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Gaza, Un Autre Jour Viendra

Gaza, Un Autre Jour Viendra

En avril, l’Ong Human Rights Watch a publié un rapport accablant sur la politique d’Israël, accusé «d’apartheid» et de «persécution» dans les Territoires occupés. L’intention par un groupe racial d’en dominer un autre, l’oppression systématique, la perpétration d’actes inhumains et la pratique de la discrimination sont des éléments constitutifs de crime contre l’humanité.

Les images de la nouvelle agression israélienne à Gaza et à Jérusalem sont horribles, et elles doivent provoquer une vive réaction face à une énième tentative d’effacer les Palestiniens. Car il est là, le projet du Gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu : poursuivre le nettoyage ethnique et effacer la trace des Palestiniens de leur terre historique.

C’est dans ce but ultime que des familles palestiniennes sont expulsées du quartier de Sheikh Jarrah au profit de colons ; que l’extrême droite israélienne manifeste aux cris de «Mort aux Arabes» ; que des suprémacistes juifs chantent et dansent quand l’esplanade de la mosquée Al Aqsa prend feu. On refuse tout aux Palestiniens ; on leur refuse le droit d’exister, voire celui d’être seulement nommés.

Tout en bombardant Gaza, prison à ciel ouvert depuis 2007, le Gouvernement israélien fait usage de la propagande que relaient sa diplomatie et son puissant arsenal médiatique. Netanyahu indexe le Hamas, le terrorisme islamiste et met à disposition de ses alliés, notamment européens et américains, les éléments de langage nécessaires à la justification de l’horreur contre des civils.

Les autorités israéliennes ont conscience de leur usage disproportionné, déraisonné et illégal de la force contre des femmes et des enfants. Elles nomment ainsi leurs victimes «terroristes». Terme flou, chargé négativement qui humilie, invisibilise, assigne et déshumanise un Peuple oppressé depuis des décennies. Le récit médiatique est souvent biaisé concernant le Proche-Orient. Il n’y a pas un conflit entre deux belligérants à la puissance équivalente. Il y a une guerre asymétrique entre une puissance occupante qui viole de manière quotidienne les droits et la dignité de millions de Palestiniens, et une résistance aussi faible qu’abandonnée par la Communauté internationale. Israël ne peut moralement, politiquement, être une victime dans son contentieux avec la Palestine.

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Israël connaît le poids de l’image, du récit et des représentations dans une guerre. C’est pourquoi Tsahal a bombardé samedi les sièges des médias Al Jazeera et Associated Press, pour imposer un blackout médiatique, tuer en silence et refuser que ces corps d’enfants sous les décombres ne fassent le tour du monde. C’est sans compter avec le contre-récit alternatif qui émerge avec une partie de la presse, des chercheurs indépendants et des réseaux sociaux qui plaquent aux yeux du monde l’horreur de la colonisation, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Personne ne dira qu’il ne savait pas.

La Palestine reste, après la libération de Nelson Mandela et la fin de l’apartheid, l’une des dernières grandes causes de l’humanité. Elle mérite à ce titre que nous fassions ce que Edwy Plenel appelle «cause commune». Les consciences ne doivent pas être moralement désarmées afin de ne pas céder à la tentation de l’indifférence ou de la lassitude.

Le chef de l’Etat sénégalais a pris la parole le jour de la Korité, appelant à la «désescalade». Le Sénégal ne doit pas être timide sur le sujet. Nous reconnaissons Israël et accueillons son ambassade à Dakar, mais nos liens avec la Palestine sont profonds, et ils sont régis par un pacte moral qui dépasse le «partenariat». Nos relations particulières ont fait que nous avons reconnu très tôt la Palestine et accueilli les cadres historiques de l’Olp chez nous.

Senghor avait accordé à Yasser Arafat un passeport diplomatique sénégalais. Le Sénégal préside sans interruption depuis 1975 à l’Onu, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple palestinien. Nous sommes un pays phare dont la voix au sein de la Oummah est importante. Notre soutien ne doit jamais manquer aux Palestiniens. Nous le devons aussi à Saïd Abassi, qui dort au cimetière de Yoff. Abassi a été plus qu’un ambassadeur de la Palestine. En 32 ans de vie au Sénégal, Il s’est fondu dans notre pays, dans lequel il est arrivé dans la foulée de la reconnaissance par Abdou Diouf de l’Etat de Palestine.

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A l’instar du Sahara ou de l’unité africaine, la cause palestinienne doit demeurer un marqueur de notre politique extérieure. A ce sujet, alors que nous n’avons jamais été aussi éloignés d’un Etat palestinien viable, la voix du Sénégal, son action pour la paix dans la justice, devraient être plus affirmées. Nous le devons à nos frères et sœurs palestiniens, pour donner corps à cette belle intuition de Mahmoud Darwich, poète de la résistance et de l’exil qui, reclus à Ramallah en 2002, chantait : «Quand disparaissent les avions, s’envolent les colombes / Blanches blanches, elles lavent la joue du ciel.»







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