L’Afrique du « pré-carré » françafrician est en ébullition. Partout se succèdent des évènements marqués par l’irruption du peuple dans le débat politique et parfois avec l’avènement de leaderships patriotique qui percent sur la scène politique.
Partout les peuples tiennent la rue pour dénoncer la mal-gouvernance des régimes néocoloniaux faite de vol des deniers publics, de corruption, de népotisme, de gabegie, les mandats présidentiels anti-constitutionnels et revendiquer la souveraineté nationale, la souveraineté monétaire nationale et panafricaine, la sortie de la France impérialiste du CFA, la fin de la présence militaire française, la protection des intérêts des petits patrons du pays, des paysans, des pêcheurs, des artisans, etc.
Au contraire des années 80 et 2010, la jeunesse africaine, un temps illusionnée par les sirènes du « there is no alternative » au libéralisme des Thatcher/Reagan/Mitterrand, en revient à rechercher une solution souverainiste aux terribles effets mortifères des plans libéraux d’ajustement structurel dictés par le FMI et la Banque Mondiale que sont le chômage endémique, la misère chronique, les bas salaires, les richesses nationales qui prennent le chemin des pays impérialistes (France, UE, USA) et aussitôt suivies de « l’émigration clandestine » qui fait de la Méditerranée et de l’Atlantique un vaste cimetière pour jeunesse africaine en quête d’un eldorado européen de’ plus en plus chimérique que vend le monopole médiatique des France 24, RFI, AFP, Reuters, BBC, Voix de l’Amérique, etc.
Les manifestations des contradictions qui minent la françafrique
Mali : l’ex-président IBK a été balayé par une révolte populaire prolongée par une intervention de l’armée qui l’a fait démissionner. Même si la françafrique tente de reprendre la main, elle est éclaboussée par le rapport de l’ONU qui accuse Barkhane des tueries de civils à Bounti, alors que les accords d’Alger signés sous la dictée française sont de plus en plus contestés. Au bout de 18 mois dite de « transition », les élections à venir vont être l’occasion d’un affrontement entre libéraux néocoloniaux et patriotes panafricains, entre l’unilatéralisme françafricain et le multilatéralisme souverainiste.
Centrafrique : L’élection présidentielle a été marquée par une tentative de déstabilisation armée orchestrée par les groupes armés devenus françafricains « Séléka-Anti-Balaka » contre le multilatéralisme du président Faustin-Archange Touadéra ouvrant la coopération économique à la Russie bourgeoise et à la Chine Communiste. Le multilatéralisme sauve jusqu’ici la vie de ce président que la françafrique veut éliminer.
Sénégal : des glorieuses journées de résistance populaire qui ont fait reculer l’apprenti dictateur
Deux alternances libérales dont la seconde en cours flanquée au gouvernement du PS et d’ex-marxistes devenus des libéraux néocoloniaux ont projeté au devant de la scène politique un leadership issu de la jeunesse patriotique souverainiste dont la critique de la mal-gouvernance, du règne autocratique répressif et l’anti-impérialisme panafricain sont en passe d’obtenir « l’hégémonie culturelle » sur la scène politique.
Le pouvoir aux abois de Macky Sall/BBY a été confronté aux glorieuses journées de mars de résistance populaire contre la dictature présidentielle qui veut « réduire l’opposition à sa plus simple expression » en soumettant à au pouvoir Exécutif les pouvoirs législatif, médiatique et surtout judiciaire pour imposer son troisième mandat anticonstitutionnel.
Durant ces journées de luttes les symboles de la françafrique ont été ciblés par le soulèvement populaire qui a subi 15 morts et des centaines de blessés, mais a vu aussi certains secteurs de l’armée, de la gendarmerie et de la police fraternisé avec les populations.
Après avoir été obligé de reculer, Macky/BBY cherche à reprendre la main en promettant ce qu’il n’a pas su réaliser de 2012 à 2021 alors qu’il ne lui reste constitutionnellement que trois ans : « le million d’emplois » à coût d’emprunt alors que ce sont des centaines de milliards de francs CFA qui sont détournés par son clan au pouvoir et le recyclage des nervis milices qui ont tué et blessé des jeunes manifestants dans les forces de répressions dotées de nouveaux engins, blindés et les chaises musicales partisanes en cours à la tête de l’armée, de la gendarmerie et de la police.
Le Sénégal s’achemine manifestement vers une nouvelle confrontation pour sauver le « soldat » démocratie, Etat de droit, frayer la voie à l’alternative patriotique et en finir avec le mirage néocolonial de la « vitrine démocratique » françafricaine.
Bénin : Un second mandat par la répression
Talon qui avait bénéficié du rejet de la françafrique incarnée par Zinsou vient de réaliser un putsch électoral pour un second mandat en réprimant et en emprisonnant les manifestants et ses opposants.
Comme l’écrivent nos camarades du Parti Communiste du Bénin : « Les combats à caractère insurrectionnel, les soulèvements populaires des 6, 7, 8 avril dans tout le pays expriment bien à suffisance l’illégitimité du pouvoir de Patrice Talon. La mascarade électorale du 11 avril 2021 ne signifie rien qu’une usurpation du suffrage populaire… Et le pouvoir aux abois multiplie les provocations. Il fait tirer à balles réelles sur des manifestants. Il arrête et emprisonne à tour de bras. Il sème la division du peuple en prônant l’ethnocentrisme…L’homme et le peuple sont en danger sous la dictature de Talon ! Une seule issue : Intensifier les combats pour le dégager afin de mettre en œuvre une autre gouvernance, humaniste, patriotique, démocratique et de probité. Le peuple souverain n’a pas d’échéance » (La Flamme N° 396, avril 21).
Même si Talon semble avoir un répit grâce à la répression, la mise en place de « l’Alliance Pour la Patrie » avec à sa tête le camarade Philippe NOUDJENOUME et le mot d’ordre « Talon, dégage » laissent présager que la situation « rappelle la scène d’un Kérékou, contesté par la rue et se proclamant Président élu à l’issue d’une élection truquée en juin 1989. Le peuple ne s’est pas laissé duper et la dictature autocratique a été renversée moins de 6 mois plus tard, le 11 décembre 1989″ (idem).
Côte d’Ivoire : libération des patriotes, étape vers la libération du pays
Après leur capture et déportation françafricaine à la CPI, après avoir usé de deux procureurs – Ocampo, Bensouda – voilà la CPI, démasquée comme tribunal pour chefs d’état et responsables politiques africains, qui acquitte L. Gbagbo et Blé Goudé.
Le vol en direct d’Abidjan du nom ECO de la future monnaie de la CEDEAO par Macron flanqué de Ouattara pour rebaptiser la monnaie coloniale CFA vient signer une nouvelle provocation en plus du troisième mandat anti-constitutionnel d’une françafrique de plus en plus aux abois.
La Côte d’Ivoire est prise en otage par l’occupation militaire française au service du maintien de ce pays comme mirage de la « vitrine économique du pré-carré » contre la fin du CFA et la souveraineté monétaire panafricaine de l’Afrique de la CEDEAO.
L. Gbagbo et Blé Goudé doivent rentrer dans leur pays et retrouver tous leurs droits citoyens pour contribuer avec les patriotes panafricains à libérer cette terre africaine de Côte d’Ivoire de la françafrique.
Tchad: Mort du dictateur et putsch françafricain
Le dictateur françafricain l’ouvrait de plus en plus égratignant son maître impérialiste français depuis celui ci avait pris la tête de la coalition Otanienne qui a tué Khadafi. Les vidéos circulent montrant Idris Deby Itno se plaindre du « bordel » créer dans le Sahel par « l’infection terroriste » surarmée salafiste et wahabite. La légende du « maréchal guerrier » fabriquée par les média mensonges impérialistes veut qu’il ait trouvé « la mort au front » alors que des sources persistantes africaines disent qu’il a été « tué dans son palais » par un coup d’état françafricain en raison de ses critiques adressées au maître.
Au delà de ces querelles, il est clair que la françafrique a adoubé le piétinement de la constitution du pays qui dit qu’en cas de vacance du pouvoir, c’est le président de l’Assemblée Nationale qui devient président de la transition entre 45 et 90 jours pour préparer l’élection d’un nouveau président. Le club des présidents africains plus Macron se sont précipités à N’Djamena pour introniser le fils Déby à la tête d’un comité militaire qui a suspendu la constitution et toutes les institutions du pays.
Ce que le club des présidents françafricains et Macron avaient condamné au Mali est applaudi au Tchad pour aussitôt donner quitus aux bombardements des Mirages et Rafales contre « l’offensive militaire du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), une composante des Forces armées de résistance nationale, légitime bras armé des masses populaires assassinées, pillées, humiliées par le Dictateur Maréchal Président Idriss Déby au pouvoir absolu depuis 30 longues années ininterrompues » (Déclaration de ACTUS/prpe).
Comme l’écrit ACTUS/prpe « Le Dictateur Maréchal Président Idriss Déby est depuis 30 ans l’inamovible élu de l’impérialisme français qui l’impose militairement au peuple tchadien. En effet, rappelons que les masses populaires tchadiennes insurgées ont durant ces trois décennies pris les armes pour se libérer de cette dictature, mais hélas, les troupes d’occupation de l’armée coloniale française basées dans le pays interviennent en exterminant les vaillants patriotes combattants des mouvements des Forces de résistance nationales. Ces interventions militaires ou expéditions coloniales punitives de l’armée française contre les Forces de résistance en 2006, 2008, 2009, 2019…sont des preuves, si besoin en est, que l’impérialisme français fait l’apologie de la dictature au Tchad, en noyant dans le sang les insurrections populaires par des bombardements et soutien logistiques au tyran. Les faits susmentionnés montrent à suffisance que l’’impérialisme français s’oppose farouchement au droit inaliénable, à la volonté ardente de liberté et de démocratie du peuple tchadien. Les masses populaires tchadiennes prennent acte de cette déclaration de guerre de l’impérialisme français contre elles » (idem).
Mais cette fois le coup d’état de la garde prétorienne dirigée par le fils du dictateur contre les institutions du pays a mis la révolte populaire dans les rues de la capitale et du pays. Les populations brandissent des pancartes où on peut lire » Respect de la Constitution« , « Armée tchadienne dans les casernes« , « Armée française, hors du Tchad« . La résistance populaire au putsch françafricain et la lutte armée des FACT exigent le « retour à l’odre constitutionnel » et donc la remise du pouvoir au président ou aux vice présidents de l’assemblée Nationale pour vaincre la dictature et mettre le Tchad sur le chemin de la démocratie et de la souveraineté nationale.
Les expériences progressistes en Amérique du Sud et en Asie
Des années 80 à 2010/11, le contrôle de l’Afrique par la françafrique s’opérait essentiellement par les diktats libéraux du FMI, de la BM et de l’OMC adossés à la dette usurière.
L’unilatéralisme de la pensée unique libérale et de la toute puissance hégémonique du capitalisme impérialiste françafricain, eurafrician et usafricain. Les présidents patriotes et panafricains comme Sankara puis Gbagbo pouvaient être tué ou emprisonné, Rawlings, L. D. Kabila, Mugabe pouvaient être isolés voire calomniés, l’Érythrée diffamé parce que seul pays africain non membre de l’OMC.
Et voilà que dès le début de ce siècle l’Amérique du Sud se lance dans des expériences de conquêtes démocratiques du pouvoir par des forces de gauche patriotiques antilibérales et anti-impérialistes au Venezuela Chavez/PSUV en alliance avec les Communistes du PCV, en Bolivie Morale/MAS, Nicaragua Ortega/Sandiniste, au Brésil Lula/Dilma/PT, Equateur Correa. Même si ce processus connaît des reculs momentanés comme en Équateur et en Bolivie, ces expériences s’appuyant sur la formidable et héroïque résistance de Cuba socialiste du PCC se frayent un chemin vers la libération nationale et panaméricaine étape vers ou qui va s’entremêler avec l’option socialiste.
Et voilà que la Corée du Nord Communiste du PTC se révèle être une puissance technologique nucléaire défensive contre l’agressivité fascisante des USA, que le Vietnam du PCV maîtrise la pandémie du covid 19 au point de n’avoir subi que 35 morts en deux ans, que l’Etat communiste du Kerala en Inde fait face à la pandémie mieux que tous les autres Etats de la Fédération Indienne et que surtout la Chine Communiste poursuit sa construction du socialisme à la chinoise en sortant le 1 milliards 400 millions de Chinois du sous développement pour commencer à atteindre une « société de moyenne aisance ».
La souveraineté nationale pour rompre l’unilatéralisme et obtenir le droit souverain à la coopération multilatérale
Toutes les luttes populaires en Afrique exigent la réappropriation des richesses nationales du sol, des côtes et du sous sol par les peuples et la souveraineté nationale. La jeunesse devient le fer de lance des mobilisations sous la forme de partis et de mouvements dits de la « société civile ». Bien entendu l’impérialisme fait tout pour que ces soulèvements populaires soient dévoyés en « révolutions colorées » à l’instar des contre-révolutions capitalistes qui ont balayé le camp socialiste d’Europe.
C‘est ainsi que furent baptisées les rebellions des peuples en Tunisie et en Égypte avant l’instrumentalisation en Libye et en Syrie pour renverser au profit des djhado-terroristes Khadafi et échouer en Syrie. En Afrique au sud du Sahara, les peuples sont de plus en plus confrontés à l’occupation militaire permanente de Barkhane, Afrikom alors que les Multinationales françaises, européennes et étasuniennes perdent de plus en plus de parts de marchés face à la coopération chinoise, russe, indienne, etc.
Il est clair que la tâche principale est ici de porter le plus haut possible la nécessité de la souveraineté nationale et panafricaine couplée à l’exigence du multilatéralisme pour desserrer l’étau du face à face unilatéral avec les impérialismes françafricain, eurafricain et usafricain.
La gauche et les patriotes panafricains doivent être à l’avant-garde dans ce combat de cette seconde phase de libération nationale étape vers le socialisme africain.
DIAGNE Fodé Roland