Disons-le tout net ! C’est devenu quasiment un casse-tête voire une question existentielle. La problématique de l’emploi, notamment des jeunes, occupe et préoccupe les pouvoirs publics et les populations dans tous les pays, particulièrement ceux en développement comme les nôtres où la jeunesse constitue l’écrasante majorité de la population.
Aujourd’hui, de plus en plus, les avancées économiques se mesurent fortement à l’aune des succès sur le terrain complexe du marché du travail. De même, la mesure de la réussite ou non des politiques publiques est de nos jours fortement corrélée à la qualité de la prise en charge du lancinant problème de l’emploi. Ce n’est pas pour rien que l’économiste postkeynésien Nicholas Kaldor fait du plein emploi des facteurs de production un des angles de son fameux carré magique de la politique économique d’un Etat à côté de la croissance, de l’équilibre extérieur de la balance commerciale et de la stabilité des prix. Il convient également de souligner qu’au-delà de son aspect économique et politique, le travail a une dimension éminemment sociale et sociétale. Une bonne part de la dignité humaine repose sur la faculté à s’occuper, à pouvoir subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. L’expression « gagner sa vie à la sueur de son front » est assez symbolique et illustrative.
Ainsi donc, l’emploi est l’objet d’un triple crible aux plans politique, économique et social qui renseigne sur son importance capitale. C’est une équation, certes, extrêmement ardue et exigeante mais qui peut parfaitement être résolue. A cet effet, la dernière décision du Président de la République Macky Sall de mieux adresser le défi de l’emploi des jeunes avec des réorientations budgétaires de 450 milliards de francs sur trois années au regard des nouveaux impératifs, enjeux et urgences signalés est une bonne nouvelle.
La mesure offre un nouvel espoir à ces milliers de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail stressés et angoissés. Elle met en exergue la nécessité de réorienter les priorités et de prendre à bras-le-corps et de manière plus méthodique l’occupation professionnelle de notre frange juvénile, segment le plus vulnérable mais qui regorge de potentialités insoupçonnées et incommensurables. La jeunesse est souvent présentée comme une bombe à retardement, surtout dans nos Etats où elle constitue l’écrasante majorité des habitants (plus de 52% de la population a moins de 20 ans), vivant de plus en plus dans les villes et capitales (macrocéphalie).
Selon l’ANSD, le taux de chômage de la population active était de quelque 16% en 2019. Toutefois, cette difficulté inhérente et réelle cache l’immense réservoir de ressources que constituent ces bras et intelligences en jachère pour valoir à nos économies des performances accrues. En réalité, la base très dense et large de notre pyramide des âges est une importante richesse pour ne pas dire une mine d’or qui, mieux exploitée, nous vaudra sans nul doute plus de résultats et de satisfaction dans la quête d’émergence et de développement du Sénégal. Il n’y a de richesses que d’hommes et de femmes si elles sont bien préparées à jouer pleinement leurs rôles de moteur et de cœur du développement économique et social.
LE MODE D’EMPLOI DE LA REUSSITE EST LE TRAVAIL
C’est le moment pour le Sénégal, avec toutes ses forces vives, de mettre en branle ces soldats du développement pour gagner les combats qui ont pour noms diversification, déconcentration et décentralisation de l’activité économique sur le champ d’une agriculture nourricière, relayée par des transformations industrielles dont les produits abonderont un secteur tertiaire dynamique et créatif, pourvoyeur de nouveaux emplois. Parallèlement aux secteurs classiques et traditionnels, l’exaltante révolution numérique en cours nous appelle et nous interpelle sur les innombrables opportunités de création d’emplois à saisir qu’elle draine. Il suffit de regarder les richesses fabuleuses générées par l’économie numérique avec les géants du web que sont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) pour se convaincre qu’il ne s’agit pas d’un amusement permanent et inutile. Cela ne peut se faire en dehors d’un système d’éducation, de recherche de formation professionnelle et technique robuste, créatif et pointu à la fois endogène et ouvert qui servira de socle à l’économie du savoir devant faire de notre pays un espace de production de biens et services compétitifs à la conquête du marché africain et mondial. Il nous faut travailler à renverser les termes de l’échange inégal dont souffrent chroniquement nos balances commerciales.
A l’heure notamment de la grave crise de la COVID-19, il est impératif de creuser de nouveaux sillons dans les domaines de l’innovation qui sont des terreaux fertiles dans ce combat contre le chômage et le sousemploi des jeunes. Résoudre la question de l’emploi, c’est aussi compter sur un Secteur privé plus audacieux et organisé, mieux soutenu avec un assouplissement de l’accès aux financements bancaires et une simplification continue des procédures administratives. Ces facilitations permettront, dans la perspective de l‘exploitation future des gisements de pétrole et de gaz, aux PME-PMI, aux « start-up » d’émerger et de croître pour créer une masse critique de capitaines d’industries et de champions utilisateurs de main-d’œuvre locale et «exportables» faisant la fierté sénégalaise et africaine.
A l’endroit des jeunes, il n’est pas superflu de rappeler la nécessité de faire preuve de de patience, de résilience et d’endurance en ne brûlant pas les étapes indispensables dans le processus de construction de soi et de la Nation. Les familles, aux côtés des pouvoirs publics, les autorités religieuses et coutumières ont un rôle de catalyseur à jouer à ce niveau pour mieux préparer les jeunes à la relève à travers le viatique : le mode d’emploi de la réussite est le travail. Le développement du pays se fera essentiellement par eux et pour eux.
Bref, il s’agira de mettre en place un écosystème de l’emploi simplifié qui tourne autour de l’encadrement, de la formation, de l’information, du financement et de l’insertion professionnelle pour donner davantage espoir à la jeunesse. Ensemble, il nous faut prendre Conscience des enjeux et défis, Agir en conséquence dans un esprit de Partenariat pour engranger de nouvelles performances et ouvrir d’autres perspectives en matière d’Emplois : CAP EMPLOIS.