C’est un journaliste du Prince, la rage au ventre, le levain sur le cœur et une pointe de « diolaphobie » dans ses prises de position, qui a encore eu la magie de polariser la presse depuis plus d’une semaine autour de sa personne. Et cerise sur le gâteau, le teigneux journaliste Babacar Fall, connu pour sa coriacité, lui déroule le tapis rouge dans le Grand jury, transformé ces derniers temps en Chambre criminelle, pour qu’il y parachève la philippique de sa chronique du lundi 22 mars. Cette tribune du dimanche a été une opportunité pour Madiambal Diagne de réitérer sa logorrhée sordide qui exhale les empuantissements d’une « sonkophobie » et par-delà, d’une diolaphobie irrationnelle. Ceux qui pensaient que le patron du canard Le Quotidien irait à résipiscence en battant sa coulpe après la publication de sa chronique doivent déchanter. Ce sont ces Sénégalais brèles qui ne maîtrisent en rien la langue hugolienne et qui n’ont qu’une lecture primaire, partielle et parcellaire de sa chronique, qui doivent lui présenter leurs excuses. Oui ces Sénégalais doivent aller à Canossa et présenter leurs excuses au pape de la plume majestueuse qu’est Madiambal Diagne. Un vrai pied nez !
Bien qu’il essaie de légitimer le contenu de sa chronique empreinte d’ethnisme, son discours fait horreur aux Sénégalais républicains qui comprennent le sens des articles 1 et 5 de la Constitution « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion », « Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État ou à l’intégrité du territoire de la République sont punis par la loi ».
Il appert que la « bouc-émissarisation » du ministre du Commerce Aminata Assome Diatta que Madiambal a implacablement crucifiée dans sa « chronicide » n’est qu’un subterfuge pour régler des comptes avec une région « pécheresse » qui a tourné le dos, nonobstant le nombre de ministres et de cadres promus, à celui qui nomme aux emplois civils et militaires. Et ce subterfuge aujourd’hui, c’est de vouloir dresser les peuples manjack, peul, mancagne de la Casamance contre les Diolas. Je me garderai de parler de parler d’ethnie parce que l’ethnie est un concept de l’Europe apparu à la fin des années 1800 dans un contexte de domination et dans le dessein nocif et discriminatoire de catégoriser les peuples « anhistoriques ». Et cette construction se pare des atours d’un discours mythique et mystificateur distillé et instillé dans le corps social afin de planter des cloisons étanches entre une population et une autre. In fine, l’ethnie serait finalement plus une construction fondée sur l’identitarisme et par voie de conséquence, une construction intellectuelle qu’une réalité sociobiologique.
Revenant à notre sujet, la référence de Madiambal à la minorité diola est révélatrice de sa propension à vouloir faire comprendre aux Peuls, Mandingues, Mancagnes, Manjacks, Wolofs, Pulars et autres, que ce peuple n’a pas à dicter sa loi aux autres parce que pour lui « la Casamance est une mosaïque de populations et si l’on se fie aux statistiques démographiques, les «Diolas» sont loin d’y être majoritaires ». Je n’entrerai pas dans une querelle stérile des chiffres parce que n’attachant pas d’importance au nombre majoritaire ou minoritaire de telle ou telle communauté, mais cela ne m’empêche pas de soulever le tissu de contrevérités sur la minimisation des Diolas en Casamance. Ainsi, je renvoie Madiambal à cette référence de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) sur la « Situation économique et sociale de la région de Ziguinchor année 2010 ». http://www.ansd.sn/ressources/ses/SES_Ziguinchor_2010.pdf. En effet, il en est ressorti (cf page 4) que les principales ethnies sont : l’ethnie Diolas (57,8%) qui est majoritaire, les Mandingues (11,10%), le groupe Pulaars (10,5%), les Ouolofs (3,9%), les Manjacks (3,5%), les Ballantes (2,9%), les Sérères (2,70%) et les Mancagnes (2,4%).
Et dans ses vaticinations catastrophistes, Madiambal, tel un Méphistophélès, fantasme sur une confrontation entre peuples casamançais à travers cette phrase apocalyptique : « force est de dire qu’il lui (Sonko, NDLR) sera bien difficile de s’imposer s’il risquait un front opposé, composé des Mandingues, Peuls, Baïnouncks, Mancagnes, Wolofs et autres ». Jamais dans le discours et l’attitude de Sonko, il n’est apparu une once d’ethnisme parce que la tension identitaire que véhicule l’ethnisme débouche inexorablement sur l’exclusion, voire sur la violence mortifère. Au contraire, son leitmotiv sur la Casamance, c’est le dépôt des armes et le retour à une paix définitive. Pourtant, un tel discours que tout Sénégalais rêve d’entendre sur la région est perçu comme une démagogie parce qu’émanant du leader Sonko dont tout propos afférent à la Casamance est analysé comme un expédient pour servir la cause Pastef.
Ainsi, en adoptant la stratégie de la violence verbale, Madiambal construit une image médiatique dans laquelle les Diolas se dressent devant leurs frères mandingues, pulaars, les ouolof manjacks, mais aussi devant des Ballantes, des Sérères et des Mancagnes. Mais c’est peine perdue ! Il peut attendre Godot. Les populations casamançaises sont unies dans la diversité et ce sont leurs différences qui les enrichissent. Et les Sénégalais ne sont pas du tout disposés à se prêter à son jeu scissipare, à se plier à sa stratégie discriminante bâtie sur des considérations identitaires.
Dans ses élucubrations fantasmagoriques et ses orages désirés, Madiambal déclare avec vidéos en bandoulière comme pseudo-preuves que des rebelles du MFDC ont été transbordés de la Casamance à Dakar avec leurs armes sans être inquiétés pour venir participer aux événements de Dakar et s’attaquer opportunément au palais de la République. Parcourir sereinement 440 km avec armes dans les bagages sans faire l’objet d’une seule fouille par les forces de défense et de sécurité, il n’y a qu’au Sénégal où l’État est inexistant que cela peut se produire. Et à la fin des émeutes, ces mêmes rebelles ont rebroussé chemin en toute tranquillité. Donc si l’on se fie aux propos de Madiambal, il ne serait pas surprenant un jour que des djihadistes traversent allégrement nos frontières pour venir déposer leurs bombes dans la capitale. Par conséquent, le patron du Quotidien doit s’attaquer au président Macky Sall qui a failli dans sa mission de prendre en charge la sécurité des Sénégalais dont il est dépositaire de leurs suffrages.
En fin de compte, Madiambal a-t-il quoi que ce soit à envier aux concepteurs de la Curdiphe des Niamkey Koffi, Saliou Touré, Benoit Sacanoud et autres intellectuels qui ont théorisé en 1996 dans un manifeste l’Ivoirité fascisante ? On se rappelle qu’il avait vilement évoqué dans le même journal les racines guinéennes du juge alors qu’il n’est pas plus guinéen que le président de l’UMS.
Le martyre de Yoro
C’est ici le lieu également de mettre en lumière la posture de l’autre chroniqueur du même quotidien en l’occurrence Yoro Dia qui souffre du double martyre d’Adji Raby Sarr qu’il nomme affectueusement – en réalité affreusement – la petite Niominka. L’évocation de son appartenance groupale s’inscrit dans cette même logique discriminante tracée par Madiambal. Mais, sans avoir l’air d’en parler, Yoro compare la méthode Sonko à la propagande goebbelsienne. Il ne manquait que la référence nazie pour compléter la taxonomie des qualificatifs du fils de Khady Ngom.
Lorsque notre chroniqueur du vendredi déclare qu’Adji Sarr n’a pas le cran d’une Mata Hari, il a tout faux. Mata Hari alias Margaretha Zelle, n’a jamais été une grande et intelligente espionne, mais une simple manipulatrice manipulée qui, in fine, n’a fourni aucune information utile à la France ou à l’Allemagne.
Mata Hari, c’est le portrait craché d’Adji Sarr. La première nommée a menti toute sa vie sur ses origines. Endettée à un certain moment de sa vie, elle s’est réduite en catin au point de se prostituer dans des maisons closes. Selon Frédéric Guelton, « bien qu’ayant accepté d’être espionne pour deux pays belligérants, Mata n’avait aucune conviction politique ou idéologique. Sa seule conviction, c’était de vivre et bien vivre ». Cette duplicité inintelligente l’a conduite un 15 octobre 1917 au peloton d’exécution.
Quant à Adji Sarr, elle a été un mauvais pantin manipulable, malléable et corvéable à la merci de Sidy Ahmet Mbaye, El Hadji Diouf et autres comploteurs encagoulés de Bennoo Bokk Yaakaar. Elle n’a jamais été la fille ingénue telle que ses portraitistes de circonstances ont voulu la ripoliner. Elle a voulu avec ses qualités de séductrice, jouer à la sexy James Bond girl et offrir la tête de Sonko à ses adversaires du pouvoir. À l’instar de la fausse danseuse hindoue, Adji Sarr a menti sur son âge, sur la période de sa défloration et sur sa maternité. Je me garderai de revenir sur le monceau de mensonges débités lors de son face-à-face avec les gendarmes enquêteurs de la Section de recherche de la gendarmerie. Aujourd’hui, sa boulimie inextinguible de l’argent l’a plongée dans une situation inextricable de laquelle aucune main salvatrice ne peut l’extraire. Aujourd’hui, recluse, elle paie le lourd tribut d’une condamnation populaire pour avoir voulu jouer à un double-jeu dont elle ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants. Victime de sa propension à la duperie, la petite Niominka de Yoro Dia est devenue cette femme fatale punie pour avoir voulu contre espèces sonnantes et trébuchantes jeter le discrédit sur un homme politique, espoir d’une jeunesse déboussolée dont l’ascension politique fulgurante pousse le pouvoir à user de tous les expédients pour l’éliminer.
Mais Sonko doit « s’inquiéter » parce que pour le chroniqueur-prédicateur Yoro, le futur vainqueur dans cette tragi-comédie politico-sexuelle, c’est Adji Goliath Sarr, la fille sans parents, sans âge, la victime-coupable sans soutien qui souffre du solipsisme abyssal dans lequel les associations de femmes l’ont couardement abandonnée.
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