Tampi (fatigué en pulaar)
Évacuons deux problèmes pour la bonne compréhension de ce qui va suivre : je suis un « esprit tordu » et oui, « leydi ndi (le pays, et non seulement le Fouta) « Tampi » (fatigué).
Sa Majesté qui « n’aime pas voir le rouge » est comme toutes les majestés : aveugles et hautaines. Pour elles, les critiques et autres ports de brassards rouges, sont une intolérable atteinte à leur gouvernance seigneuriale. Des crimes de lèse-majesté qu’ils gardent dans leur cœur meurtri et leur esprit revanchard, pour le ressortir à l’occasion avec la bave qui fuse de partout par ces temps de Covid.
« Lorsque j’ai organisé le Conseil des ministres délocalisé de Kédougou, beaucoup d’esprits tordus disaient qu’on ne faisait que des promesses…». Et sa Majesté qui, semble-t-il, découvrait le pays profond (alors qu’il avait occupé les plus hautes fonctions possibles, c’est vrai qu’il n’était pas encore président, puisqu’il situe cette tournée d’horreur en 2009-2010), bombe le torse 10-11 ans après, parce qu’il inaugure un hosto chez Amath Dansokho !
« ..aller à Bandafassi, Thiabi…salemata, une route cahoteuse, difficile…Ethiiolo, dakateli, frontière avec la Guinée… les routes étaient impraticables… ». Il faut lire la description cauchemardesque que fait l’opposant Macky Sall des galères quotidiennes que vivaient (et vivent toujours) les populations des régions et lui demander : est-ce mieux aujourd’hui ? Les chapelets de « doléances », de revendications, les brassards rouges (que vous ne voulez pas voir) qui ont jalonné votre parcours (pourtant bien tracé pour vous éviter des crises anti-brassards rouges), les pistes qu’on vous réclame pour que des femmes n’aient plus à accoucher sur des charrettes, des dispensaires au service minimum, des hôpitaux qui ne soient pas que des murs (sans les équipements et les personnels au complet) de « première génération » (je reviendrais un jour sur ces histoires de générations à propos de n’importe quoi, thiim !!).
Votre Majesté, au lieu de bomber le torse en arpentant les couloirs de cet hôpital de « deuxième génération » et vouer aux gémonies les « esprits tordus », vous auriez dû vous poser la question : qu’ai-je fait depuis 9-10 ans pour que mes « tournées économiques » ne soient pas un cauchemar de déjà vu ? Moi, personnellement, je n’ai rien contre le fait d’appeler vos tournées économiques, et non des occasions supplémentaires pour vous et vos hommes, de continuer votre sport favori : dilapidation des maigres ressources qui auraient mieux servi à soulager les « tempérés » (fatigues) de vos concitoyens.
Depuis le vieux juge Kéba Mbaye, nous savons tous que les « Sénégalais sont fatigués », (Tampi) et non seulement le Fouta. Le Fouta se réveille seulement maintenant d’un long sommeil comateux, après les différentes insultes des responsables de votre ancien parti (PDS) et vous maintenant. Le vieil avocat sur le déclin politique, complètement paniqué parce que vous faisiez de la razzia sur ce qu’il pensait être « ses » terres, menaça les « foutankés » de transférer les investissements promis vers d’autres contrées plus reconnaissantes. Et vous, Majesté, vous avez cru voir à travers le Fouta, un titre foncier…hérité de qui ? De votre « foutanketude » ? Allons donc ! Vous savez bien que la boulimie foncière est non seulement une vilaine chose, mais aussi un délit, voire un crime. Enfin, dans les pays où la Justice échappe au contrôle des roitelets… Ce qui visiblement n’est pas encore le cas sous nos cieux.
Tournées économiques, balades politiques ? On s’en tape. Vous devriez même en faire toutes les semaines si c’est pour inaugurer des réalisations issues de vos promesses électorales. Mais arrêtez de faire des trophées rares, des choses normales pour un président, des prouesses : développer son pays. Justifier les budgets annuels, les « prêts, dettes et dons » et non courir ventre à terre écouter Macron vous dire comment développer vos pays ; qu’il se portera garant de vos dettes ; qu’il demandera qu’on vous donne plus de DTS (Droits de tirage spéciaux) ; il vous serine qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État ; des bonnes et mauvaises élections ; des troisièmes mandats acceptables et d’autres insupportables ; des pays où il faut imposer les rotations (alternances) et d’autres où on ferme les yeux des régimes trentenaires d’existence. Bref, nous (vous) prendre pour des attardés, immatures, incapables de choisir ses dirigeants, la durée de leur mandat, son système électoral…Nous serions toujours les singes sur leurs arbres, qui ne sont pas encore entrés dans l’histoire… Ah ! « Ndé tampere !» (ah cette fatigue !).
Il nous faut vraiment moult « vagues »(électorales ou de la rue) pour se (nous) débarrasser de notre (nos) fatigués. De ces « dialogues » merdiques ; de ces experts qui embrouillent plus qu’ils n’éclairent ; ces « civilistes », (société civile) qui vivent comme des sangsues des corps malades de nos systèmes électoraux et autres gouvernances.
Miin Taam-pii !! (On est fa-ti-gué !! »)
NB : Avez-vous remarqué que nous ne faisions pas partie de la « communauté internationale » selon les grands médias français en charge du formatage de notre pensée ? Ils disent : la CEDEAO, l’UA et la communauté internationale ont condamné (ou pas) le coup d’État au Mali… Et quand on écoute bien, on se rend compte que la « « communauté internationale », c’est l’Union Européenne, le Conseil de sécurité de l’ONU (en fait les pays du veto). Nous, non seulement nous ne sommes pas encore entrés dans l’Histoire, mais nous ne faisons même pas partie de la « communauté internationale » qui gouverne le monde ! Et après on fait des sauts de cabris, en revendiquant des « souverainetés » usurpées, pour ne pas dire inexistantes.
Nous y reviendrons…