Décidemment ! On ne peut pas mourir en paix. Surtout si l’on a été célèbre. L’annonce de sa mort a interrompu la torpeur d’un dimanche qui restera dans les mémoires. Les amis, frères, compagnons de route, assistants, proches, présumés proches, anciens et nouveaux ont défilé sur les plateaux télé à coup de témoignages, d’anecdotes et d’hommages à tout va. Tant et si bien que l’on en oublierait presque le traditionnel récital de Coran et les prières pour le 8ème jour du rappel à Dieu de Thione Balago Seck.
Ce monument de la musique, qui a marqué des générations de mélomanes dont l’héritage est largement partagé au sein de la famille, ne mérite sans doute pas un tel traitement. Dans le concert d’hommages, même les animateurs télé et radio ont été sortis de l’ombre et certains n’hésitent pas à déclarer qu’ils ont été les premiers à être sollicités pour les besoins des témoignages posthumes. Comme il est de coutume en de telles circonstances, chacun y va de son histoire personnelle avec le défunt, qui, de toute façon, n’est plus là pour contredire qui que ce soit.
Les enfants du défunt se sont quant à eux faits plus discrets, laissant à d’autres le soin de parler de leur père. Et lorsque la fratrie compte également une autre célébrité, les autres sont encore plus relégués dans les coulisses. Cependant, l’hommage plus discret et tout aussi marquant et qui est à saluer est celui rendu par la TFM qui a changé certains de ses jingles par de célèbres titres du chanteur. Après des funérailles retransmises en direct par certaines chaînes et autres sites internet, laissons le chanteur reposer en paix et sa famille faire son deuil.
Dans l’affaire Ousmane Sonko, suite et pas fin du feuilleton. Dans le cadre de cet apaisement tant invoqué, telle une prière à exaucer, la libération des activistes est enfin intervenue. L’information, relayée comme une victoire par leurs souteneurs, a fait le tour de la toile. A peine sortis de leurs cellules, leur paquetage à la main (dont un sac d’une célèbre enseigne étrangère de chaîne de supermarchés), ces nouveaux types d’opposants s’empressent d’aller à Touba. Seulement, ils auraient mieux fait de s’abstenir. Le Khalife général des mourides après les avoir écoutés «religieusement» n’a pas hésité à leur faire la leçon. Pendant ce temps, le salon de massage «Sweet beauty» est devenu un haut lieu touristique pour curieux et visiteurs en tout genre. Le quotidien «Le Témoin» qui donne l’information suggère même de rendre les visites payantes au vu du succès dont bénéficie désormais ce haut temple du bien-être.
Enfin, en ce mois de mars finissant, impossible de faire l’impasse sur la première sortie de Diary Sow, ci-devant «meilleure élève du Sénégal» et ancienne portée disparue la plus célèbre du Sénégal. C’était lors du «Forum Exclusivement Féminin» organisé par l’Institut français de Saint-Louis, ce 25 mars. Cette «plateforme de rencontres, d’échanges, d’initiatives, de formation entre femmes autour des trois domaines : entrepreneurial, littéraire et numérique» a servi de tribune idéale à la jeune féministe en herbe. .
Du haut de ses vingt années de sa toute jeune vie, la voilà qui donne des leçons de féminisme et s’exprime sur une lutte pour l’émancipation de la femme sénégalaise portée par des figures devenues iconiques. «On est bien loin d’un monde où les femmes pourraient jouir librement de leurs biens, de leurs corps, prendre leur place dans les instances de décisions sans avoir à rendre des comptes sur leur habillement, leur idée, leur vie sexuelle» déclare l’ancienne élève du Lycée Louis Le Grand. «J’ai observé les femmes dans mon entourage, elles étaient en quelque sorte le reflet de mon moi futur. C’était les modèles que j’étais censé suivre, des modèles supposés parfaits», déclare Diary Sow. De quoi se demander si l’on vit dans le même Sénégal ainsi décrié où être une femme signifie être une citoyenne de seconde zone.
Dans un pays qui a connu à deux reprises des chefs de gouvernement «femmes», des «Premier ministre», là où certains pays de cet occident érigé en modèle n’en connaissent pas encore, voilà que l’on décrit les femmes comme «timides» et ployant sous le poids des religions, des traditions, dixit Diary Sow. Tandis que celles qui «veulent vivre leur vérité, et non celles qu’on leur impose» ? sont traitées d’«occidentales», marginalisées, apostrophées, stigmatisées. Avant de lancer son cri de guerre en guise de conclusion : «Soyons des féministes épanouies, heureuses !».
Là encore, les contre-attaques ne se sont pas fait attendre. Renvoyant la jeune femme à ses «classiques», ses consœurs l’ont véritablement laminée sur les réseaux sociaux. Encore à la recherche de «buzz» la «Diary» ? Elle dont le buzz avait également été détournée par celui d’une autre jeune femme, Adji, qui, elle, s’en serait bien passée !