La croyance aux forces occultes a un impact profond sur l’éthique ainsi que sur la pensée et l’action des Africains. Par exemple, il joue un rôle crucial dans l’engagement des groupes sociaux en conflit en Afrique subsaharienne. Comme dans mon livre Ninki-Nanka-le Dieu serpent que je viens de publier aux éditions Harmattan, ses effets des fausses croyances ne se limitent pas au secteur privé ou à la société civile, mais la croyance affecte également la classe politique et l’appareil d’État.
Les systèmes de croyance occulte sont déterminants dans le processus de prise de décision des politiciens et des fonctionnaires africains à tous les niveaux. Du chef de l’État et de son gouvernement jusqu’aux maires, il est évident que cet effet a des implications importantes pour le processus de construction de l’État en général et le processus actuel de démocratisation en Afrique en particulier.
Parmi les politiciens et les experts du développement en Afrique de même il y a une prise de conscience croissante de l’importance jamais dégradante de la croyance aux forces occultes sur la prise de décision politique depuis l’époque pré-coloniale.
La démonstration du contrôle des forces occultes comme un moyen de renforcer leur légitimité avait été pendant plus d’un siècle la prérogative des chefs traditionnels et leurs marabouts.
De nos jours encore, il reste efficace pour l’élite politique moderne et un nombre croissant d’Etats africains ont officiellement reconnu l’existence de forces occultes.
Voilà pourquoi je ne suis pas surpris en ce moment où la présence de ces forces occultes au Sénégal est agitée intentionnellement, tour à tour, par des hommes et femmes (incapables de donner des pistes) qui, tels des marionnettes russes, tendent à distraire tout un peuple. Ils tentent à mon avis, de tirer les ficelles, avec cette complicité à peine voilée, de vouloir détourner l’opinion nationale et internationale de la réalité et de la préparer spontanément, à rejeter toute idée de responsabilité de l’Etat lors des émeutes, au moment même ou ; l’annonce de la mise sur pied d’une commission d’enquête judiciaire nous met à l’évidence.
Mais, ne l’oublions pas : Il ne s’agit pas d’un jeu de dupes. Il est question de la mort d’une douzaine de jeunes gens, de plusieurs centaines de millions de francs parti en fumée, et d’un impact important et durable sur l’image de notre pays.
Cette commission aura-t-elle lieu ?
Ce sera alors des moments forts au cours desquels tous les regards seront braqués sur le Sénégal, qui aura l’occasion de se défendre pour prouver son innocence à la face du monde et rester en pôle position dans la lignée des pays fréquentables sur le plan sécuritaire et démocratique, dans le concert des nations civilisées.
Le Ministre Kaba de la défense dira : « Le gouvernement du Sénégal annonce la mise sur pied d’une commission indépendante et impartiale pour rétablir toute la vérité, dans une dynamique de paix et d’apaisement, car la vérité pour que justice soit faite, est un élément qui conforte aussi l’Etat de droit et notre volonté de vivre en commun.
Cette commission qui est la meilleure façon de situer les responsabilités, sera ouverte pour plus de transparence et d’équité, à l’opposition et aux membres de la société civile », a poursuivi le ministre des Forces armées, soutenant que l’objectif est de situer les responsabilités afin de permettre à l’Etat de tirer toutes les conséquences de droit sur les événements douloureux ayant causé plusieurs morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels importants.
« Il importe pour le gouvernement, à travers cette démarche, d’éclairer de manière objective, l’opinion nationale et internationale sur ces violences inédites qui ont secoué le Sénégal ».
Mais, aucune date n’a, pour l’instant été donnée pour le démarrage des activités de la future commission, qui n’aura pas, je le rappelle pour objectif, de discréditer l’Etat. Cela va de soi.
En tout cas, aucune juridiction, dans aucun pays africain, n’a jamais pu punir ou faire pardonner les crimes contre l’humanité et les génocides. Quand aux victimes, quoi qu’il arrive, elles resteront inscrites à l’encre indélébile dans la mémoire collective des sénégalais.
D’où l’impérieuse nécessité de s’interroger sur la place et la fonction des chefs religieux, toutes confessions confondues, pour leur rôle constructif dans le processus de réconciliation et son impact sur la mémoire de ce passé récent, si violent. Car la réconciliation est bien une histoire de mémoire qui aurait été apaisée, une histoire donc de pages qu’il faut tourner à condition de les avoir lues, pour s’en souvenir, et que nul ne puisse les oublier.
Telles les Commissions Vérité et Réconciliation (Au Rwanda, en Ouganda, en Afrique du Sud, en Argentine, au Salvador, au Chili, au Timor-Oriental, au Guatemala, etc.) on a tenté de rendre justice aux victimes en compensant l’absence de justice rétributive par des moyens de justice dite restauratrice ou réparatrice. Mais, avec le évolution du droit pénal international depuis le milieu des années 1990, les amnisties et toutes autres mesures nationales d’impunité, contraires au droit lorsqu’il s’agit de crimes aussi graves, se font de plus en plus rares ou ne résistent pas longtemps à l’intrusion de la justice répressive, fit-elle interne ou externe (comme au Chili par exemple).
Que la paix revienne dans nos cœurs. Une pensée pieuse pour mon peuple, dont la cohésion et la paix sociales ont toujours été chantées partout.
Au peuple Sénégalais, à sa jeunesse courageuse qui me sont si chers, j’adresse mon soutien et mes sincères condoléances aux familles des victimes »
Le mois béni du Ramadan est une opportunité qu’il ne faut pas laisser passer. Nous devons essayer de réparer les relations gâchées, les relations rompues qu’elles soient familiales ou pas. Pardonner est un acte du cœur qui demande une grande modestie et une force de caractère. Ce n’est pas être faible que de tourner la page, mais bien au contraire c’est être conscient de son devenir après la mort et être conscient que le lourd fardeau de la rancune et de la rancœur ne fait que nous éloigner de notre Seigneur, exalté soit Son Nom.
Alors, ne me parlez plus de Forces occultes …au Sénégal.