Je viens d’arrêter la date des élections municipales et départementales au 23 janvier 2022, l’opposition devrait être satisfaite ! Ainsi pourrait se parler à lui-même notre président de la République Macky Sall, dans un monologue devant sa glace en se rasant. Ouf, je vais enfin voir la classe politique en découdre par le débat démocratique et les idées, et non plus par les attaques personnelles et les coups bas. Ils m’en font voir de toutes les couleurs ces opposants, on me harcèle à longueur de temps, mais on ne me fera pas avaler des couleuvres sur le terrain de l’action politique, je connais la valeur de mon engagement. Soyons bons joueurs, les réseaux sociaux et la presse, c’est leur terrain de jeu, mais le terrain, le vrai terrain, le sable et la poussière, je les y attends. Ils sont même allés se plaindre du parrainage à la Cedeao car ils le savent bien, quand on n’est personne de représentatif, le filtre du parrainage vous met hors jeu.
Rendez-vous donc en janvier 2022, mais d’ici là j’ai du boulot. Moi je vais présider aux destinées de l’Union Africaine l’année prochaine et cela me réjouit pour le rayonnement de mon pays.
Ils pensent qu’ils seraient meilleur président que moi, mais que font-ils de concret à part de m’attaquer ? Mes grandes réalisations sont légion, pourtant il y aura toujours quelqu’un pour dire que je n’en fais pas assez, quand ce n’est pas pour me glisser un caillou dans la chaussure. Je peux me projeter jusqu’en 2035 avec mon Plan Sénégal Émergent révolutionnaire pour l’Afrique, ils diront encore que je pilote à vue le Sénégal. Malgré tous mes efforts portés contre la pauvreté, on m’accusera toujours de laisser en rade les questions essentielles des populations au profit d’une minorité de riches. Qui sont ces riches ? Le secteur privé ? Ce sont eux qui créent des emplois. Moi je les laisse déblatérer, un chef d’Etat ne peut pas faire du wadjadjadja toute la journée. Un jour sûrement je pourrai parler.
Savent-ils seulement tous ces gens-là, ce que nous avons dû traverser avec la pandémie ? Est-ce la polémique qui a soutenu les populations surprises par le Covid, convaincu le G20 de la nécessité d’annuler la dette des pays pauvres, même si ce n’est encore pas gagné. Oui je suis fier de moi quand je lis partout que le Sénégal est l’un des pays les plus félicités et respectés pour sa gestion de la pandémie.
Bien sûr je me pose des questions parfois. Si l’engagement en politique signifie de mettre entre parenthèses sa vie privée, ses heures de sommeil, ses loisirs ou sa famille au bénéfice d’une cause ou une idée que l’on juge supérieures, y a t-il encore beaucoup d’intérêt et de noblesse à se faire juger et critiquer, quand ce n’est pas dénigré du matin au soir ?
« Peu importe l’ampleur du sacrifice ; ce qui compte, c’est la grandeur du but que l’on s’assigne », je pourrais me rassurer de cette devise, si en plus de résister à la désinformation, aux manipulations et à la violence de mon opposition, je ne devais pas aussi supporter les rébellions de mon propre camp…
Quoi qu’il en soit, mon urgence aujourd’hui c’est les jeunes, une priorité absolue. ‘’Un homme d’État est celui qui pense aux générations futures, et un homme politique est celui qui pense aux prochaines élections », a dit Abraham Lincoln. Nous autres, Sénégalais, nous pouvons le vérifier tous les jours, car c’est bien chez nous le pouvoir et non l’intérêt général qui motive les hommes politiques. Ni les défis économiques, ni les enjeux sécuritaires, sociaux ou démocratiques, pas plus la bataille du chômage des jeunes qui est cruciale, n’animent les prétendants de tous bords qui piaffent d’impatience de concourir pour la fonction suprême sans devoir une fois encore passer leur tour.
Les élucubrations de l’opposition, je ne veux même pas perdre mon temps à les citer. Au Sénégal, le cœur de la vie politique ne bat que pour l’élection présidentielle. Il faut y penser tout le temps. Mais aujourd’hui, les sénégalais n’en peuvent plus des ambitions des politiciens. Ils en ont marre de les voir obsédés par leur quête du pouvoir. Les sénégalais voudraient que les hommes politiques oublient leurs carrières personnelles, et se consacrent un peu plus au bien commun.
Redevenons sérieux à présent. Très franchement, je ne sais pas à quoi pense notre président en se rasant le matin ni en se brossant les dents, peut-être au rapport de force dans la conquête du pouvoir. Pense-t-il a un troisième mandat ou pas ? Probablement qu’il n’exclut rien. Toujours est-il qu’il n’a jamais utilisé la surenchère de l’insulte ou la violence comme armes redoutables en politique et s’en est toujours tenu aux arguments utiles aux débats d’intérêt général.