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La RÉpublique À L’Épreuve Des Tensions Politiques Et Sociales

Le 17 Avril 2021 s’est tenu à Dakar dans un espace social et de dialogue un panel sur la chose publique, ce que nous avons en commun. À l’initiative d’Aida Niang, les panélistes ont débattu dans l’antre de la maison de la presse sur un thème majeur, surtout par les temps qui courent, « La République à l’épreuve des tensions politiques et sociales. Enjeux, défis et perspectives ». Après ces jours sombres pour notre pays, ce débat était nécessaire. Car les événements de mars dernier ont ébranlé notre République.

Dédié à la mémoire d’Amath Dansokho, un homme politique de conviction ; j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt ce moment de témoignage, d’échanges et de partage.

Sous la conduite du Médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, un homme qui irrigue lucidité, sagesse, intelligence et humour. Les cinq intervenants ont donné leur vision de la République à l’aune des inégalités sociales, économiques, judiciaires, du populisme de droite, avec tout ce qu’il charrie. Ils ont exposé leurs idées dans des schémas différents, avec comme finalité centrale le Sénégal. Mais de tous ces discours intéressants, j’ai été frappé par l’allocution de mon ami, intellectuel organique, Hamidou Anne et du Docteur Abdourahmane Diouf.  Militant de gauche dans l’âme, Hamidou a bien nommé les menaces qui pèsent sur notre République. Cette chose publique qui garantit la promesse d’émancipation, l’égalité des chances sociales en abolissant le privilège de la naissance, a été touchée dans sa chair parce que pour certains, elle n’a pas tenu ses engagements à l’égard de tous ses enfants. Et cette thèse est irréfutable. C’est une vérité sociale qu’on déniche dans les visages des gens, dans les maisons, dans les écoles publiques. Depuis plusieurs décennies, ceux qui gouvernent notre pays, ceux qui établissent les politiques publiques n’ont pas pris en charge les préoccupations et attentes des citoyens. Nos employés ont créé deux catégories de Sénégalais. Dans la première catégorie, on y trouve les intouchables, la caste, ceux qui jouissent. Et dans la deuxième catégorie, il y a les laissés pour compte, les petites gens, ceux qui végètent dans la pauvreté absolue, ceux qui n’ont pas accès à une éducation de qualité, ceux qui n’ont pas accès à la culture ; cette chose qui permet à l’homme de s’élever au-dessus de lui-même et d’accéder à l’humanité. Les conditions de vie de ce Sénégalais de seconde classe sont pénibles. La souffrance tiraille son corps, sa dignité est mise entre parenthèse. Selon le rapport du Programme des nations unies pour le développement (PNUD) « Indices et indicateurs de développement humain » publié en 2018, 55,5% de la population périsse des drames de la précarité. Par conséquent, la somme de tous ces malheurs produit l’ire et ses effets sont dévastateurs. Notre République l’a appris à ses dépens. Si nous voulons cheminer ensemble main dans la main, dans le respect total des règles républicaines, il faut que ceux qui nous gouvernent fassent preuve de rigueur, d’élégance et de probité dans la gestion des deniers publics ; qu’ils apportent des réponses aux préoccupations économiques et sociales de tous les Sénégalais, sans exception. Et qu’ils arrêtent de nous toiser quand ils nous parlent. Nous avons signé avec eux un contrat à durée déterminée avec une clause d’inaliénabilité dont le substrat est le respect, l’humilité et la redevabilité. Il faut aussi que ceux qui aspirent à nous gouverner fassent preuve de retenue et éviter de jeter le pays dans les eaux troubles du populisme de droite. 

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Comme je le disais plus haut, le discours du rufisquois Abdourahmane Diouf a retenu mon attention. Brillant juriste d’une rare élégance, Abdourahmane a axé son intervention sur un triptyque : économie extravertie, République importée et République dépouillée en quête de solidarité. Je suis entièrement d’accord avec lui quand il dit que notre économie est extravertie. L’économie sénégalaise présente beaucoup d’angles morts. Nous n’avons pas une politique de transformation industrielle de nos ressources. Le secteur informel qui capte dans son giron une bonne partie du tissu social n’a pas tous les leviers pour faire éclore un écosystème entrepreneurial dynamique en ces temps de financements rapide. Rien que ces deux items, l’idée d’une croissance inclusive est impossible. Il faut promouvoir le patriotisme économique en accompagnant les capitaines d’industrie in fine le secteur privé national. Mais mon désaccord avec Abdourhmane Diouf se situe sur le système de concordance qu’il propose. Cette démocratie proportionnelle qu’il explore existe dans des pays comme la Suisse, son deuxième pays. Je ne crois pas que ce consensus mou va marcher dans notre pays eu égard de notre sociologie politique, même s’il est tropicalisé. Ma conclusion sur cette démocratie de concordance coule de source : Elle ne me rassure pas. Je m’y oppose !

La République est la chose qui subsiste quand on a tout perdu. Elle est le dernier rempart contre les passions tristes. Mais aussi la République est la chose qui permet à un fils d’ouvrier comme moi de s’émanciper par le savoir et la pensée.







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