Les élections locales du 29 juin 2014 marquent une étape importante dans la longue marche des femmes sénégalaises pour plus de représentativité dans les conseils territoriaux. En effet, l’application de la loi instituant la parité absolue homme – femme dans toutes les institutions électives et semi-électives a permis le triplement du taux national de présence des femmes dans les Collectivités locales, passant de 15,9 % en 2009 à 47,2 %, soit 13 103 femmes sur 27 760 élus. Ces beaux résultats, hélas, semblent être l’arbre qui cache la forêt.
En effet, s’il faut saluer ces avancées, il convient, en revanche, de déplorer la faible représentation des femmes dans les bureaux des conseils locaux (17, 5 % seulement). Sur 557 communes, il n’y a que 13 femmes maires alors que seuls deux département sur 45 sont dirigés par des femmes. Les prochaines élections locales devront nécessairement inverser cette tendance. Et c’est là un défi important à attacher à ces échéances. Il faudra faire en sorte qu’à l’issue de ces élections nous ayons plus de femmes qui soient maires et qui dirigent des conseils départementaux. C’est un défi qu’il est possible de relever. Les acteurs politiques et les institutions de notre pays concourant à l’exercice de la démocratie doivent, de façon concertée, aller au-delà de la parité et travailler à l’avènement de bureaux de conseils locaux où les femmes ne feront pas simplement de la figuration, mais où elles auront le même poids que celui des hommes et où elles participeront activement aux délibérations.
Selon la loi, ces bureaux doivent être paritaires, comme le rappelle la Cour suprême (ARRÊTN°02 du 8/01/15 Mbenda Ndiaye, Sokhna Seynabou Mbacké et Ndéye Lobé Lam Contre : Conseil Municipal de Kaolack, Ministre chargé des Elections): « Considérant que ce bureau, n’ayant pas respecté la parité à partir de l’élection du 2e Adjoint, il y a lieu, statuant à nouveau, d’ordonner la reprise de l’élection de ses membres, le Maire et le 1er Adjoint n’étant pas concernés par cette mesure ; PARCES MOTIFS :Infirme l’arrêt n°14 du 25 juillet 2014 de l’Assemblée générale de la Cour d’appel de Kaolack ; Statuant à nouveau, ordonne la reprise de l’élection des membres du bureau du Conseil municipal de Kaolack ». Cet arrêt a établi la jurisprudence qui a été confirmée par les arrêts ultérieurs (arrêt n°1 du 14 janvier 2016, Mairie commune Sicap Liberté, contre Aida Niang).
Les femmes devraient être plus nombreuses à être maires et présidentes de conseil départemental, par souci d’équité simplement, et même pas de parité. Et, rappelons-le, l’équité est un signe de bonne gouvernance. Les partis politiques, en ce qui les concerne, doivent s’impliquer dans la formation des militants, en général, et des militantes, en particulier. De nombreuses femmes peuvent assumer des fonctions de maire ou de présidente de conseil départemental. Il ne faudra plus se contenter, comme le veut la loi, de confectionner des listes de candidatures alternativement composées de personnes des deux sexes, mais il faudra tendre à mettre, autant que possible, des femmes en tête de liste. Devant les enjeux liés à la gestion de nos ressources foncières, minières et forestières, nous gagnerions à avoir plus de femmes maires et plus de présidentes de conseils départementaux. Elles nous aideraient assurément à aplanir les difficultés que connaissent ces secteurs en les gérant avec plus de transparence et de justice.