix des professionnels de la santé qui devrait être, sinon la seule, du moins la plus audible, a été parasitée et risque d’être noyée, dispersée ou étouffée si elle ne l’a déjà pas été ?
Comment peut-on, au moment où la prudence devrait encore être de rigueur, car l’ennemi, la Covid-19, reste un grand inconnu, permettre à n’importe quel petit plaisantin, par le truchement des moyens modernes très démocratisés, d’accéder à notre intimité, de jouer avec nos nerfs et notre conscience en proposant des remèdes miracles sur lesquels nous nous précipitons ? Incroyable ! Si nous n’y prenons garde, ce n’est pas la Covid-19 qui va nous perdre, mais notre crédulité.
Des hypothèses de travail sont partagées et posées comme des certitudes au niveau du grand public. La réflexion, la recherche s’accommodent mal du bruit. C’est le résultat qui doit être communiqué, pas les doutes.
Pour influer sur le cours de l’histoire, il faut être prêt à un don de soi. Cela peut passer par la mise en œuvre courageuse de décisions, parfois incomprises par des segments importants de la société, mais salutaires. Etre bien informé, avoir les éléments d’appréciation pas à la portée de tous et se plier à la tyrannie d’intérêts inavoués est coupable !
L’impression générale qui se dégage de plus en plus est que les politiques n’assument que les avantages du pouvoir et ils trouvent toujours des excuses et autres boucs émissaires dans les moments difficiles ou d’échecs.
La noblesse de la politique procède du fait que l’exercice du pouvoir devrait plutôt être un sacerdoce, non une jouissance, pouvant aller jusqu’au martyr, le cas échéant.
La marque des grands hommes, c’est leur capacité à mettre leurs convictions, leur engagement, les intérêts de leur pays au-dessus de leur famille, de leurs intérêts personnels stricto sensu, et même de leur vie, mais en toute intelligence, car «on ne peut pas arrêter la mer avec ses bras» et il faut savoir choisir ses armes.
Il s’agit de bien faire la part des choses et prendre les décisions les meilleures pour les populations sans bravades inutiles.
Malheureusement pour l’autorité politique qui, seule, a pouvoir de décision et qui n’a pas souvent le recul dont elle pourrait avoir besoin, les populations attendent des solutions, pas des questions.
Les spécialistes ne donneront que des avis, mais ne seront nullement tenus pour responsables des conséquences qui pourraient résulter des décisions prises et appliquées qui sont de la seule responsabilité du politique.
Et la politique retrouve toute sa noblesse.
Dié A. Camara SOUKHO
dieacamaras@gmail.com