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La ColÈre De L’espÉrance

Ce 21 mars 2021 a été un grand jour, jour de fête pour un Centenaire mais quel Centenaire ? Centenaire témoin et contradicteur pour la libération de l’homme des tentacules de l’horreur sur le chemin de l’objectif de purification d’une race; Centenaire témoin et contradicteur pour faire échec à la perpétuation de ce besoin d’asservissement d’une race par des hommes, par ces mêmes qui hier combattaient l’injustice raciale ;

Centenaire témoin et acteur à côté de tant d’autres patriotes Africains : de la libération d’une race , la race noire ; de la libération de la mémoire de tout un peuple , le peuple noir; de la reconnaissance forcée de l’existence du Nègre en tant qu’homme tout court , avec ses forces et faiblesses dans un monde des différences, dont celle de l’homme noir; centenaire témoin de la lutte pour la libération de la parole de ce Nègre dont Présence Africaine.

Notre Centenaire a voulu aussi, très certainement, par la didactique du NOMIC quelles que soient les critiques fondées ou non, définitivement gommer le fossé entre une pensée unique celle du nord pour l’universalité de la connaissance, du savoir, par une information juste et vraie, à la portée de tous, toujours dans la beauté de la différence du noir et du blanc et la reconnaissance de l’homme tout court comme entité universelle, la race et la couleur importent peu. Tout au long de ce combat de patriotes Africains pour l’universel, le Sénégal n’était pas en reste par ses intellectuels.

Du Nègre de Senghor pour honorer à sa façon, tous ces Nègres tombés au champ d’honneur, à celui de Cheikh Anta Diop qui par son courage et son savoir, le savoir nègre et par la science, perçue en son temps comme celle des blancs , à côté d’autres fils non moins valeureux du continent, a su démontrer le non sens de toutes ces thèses de rejet du réel.

L’Afrique aura réussi à peser sur les transformations, mêmes insuffisantes des mentalités, qui ont conduit à une autre perception et à la reconnaissance de l’Africain comme partie de l’humanité du monde. Notre centenaire témoin de toute cette période cruelle de l’existence de l’homme, qui a participé à tous ces combats à coté d’autres patriotes Africains, d’autres Sénégalais, a connu et gouté aux délices de la victoire sans fausse modestie, du bien sur le mal. La fraternité entre les peuples a fini d’ébranler la citadelle du déni de l’universalité de l’homme dans la différence qui fait sa beauté.

C’est à cette fête de l’homme que j’avais voulu poser des questions. Je m’en voudrais de ne pas le faire, car contraint par le temps m’a t on dit, à ce rendez-vous du donner et du recevoir, avec l’impatience de l’intellectuel qui me titille et l’acuité des problèmes qui assaillent l’Afrique, j’ai fait le choix de la voie épistolaire, pour couvrir le ban.

Comment est-on passé de l’audace intellectuelle de nos devanciers, pour poser les vrais problèmes de l’Afrique séance tenante, à notre retenue et non frilosité pour être élégant dans mes propos, quand il s’agit de profiter de toute occasion non pour appeler à la haine et au rejet de l’autre, mais pour appeler à la critique objective de notre vécu, pour qu’ensemble nous puissions trouver les esquisses de solutions consensuelles , dans la préservation des intérêts bien compris des peuples ? On m’aurait dit que le débat est différé à des ateliers à venir au moment où, en direct le monde nous écoutait , nous entendait et nous attendait.

La problématique de notre continent, par l’expérience de mon vécu , tient à un paradigme dominant, celui de la convergence politique qui est le préalable sur le chemin du meilleur pour notre pays Afrique.

Pour tout le reste, les compétences de la politique économique poussés par la force de l’union , iront le chercher dans cette arène de la mondialisation et l’Afrique ne manque ni de compétences , ni de ressources encore moins de moyens pour mener et gagner encore cette bataille, sans prétention aucune. Ma question est…pourquoi tant de résistances à l’union, tant de réticences, tant d’interférence d’ailleurs pour que cela ne se fasse, pourquoi cette non acceptation du possible qui était le sens du combat d’hier de ces valeureux fils du continent dont entre autres, notre illustre savant Cheikh Anta Diop, notre président poète Léopold Sédar Senghor, chacun à sa manière, l’humilité nous commandant d’accepter nos différences de perception et de stratégie, l’objectif étant le même et je le pense sincèrement ?

Pourquoi ne pas sortir, en Afrique, de ce carcan de la conservation vaille que vaille du pouvoir, par tous les moyens, dont le plus vil reste la corruption de peuples fragilisés, très souvent, par une gouvernance personnelle et non une gouvernance par le peuple ? j’entends par gouvernance par le peuple la préservation de ses intérêts par leur élu du jour qui aurait compris et mérité de cette confiance ?

Pourquoi cette absence de dialogue sincère et honnête avec les bénéficiaires de demain de nos convergences politiques et économiques d’aujourd’hui, les jeunes. Les jeunes qui à travers l’intervention très responsable et d’une grande qualité intellectuelle de leurs représentants du jour, ont fini de faire le bon diagnostic des maux de l’Afrique et par ricochet des maux de notre pays le Sénégal ?

Pourquoi encore les balbutiements pour l’éclatement de la vérité enfin, sur la place de la femme dans cette Afrique de madame la présidente de Tanzannie, de madame la directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), mesdames les recteurs de nos universités pour ne citer que celles-là. Mais comme je le disais, et c’est par là que je vais conclure m’adressant à la jeunesse, et aux gouvernants.

Aux jeunes, l’heure n’est pas à la haine, l’heure n’est pas au déchirement, l’heure n’est pas à la destruction pour reconstruire la même chose, l’heure est au pardon et à la présomption de bonne foi du gouvernant qui a accepté qu’il s’est trompé, qu’il a entendu le cri du coeur de cette jeunesse du Sénégal, de cette jeunesse de notre beau pays l’Afrique. Mais la vigilance commande, par le dialogue constructif et la non violence de réfléchir sur l’alternative, de l’alternance de l’alternance.

Aux gouvernants, l’heure est à la définition du modèle de société que nous voulons pour le Sénégal, en tenant compte de ce que nous sommes, de nos us et coutumes avec au besoin par la correction de certains, mais restons nous mêmes dans l’environnement implacable de la mondialisation.

La définition de manière consensuelle de notre modèle de société, aidés en cela par nos brillants universitaires de langue arabe, française, anglaise et vernaculaire (on peut bien y trouver des <> de la parole et détenteurs des clés de notre moi), est le préalable à la mise en place des instruments de guidage pour atteindre les objectifs fixés que sont les programmes et projets, qui doivent nous conduire à un Sénégal différent, à une autre Afrique. Le contraire, c’est à dire la juxtaposition de programmes et projets préalablement, fussent ils les meilleurs, ne pourra nous mener qu’à un éternel recommencement et à une incompréhension de plus en plus marquée entre pouvoir et peuple. Tout cela inspiré par la grâce, la beauté du port de ces femmes nous berçant au son du YELA, diffusé hier par une chaîne de télévision.

Que Dieu préserve l’Afrique.

Cheikh Hadjibou Soumaré est ancien Premier ministre du Sénégal, ancien président de la Commission de l’Uemoa.







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