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De L’optimisme Tragique Dévoyé D’un Président… (par Abdou Coly)

De L’optimisme Tragique Dévoyé D’un Président… (par Abdou Coly)

« L’optimisme tragique c’est notre capacité à créer du sens et de construire sur des expériences négatives »,  disait son théoricien, Victor Frankl, un survivant de l’holocauste.

Aux lendemains des événements des 3-4-5 mars,  nombreux ont été les sénégalais, citoyens lambda, acteurs politiques de tout bord ou simples observateurs à penser que rien ne se fera plus comme avant dans la façon de faire de la politique en général et plus particulièrement dans la manière de conduire les destinées du pays. 

Et le discours inédit du président du 8 mars ; en ce qu’il renferme de respect et de considération envers ses concitoyens, d’humilité, de sentiment de vulnérabilité et d’un égo en berne (une première depuis 2012) ; a fini par convaincre les plus sceptiques qu’il a effectivement déchiffré le message de sa jeunesse. 

Dés lors, la conduite qui s’imposait à lui était de faire sienne l’invite de Frankl à : « admettre et écouter. Ne pas nier ses sentiments de détresse, de tristesse et de désespoir et aussi d’impuissance ».  

Mais c’était sans compter sur l’égo démesuré d’un prédateur politique, sans foi ni loi, qui n’a fait qu’une bouchée de tous ses adversaires politiques et qui le temps d’un weekend s’est retrouvé dans la peau d’une proie ; terré qu’il était dans sa maison bunkerisée ; abandonné de sa horde de troubadours, qui voyait en son invincibilité (supposée) et son cynisme froid un refuge sûr pour bandits de grand chemin, délinquants financiers notoires et autres petites frappes du régime.

Encore aujourd’hui ce sont ces mêmes ménestrels, ces mauvais conseillers furtifs (Al-Khannâs en arabe, sourate 114) qui sortent de leur hibernation lâche et hypocrite pour entonner la chansonnette à la gloire de la main qui les engraisse, à coup de millions de nos francs, avec des meetings-à-per diem en veux-tu en voilà ; au point d’étouffer la voix de sagesse que nous imposent les nombreuses pertes en vies humaines, les blessés et les dégâts matériels.

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Dieu reconnait les siens à coup sûr, mais le président toujours pas, et cela même après 9 ans au pouvoir. La preuve ou plutôt la énième preuve c’est sa sortie maladroite et malheureuse à Diamniadio, lors du conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes, surement encensé par un échantillon à 99% non représentatif de la jeunesse sénégalaise : de jeunes opportunistes paresseux, des laudateurs à la bonne école et futurs détourneurs de nos deniers publics. 

NUL, NUL, NUL ne peut lutter contre sa jeunesse, AUCUN dictateur au monde, AUCUN despote (éclairé ou pas), AUCUNE armée, AUCUNE milice encore moins des NERVIS payés 10.000f la journée. 

Les manifestations post-arrestation de Sonko constituent un précédent dangereux pour peu qu’on ait de la jugeote, cette denrée rare dans l’entourage du président ou alors pas utilisée à bon escient si ce n’est pour compter les espèces sonnantes et trébuchantes que leur octroient leurs positions. 

Pour la première fois les jeunes se sont rendu compte de leur force et les forces de l’ordre de leur vulnérabilité, voire impuissance par ricochet. Aucun pays au monde ne peut s’offrir autant ou plus de forces de défense et de sécurité que de civils, dés lors il convient pour notre sécurité à toutes et à tous d’entretenir cette confiance, ce respect, ce mythe qui entoure l’uniforme des ces forces de défenses et de sécurité ou de toute autre institution de la république. 

Donc, c’est fort de ce préalable qu’un seul agent des forces de l’ordre peut à lui tout seul maintenir l’ordre au milieu de dizaines voire de centaines de ses concitoyens. C’est en cela que réside la sécurité de nos personnes et de nos biens mais aussi la stabilité du pays, de n’importe quel pays.  

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Alors si force doit rester à la loi, elle doit être justifiée proportionnelle et surtout en dernier ressort. On ne doit pas en user ou en abuser, pour un oui ou un non, selon ses humeurs, ses envies, ses caprices au risque de les fragiliser fortement.

Et force est de reconnaitre que ce mythe a été rudement mis à mal par les derniers événements, s’il n’a pas tout bonnement foutu le camp. Et pour cause ces images  de gendarmeries attaquées, de forces de l’ordre détalant devant la furie des jeunes sont terribles pour notre république parce que l’ordre normal des choses dans un état de droit, a tout simplement été inversé. Il convient alors de ramener dare-dare cette confiance, ce respect et ce mythe pour le bien de tous. 

Malheureusement ces inquiétudes sont loin de la préoccupation des tenants du pouvoir, qui ramènent tout à leurs ambitions de 3ème mandat comme si de rien n’était, ou que ce qui s’est passé découle d’une quelconque impréparation de leur part comme semble le faire croire les pyromanes tels que Yakham ou Mbaye Prodac. 

Et déclarer en tant que président que si c’était dans d’autres pays le bilan aurait été plus lourd coté manifestants, c’est cynique et cruel parce qu’un seul mort est déjà un mort de trop. C’est aussi tronqué comme analyse parce que dans les mêmes circonstances, le même postulat il y aurait des morts coté forces de l’ordre exactement comme dans ces pays-là et Dieu seul sait ce qu’il adviendrait de son régime, comme dans ces mêmes pays-là. 

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Certes des forces de l’ordre ont fait preuve de professionnalisme et de don de soi mais les jeunes aussi ont fait preuve de magnanimité en certaines situations. Et les images de forces de l’ordre et manifestants fraternisant sont déjà un point positif, tout en étant, il faut le dire, un signal terrible pour tout pouvoir autoritaire parce qu’étant les signes avant-coureurs d’une chute imminente, comme pour bien des régimes en Egypte, au Burkina ou encore au Mali. C’est un aspect que beaucoup ont occulté et qui a pesé dans le rétropédalage présidentiel.      

Dés lors il ne convient pas de tenter le diable. Une deuxième vague serait mortifère et désastreuse pour l’économie nationale mais surtout inutile pour un président qui s’en ira quel qu’en puisse être l’issue, en 2024 au plus tard. Et ce n’est sûrement pas ces vauriens qui se sont signalés par leur hypocrisie et leur lâcheté qui lui seront d’un quelconque apport.

Abdou Coly, Pastef Mbao.

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