Les sorties du président français, Emmanuel Macron, notamment la dernière contre le Mali, apparaissent pour ce qu’elles sont : les rapports modernes du maître et de l’esclave. Une preuve irréfutable des chimères de la « souveraineté » des États africains. De l’absence de souveraineté malgré les hoquets ridicules de nos gouvernants à l’occasion.
« Des exigences et des lignes rouges ont été posées », murmure la CEDEAO vite reprise par le gouvernement français qui, on le subodore du reste, est derrière toutes les décisions et résolutions des « machins » africains que sont la CEDEAO et l’UA dans des situations pareilles. Le président français a donc la caution africaine (nègre), pour brandir le glaive, le sabre, de la soumission, de la dépendance. « Il revient aux autorités maliennes d’y répondre » sous peine de voir la France « suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit ».
Le locataire de l’Élysée se souvenant occasionnellement que son pays fut il y a une éternité, le pays de la Déclaration des droits de l’homme, «veut clairement exiger une transition inclusive qui doit s’achever dans neuf mois » et reste intransigeant quant au « caractère républicain de l’État malien ».
Évidemment, dans cette politique d’asservissement, les autorités françaises savent pouvoir compter sur leurs bras armés idéologiques : RFI et France 24. Surtout RFI qui de plus en plus se comporte comme l’infecte « radio des mille collines » rwandaise. À la différence qu’ici, au lieu d’appeler au meurtre, on appelle les peuples africains à se soumettre aux choix de Paris pour nos dirigeants, au nombre de mandats à faire, aux coups d’État acceptables et imposés, à ceux inacceptables aux yeux de la France. Pour ce faire, on lance sur les dirigeants l’artillerie lourde médiatique à longueur « d’éditions spéciales », d’« invités » et autres « Appels aux auditeurs ».
Mais en fait, la France et Macron ne sont aucunement responsables de la soumission et de l’asservissement volontaires de nos dirigeants. Il ne faut pas se tromper de cible encore moins d’adversaire : l’ennemi des peuples africains est intérieur d’abord, et seulement après, soutenu, entretenu, garrotté, par « Paris ». Parce que tout de même, ce sont les dirigeants africains qui sous-traitent la sécurité et l’intégrité de leur pays à l’ex-(toujours) puissance coloniale. Parce qu’à y regarder de près, on se rend compte que nos armées ont été formées principalement pour des guerres intérieures, contre leurs peuples. Au service des d’intrigues politiques : les coups d’État !
Oui, malgré la sainte colère qu’on peut nourrir contre les injonctions humiliantes des autorités françaises en direction de nos dirigeants, il est clair que ces derniers sont les principaux responsables. Il ne faut donc pas se tromper de cible.
Il me semble que les vrais panafricanistes, les vrais « souverainistes » sont ceux qui veulent que l’Afrique défende l’Afrique, qu’elle ne sous-traite plus sa sécurité ; qu’elle professionnalise ses armées pour faire face à toutes les menaces, que les ressources africaines servent d’abord aux peuples africains ; qu’il n’y ait plus de « précarrés » et autres « dépendances privilégiées » ; que les dettes ne soient plus des chaînes d’esclaves, que ceux qui les détournent paient pénalement et pécuniairement.
Oui, c’est insupportable de voir nos chefs d’État continuer à demeurer les « toutous » de Paris ; que le continent reste soixante ans après, le énième département de la France ; que nos régimes politiques, nos futurs dirigeants, soient le fait du choix de la France. Que ses médias, notamment « sa voix », RFI soit le média préféré de nos dirigeants.
Bref, y’en a marre de cette soumission volontaire de nos dirigeants, voire de la grande majorité de nos élites politiques et/ou intellectuelles.Mais répétons-le pour les gens de mauvaise foi et autres répondeurs automatiques : Il ne s’agit pas de la France comme pays et des Français comme peuple, mais bien de l’impérialisme français ; de la mainmise du capital français sur nos économies ; du chantage de la présence (ou non) militaire française au Mali ou ailleurs. Parce qu’on n’a quand même pas oublié la responsabilité de l’État français dans le dynamitage de l’État libyen et l’assassinat de Kadhafi. De l’implosion de l’Irak suite aux mensonges éhontés des Américains sur l’existence d’armes chimiques dans ce pays.
Oui, vous avez dynamité toutes les digues qui retenaient les illuminés de la terre. Vous avez permis que se répandent les mouvements obscurantistes, haineux et violents dans les pays fragiles. Et par ricochets, dans vos capitales. Voilà pourquoi vous êtes au Mali et au Sahel. Vous n’avez rien à cirer de la démocratie en Afrique. Vos intérêts et votre sécurité intérieure d’abord. Et surtout.