Bataille autour de couleurs ou quand le débat politique national se transforme en chamaillerie autour d’une gamme chromatique. Les graphistes sont invités à trancher le débat. Le logo fait l’objet de dispute ou de bouderie. Des querelles qui passent plus pour des caprices d’enfant gâté. Car lorsqu’un patron de presse, homme d’affaires, président d’un mouvement citoyen et autoproclamé membre de l’opposition hausse le ton, c’est le show assuré. Les médias s’en délectent; le public aussi. Le même qui avait déclaré que ceux dont la mère est bénie ne se verront pas servir du porridge de lait et de pain.
Le concepteur du logo de la coalition Yewi Askan wi a même dû se « justifier ». Abdou Karim Ndoye, pour le nommer, se lance dans une séance d’explication et relate l’historique d’une identité visuelle en vert et en magenta. Un choix de couleurs qui a semé le clash entre Bougane Guèye Dany et ses désormais ex-camarades d’une coalition dont il a été membre pendant quelques heures. De quoi convoquer une conférence de presse qui fait penser à un one-man-show justement. Devant une forêt de micros, l’ancien PDG de Joni-Joni se lance dans une diatribe où les attaques contre le leader du parti au pouvoir, certains membres de l’opposition dont principalement Ousmane Sonko, se font aussi virulentes qu’assassines. Chacun y prend pour son grade.
La Grande coalition Gueum sa Bopp, du nom du mouvement citoyen du même nom, affublée de l’adjectif Grande accolé à Coalition. Comme si nous en doutions, cette coalition est bien une « Grande » coalition et remplit la même fonction et le même effet voulu pour marquer son caractère superlatif de « plus grande coalition » que sa rivale « Yewwi Askan wi ». 12 partis politiques inconnus au bataillon. De quoi faire dire à Cheikh Yérim Seck qu’au-delà des couleurs d’un logo, la véritable raison du départ du patron de D-Média serait une bataille d’ego entre Bougane Guèye Dany et Ousmane Sonko. Le premier jalouserait le second pour son poids dans l’opposition et sa plus grande popularité auprès des Sénégalais.
Pendant que certains mettent en avant leur ego, d’autres ont eu le temps de se réunir et de s’entendre autour d’objectifs communs. Une autre coalition, qui n’a encore ni nom, ni logo, ni couleurs, a annoncé son arrivée sur la scène politique. Regroupant le Parti Démocratique sénégalais (PDS), Bokk Gis Gis, AJ/PADS, le Congrès de la Renaissance Démocratique avec notamment Taxaw Temm, ACT, Tekki, République des Valeurs, LD Debout…et la Coalition Jotna avec une dizaine de formations. Une coalition quelque peu contre nature, car d’anciens ennemis et farouches opposants semblent avoir fumé le calumet de la paix pour les besoins des prochaines échéances électorales. Privilégiant le logos (la raison chez certains Grecs antiques). Cependant, un décodage rapide fait penser que l’essentiel sera toujours ailleurs que dans les priorités des hommes politiques. Dans un pays de 16 millions d’habitants et un fichier électoral qui compte 6 millions d’inscrits, plus de 300 partis politiques vont se disputer le vote des électeurs. Se regrouper constitue dès lors une question de survie, surtout face à un adversaire aussi redoutable que la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Et revoilà Guy Marius Sagna et son retour à la case prison, suite à la manifestation tenue ce dimanche à Guédiawaye contre la hausse des denrées. Le leader du Mouvement FRAPP en est à son énième confrontation avec les forces de l’ordre et continue à nourrir son compteur à arrestations. Avec un peu de malchance, il pourrait y croiser certains membres du Mouvement Y en a Marre arrêtés également pour les besoins d’une enquête portant sur un trafic de passeports diplomatiques, Kilifeu et Simon, tandis que Thiat s’en sort (pour le moment ?).
Après la politique, c’est la littérature qui retient aussi l’attention dans le paysage médiatique national avec la nomination de notre talentueux compatriote Mouhamed Mbougar Sarr au Goncourt, pour son roman : « La plus secrète mémoire des hommes ». Le roman est aussi en lice pour d’autres Prix littéraires prestigieux comme le Renaudot, le Femina, le Médicis ou le Wepler. Coïncidence ? Revoici également Diary Sow qui arrive, annonçant la parution de son prochain roman : « Je pars ». Bien sûr inspiré de sa fugue ultra médiatisée en janvier 2020 etle récit romancé de ce chapitre de sa jeune vie tourmentée dont la parution en librairie est prévue le 4 novembre prochain. En attendant, vivement le 3 novembre, date où sera dévoilé le nom du lauréat du Goncourt 2021 que l’on espère aux couleurs nationales.