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Zemmour N’est Pas Zola

Il n’y a qu’un seul point commun entre le Grand Emile Zola, l’auteur de «Germinal» et de l’historique «J’accuse» dans l’affaire Dreyfus et Eric Zemmour : ils sont tous des intellectuels, des intellectuels tapageurs. C’est le seul point commun. Heureusement. Zola ouvre le registre de l’intellectuel tapageur dans l’affaire Dreyfus pour défendre de grands principes. Zemmour pirate le registre de l’intellectuel tapageur pour faire de la provocation permanente, afin d’exister médiatiquement, étancher une soif de reconnaissance et, de façon freudienne, régler des comptes et cicatriser des blessures qui jalonnent son histoire personnelle et familiale. «Sans doute sa vision de l’islam est-elle biaisée par son histoire personnelle. Se définissant comme un Français d’origine berbère, il descend comme beaucoup de juifs d’Afrique Nord, d’ancêtres qui habitaient l’Algérie bien avant la conquête du Maghreb par les Arabes au VIIe siècle, et qui ont été chassés de leurs terres originelles au nom de la décolonisation, dans la bonne conscience générale. Ça laisse des traces.» Tout est dit dans cet édito de Franz-Olivier Giesbert dans Le Point du 18 février 2021.

Cette grande histoire a laissé des traces qui le prédisposent à être anti-musulman, et le fait aussi d’être originaire de Montreuil, «la plus grande ville malienne après Bamako», renforce des prédispositions déjà ancrées dans une histoire personnelle. La provocation permanente est le moteur du succès médiatique de ce Coluche intellectuel, avec l’humour en moins. En disant que «tous les trafiquants de crack sont sénégalais», il fait dans la provocation et l’excès pour faire le buzz médiatique qui lui permet d’exister. L’Etat du Sénégal a réagi et semble vouloir mettre la pression sur Bolloré pour le censurer. C’est ce que cherche Zemmour, pour internationaliser sa victimisation intellectuelle et politique. Au-delà du courrier et de la stratégie pour le faire taire, le Sénégal devrait porter plainte et faire condamner ce délinquant intellectuel multirécidiviste, pour avoir été condamné en 2011 pour discrimination raciale pour «avoir déclaré que la plupart des trafiquants sont des noirs et des arabes» et en 2018, pour provocation à la haine contre les musulmans, pour avoir déclaré que «tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas, considèrent que les jihadistes sont de bons musulmans». Le Sénégal, pays de Senghor, auteur de la civilisation de l’Universel, devrait s’honorer d’être le premier pays étranger à faire condamner ce partisan de «déportation des musulmans» de France.

Il faut le faire condamner, car le censurer ne sert à rien, car il a été viré de plusieurs rédactions de journaux, de radios et de télés, mais il est toujours recyclé à cause de la course à l’audience. Que Zemmour, qui utilise la haine religieuse, raciale, comme une rente, puisse avoir autant d’audience est un bon indicateur du suicide français pour reprendre le titre de son livre. Ce suicide français est à la fois intellectuel et politique.

Comment intellectuellement, Zemmour peut se réclamer de Napoléon et De Gaulle, en voulant fermer la France, c’est-à-dire abdiquer de la volonté universaliste née de la révolution de 1789 et de la révolution des lumières ? Le suicide intellectuel est aussi caractérisé par ce grand débat et cette peur artificiels sur le «Grand remplacement» des Français par des musulmans. Au pays de la Raison cartésienne, la fiction a remplacé la réalité. On est passé de «je pense donc je suis» à «j’affabule donc je suis» de Zemmour, et de Renaud Camus, auteur du Grand remplacement.







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