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Lettre D’un Communiste Africain Aux Patriotes Panafricains

Lettre D’un Communiste Africain Aux Patriotes Panafricains

Vous êtes plusieurs à avoir dénoncé fort justement la bassesse fascisante d’un renégat du “communisme” qui, dans sa lutte des places au gouvernement libéral néocolonial, s’est fendu d’une allusion sur le “lieu de prière” du leader souverainiste de Pastef.
 
Cet idiot utile au régime néocolonial fascisant fait partie de ces renégats du communisme et de la gauche historique dont le leader de Pastef les patriotes a pu dire qu’ils “sont des alimentaires qui ne méritent aucun intérêt autre que de les ignorer”.
 
Mais dans vos réactions critiques, il est apparu que vous avez parfois “jeter le bébé communiste avec l’eau sale du bain” en considérant que le “communisme est contre la religion”, ce qui est totalement faux.
 
Cette contre-vérité anti-communiste est largement répandu par les thuriféraires du capitalisme et de l’impérialisme pour détourner les travailleurs et les peuples de l’idéologie d’émancipation des travailleurs de l’exploitation de l’humain par l’humain qu’est le capitalisme et de libération nationale des peuples de l’oppression impérialiste qu’est le communisme.
 
D’abord il est faux de taxer le communisme “d’anti-religion” parce que “la religion, opium du peuple” est une critique scientifique du fait avéré que le capitalisme et l’impérialisme instrumentalisent la religion pour justifier l’exploitation du travailleur et l’oppression des peuples. Il s’agit ici non de dénoncer la religion, mais son utilisation pour soumettre les travailleurs et les peuples. Les exemples sont nombreux dans l’histoire des peuples africains dans les périodes de l’esclavage transsaharien, la traite transatlantique des Noirs, la colonisation et le néocolonialisme actuel.
 
L’actuelle « guerre contre le terrorisme » montre bien que les fanatiques religieux sont des instruments des impérialistes qui fabriquent les armes et sont fiancés par des théocraties des pétromonarchies racistes pour dézinguer les Etats patriotiques laïcs de l’Afghanistan, de l’Irak, de Syrie, de Libye, du Mali, etc. Ces fanatiques fascistes tuent majoritairement des musulmans et détruisent le patrimoine musulman comme celui des tombes des 333 saints noirs de Tombouctou et de la bibliothèque historique de Sankoré. Ils sont en vérité les instruments de la stratégie de « guerre de religion, de civilisation » concoctée par les impérialistes occidentaux pour détruire les Etats nations ou multinationaux laïcs qui ont obtenu leur indépendance lors de la première phase des luttes indépendantistes après 1945.      

La formule complète de Marx est que la “religion est aussi le soupir” des opprimés, c’est à dire qu’elle peut être aussi un point d’appui contre l’exploitation et l’oppression. Les chefs religieux africains qui ont mené des résistances anticolonialistes multiformes qu’ils soient Chrétien, Khadre, Tidjane, Mouride, Layène, Niassène ou des religions polythéistes traditionnelles ou animistes l’ont fait à partir de leurs croyances religieuses et les expériences sont légions en Amérique du Sud avec les “théologiens de la libération” ou les polythéistes Amérindiens. Et dans toutes ces expériences de luttes africaines et hors d’Afrique, ces résistances se sont faites en lien avec les Communistes. Là aussi les exemples sont nombreux.
 
En fait la confusion qui est entretenue par les capitalistes, les impérialistes, les bourgeoisies néocoloniales et les fanatiques religieux souvent au service des premiers est communisme = athéisme, ce qui est totalement faux et consciemment manipulateur.
 
En effet dans tous les partis communistes et dans toutes les expériences qu’elles soient soviétique, chinoise, vietnamienne, cubaine, coréenne, européenne, asiatique, sud-américaine et africaine, nulle part le communisme en action pour la révolution socialiste ou la révolution nationale démocratique populaire n’a posé comme condition d’adhésion au parti communiste l’athéisme et n’a fixé comme objectif l’athéisme.
 
Le droit et la liberté individuelle de croire ou de ne pas croire est une affaire personnelle qui doit être garantie par toute société, toute nation, tout Etat, tout peuple qui aspire à la paix, à la démocratie, au respect des droits humains et à l’unité fondée sur l’égalité des droits.
 
Le fait d’avoir sa religion, sa confrérie n’est nullement incompatible avec un engagement communiste. L’abolition de la religion n’a jamais été un slogan communiste. La religion, c’est la quête individuelle d’une vie éternelle sous l’égide de Dieu/Allah après la mort sur terre. Le rôle du chef spirituel est de guider le croyant vers le divin pour l’au delà.
 
Le communisme n’est pas une religion, c’est le combat collectif des travailleurs pour abolir l’exploitation de l’humain par l’humain donc le capitalisme et des peuples pour abolir la domination par leur indépendance. C’est ainsi que tous les partis communistes du monde ont eu des militants croyants et non croyants qui utilisent le socialisme scientifique, le matérialisme dialectique et historique pour analyser la société et organiser la lutte des travailleurs et des peuples pour changer les rapports économiques et sociaux dans le sens de l’égalité et le bien être de tous.   
 
Ensuite, il n’y a pas pire que les traîtres dit l’adage. Que ce soit un ci-devant ex-marxiste qui tente d’introduire dans le débat politique la question de l’appartenance confrérique du principal leader de l’opposition sénégalaise doit nous amener à mesurer le degré de déchéance morale des ex-communistes et la profondeur abyssale du recul de civilisation qui menace ce pays majoritairement musulman qui a pourtant eu un président catholique !
 
Mais qui donc d’entre les patriotes panafricains et les révolutionnaires d’hier s’est demandé et d’aujourd’hui se demandent : quelle est la religion, la confrérie ou la croyance des leaders de la première phase de libération nationale ? Tous étaient ou Communistes, ou influencés par le Communisme ou compagnons de route du Communisme : Lamine Arfan Senghor, Tiémoko Garang Kouyaté, Alfred Nzula, premier Secrétaire Général noir du parti communiste sud africain, Nelson Madiba Mandela qui n’a jamais renié son appartenance au parti communiste, Chris Hani, UM Nyobé, F. Roland Moumié, Osendé Afana, Ernest Ouandié, Nkwamé Nkrumah, Sekou Touré, Modibo Keita, Thomas Sankara, Cheikh Anta Diop voir sa préface à Nations Nègres et Culture, Patrice Lumumba, Pierre Mulele, L.D. Kabila, Gamal Nasser, Khadafi, Franz Fanon, Eduardo Mondlane, Samora Machel, Agostinho Neto, Sam Nujoma, Amilcar Cabral, etc.
 
On voit là, la dangereuse absurdité de demander la religion, la confrérie ou la croyance des partis tous plus ou moins communisants pour ne pas dire communistes qui portèrent à bout de bras la première phase de la libération nationale africaine comme : les groupes d’études communistes (GEC), le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) et ses sections territoriales, l’Union des Populations du Cameroun (UPC), le Parti Africain de l’Indépendance (PAI), le PAIGC, le MPLA, le FRELIMO, la SWAPO, l’ANC/PCSA d’Afrique du Sud, le FPL Erythréen, etc. ?
 
Regardez aussi les expériences anti-libérales et anti-impérialistes, malgré toutes leurs difficultés, en Amérique du Sud dans lesquelles les références au marxisme, au léninisme permettent de progresser et dans lesquelles sont impliqués les partis communistes : Cuba, Venezuela, Bolivie, Nicaragua, Pérou, Chili, etc. Sans oublier les pays rescapés communistes du camp socialiste que sont la Chine en passe de devenir la première puissance économique, scientifique et technologique, Cuba puissance médicale, Corée du Nord puissance nucléaire défensive, Vietnam puissance en devenir et même dans un pays comme la Fédération Indienne, ce sont les trois Etats communistes qui sont les plus efficaces contre la pandémie du covid 19 en raison de leur politique sociale.
 
Enfin, le communisme ou socialisme scientifique ou marxisme-léninisme a comme sources constitutives selon Lénine :
 
la philosophie, à l’origine allemande, qui à travers la mondialisation du capitalisme s’est enrichie de l’apport de toutes les expériences philosophiques de toutes les sociétés humaines, de tous les continents, de toutes les cultures et de tous les pays, y compris d’Afrique. Charge aux révolutionnaires d’utiliser la science du matérialisme dialectique et historique, celle qui permet de cerner le mouvement de la vie à travers les contradictions et l’unité des contraires pour comprendre et transformer sa société, son pays. L’Europe où est né le capitalisme, qui l’a ensuite exporté pour dominer le monde, n’a plus le monopole de la science, de la technique qui lui a permis à un moment donné de dominer le monde. La science s’est mondialisée en même temps que le capitalisme arrivé à son stade suprême et donc n’est la propriété d’aucun peuple en particulier.
 
– l’économie politique, à l’origine anglaise, s’est aussi mondialisée à partir de la Révolution socialiste d’Octobre 1917 qui a été une alternative précurseur au capitalisme et malgré sa défaite avec la restauration du capitalisme dans l’ex-URSS, les rescapés du camp socialiste (Chine, Corée, Vietnam, Cuba, etc) font la démonstration, chacun à son échelle et dans différents domaines, que les voies nationales de l’édification du socialisme même sous l’économie de marché portent en elles l’indépendance nationale et l’élévation collective du niveau culturel et de vie des peuples. L’économie politique s’est ainsi enrichie des expériences diverses actuelles du capitalisme et du socialisme en construction. En Afrique, elle doit aussi s’enrichir de l’étude de l’économie politique des sociétés précoloniales de l’Egypte ancienne aux royaumes et empires qui ont existé avant la défaite qui a soumis l’Afrique à la colonisation.  
 
le socialisme, à l’origine français, par le biais de l’internationalisation de l’économie capitaliste même sous la forme coloniale se révèle comme une aspiration enfouie dans la coexistence et l’imbrication des modes de production précoloniaux avec le mode de production capitaliste devenu dominant et mondialisé. Une approche scientifique critique de ce que certains anthropologues et ethnologues ainsi que le courant national réformiste des collaborateurs africains qui ne voulaient pas l’indépendance mais qui l’ont reçu des mains du maître colonisateur ont appelé « socialisme africain » ou encore « la nature socialiste des africains » permettra de trouver dans l’historie précoloniale de l’Afrique les racines historiques de la voie socialiste africaine qui tiennent compte à la fois des lois et des formes nationales propres à chaque expérience africaine.  
 
La première phase de la libération nationale africaine a été marquée par des théories révolutionnaires marxistes ou marxisants dans un contexte social dont les principales caractéristiques sont :
 
Une classe ouvrière beaucoup plus faible numériquement que de nos jours et d’une paysannerie nombreuse, peu organisée et moins intégrée que de nos jours dans la mondialisation capitaliste.
 
La petite bourgeoisie intellectuelle qui a dirigée la lutte aspirait surtout au pouvoir d’état et s’est depuis les indépendances érigée en bourgeoisie bureaucratique valet de l’impérialisme par la gestion de l’Etat néocolonial, ce qui va la scindée fortement comme on le voit aujourd’hui en fraction libérale compradore et en fraction patriotique.
 
– Ce qui était un embryon de la bourgeoisie productive et/ou d’affaire s’est aussi relativement développée pour se scinder à l’épreuve des 40 ans d’ajustement structurel libéral en bourgeoisie compradore privée non productive mais commerçante de “l’import-import” appendice ou sous-traitante de l’impérialisme et très liée à la bourgeoisie d’état néocoloniale et en bourgeoisie nationale aspirant à une certaine souveraineté nationale, tendance que l’avènement progressif du multilatérale impulsé par la Chine socialiste et la Russie capitaliste va accélérer contre l’unilatéralisme de la Françafrique, de l’Eurafrique et de l’Usafrique.
 
Toutes ces classes sociales – la classe ouvrière, la paysannerie, l’intelligentsia, la fraction de la bourgeoisie nationaliste – ont un intérêt commun dans un projet de rupture avec la dépendance néocoloniale du pays et de l’Afrique.
 
Voilà pourquoi nous avons besoin d’un grand front sous la forme d’un parti national à l’instar du RDA qui les rassemble toutes pour prendre en charge unitairement la lutte de libération nationale anti-néocoloniale sans que cela n’empêche l’organisation autonome spécifique de chaque classe sociale.
 
Voilà pourquoi le communiste s’adresse à vous patriotes panafricains pour qu’ensemble nous forgions la force unitaire dont le peuple a besoin pour briser le carcan néocolonial pour commencer à sortir le pays du sous développement imposé par le colonialisme et le néocolonialisme. 
 
Diagne Fodé Roland
23/07/21

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